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L'article provient de TVA Sports
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Ken Dryden est décédé à la suite d’un combat contre le cancer

La légende du Canadien venait de célébrer son 78e anniversaire

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Photo portrait de Jonathan Bernier

Jonathan Bernier

2025-09-06T04:38:56Z
2025-09-06T13:01:33Z
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Il y a de ces nouvelles que l’on n’attend pas et dont on se passerait volontiers. L’annonce du décès de Ken Dryden par le Canadien, tard dans la soirée de vendredi, entre dans cette catégorie.

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Fidèle à lui-même, le gardien plus grand que nature s’est tenu loin des projecteurs jusqu’à son dernier souffle. Mis à part ses proches, personne n’était au courant que l’homme de 78 ans luttait contre un cancer depuis deux ans.

Même Serge Savard, l’un de ses plus fidèles compagnons d’armes, l’ignorait. La mort de l’ancien numéro 29 a donc pris tout le monde par surprise.

«Son épouse m’a appelé [vendredi] après-midi et m’a appris qu’il avait ce cancer-là depuis deux ans et qu’il savait depuis quelque temps que ses jours étaient comptés. Je suis estomaqué», a lancé l’ancien capitaine et ancien directeur général du Canadien.

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Que Dryden fasse les choses de manière différente n’a rien de nouveau. Avant même ses premiers pas dans la LNH, au printemps de 1971, il fut un pionnier à sa façon.

Il fut l’un des premiers à poursuivre des études universitaires tout en évoluant chez les professionnels. Diplômé de l’Université Cornell et étudiant en droit à l’Université McGill, il a même mis sa carrière sur pause, lors de la saison 1973-1974, pour passer son Barreau à Toronto.

Puisque sa carrière n’a duré qu’un peu plus de sept saisons, on peut se demander si, pour lui, le hockey n’était pas davantage un loisir qu’un travail. Son passage fut éphémère, ce qui ne l’a pas empêché d’être l’un des piliers de la dynastie montréalaise des années 1970, gagnante de six coupes Stanley, dont les quatre consécutives de 1976 à 1979.

Le défenseur du Canadien Jean-Claude Tremblay (no 3) et le gardien Ken Dryden.
Le défenseur du Canadien Jean-Claude Tremblay (no 3) et le gardien Ken Dryden. Photo d’archives, Le Journal de Montréal

Le légendaire homme masqué a prouvé sa domination en remportant cinq fois le trophée Vézina, remis au meilleur gardien de la LNH (1973, 1976, 1977, 1978 et 1979). Une collection venant s’ajouter au trophée Conn-Smythe, remporté en 1971, et au Calder, raflé en 1972.

D’ailleurs, il est le seul athlète de l’histoire de la LNH à avoir gravé son nom sur le prix remis au joueur le plus utile en séries éliminatoires avant d’en avoir fait autant sur celui récompensant la recrue de l’année.

Sur la scène internationale, il a été membre de l’équipe canadienne gagnante de la Série du siècle en septembre 1972, face à l’Union soviétique.

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«[Lors de la huitième rencontre, à Moscou], il nous avait gardés dans le match alors que nous étions revenus de l’arrière pour gagner la série», a rappelé Yvan Cournoyer, qui avait lui-même nivelé la marque lors de cet affrontement historique.

Une tête de plus que les autres

Dire de Dryden qu’il était le plus grand de tous n’est pas simplement une métaphore. Si, aujourd’hui, les gardiens de 6 pieds et 4 pouces sont devenus la norme dans la LNH, à l’époque, pareille stature faisait de l’Ontarien un spécimen rare. Bernard Parent, Tony Esposito et Rogatien Vachon, les autres gardiens vedettes des années 1970, n’atteignaient même pas la barre des 6 pieds.

Voilà ce qui l’a sans doute aidé à maintenir une moyenne de 2,24 et un taux d’efficacité de ,922. Des statistiques dont seul Parent a pu s’approcher parmi ses contemporains. Quoique la formation qui se trouvait devant lui n’était pas piquée des vers.

«Il était toujours là, il faisait les arrêts clés, a soutenu Yvon Lambert, coéquipier de Dryden pendant six saisons. Même si on perdait par deux buts après deux périodes, on était presque sûrs de gagner. Il était numéro un là-dedans, sa concentration était exemplaire.»

Serge Savard et Ken Dryden.
Serge Savard et Ken Dryden. Photo d’archives

Il n’est donc pas surprenant de voir le nom de Dryden apparaître au sommet de la liste des gardiens les plus victorieux de l’histoire du Canadien en séries éliminatoires (80).

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En saison régulière, il a enregistré 258 victoires, ce qui le place au quatrième rang de l’histoire du Tricolore derrière Carey Price (361), Jacques Plante (314) et Patrick Roy (289).

Tout ça, faut-il le rappeler, sur une période d’à peine plus de sept campagnes.

De la patinoire à l’arène politique

Véritable intellectuel du hockey, il a écrit The Game, un livre dans lequel il a documenté la saison 1978-1979 du Canadien, sa dernière, à la première personne. Encore aujourd’hui, plusieurs considèrent qu’il s’agit du meilleur ouvrage à avoir été écrit sur ce sport.

Ken Dryden serrant la main, lors de la Série du siècle, de son adversaire le gardien russe Vladislav Tretiak. Ce moment a été vécu lorsque le Canadien a retiré le numéro de son célèbre gardien le 29 janvier 2007.
Ken Dryden serrant la main, lors de la Série du siècle, de son adversaire le gardien russe Vladislav Tretiak. Ce moment a été vécu lorsque le Canadien a retiré le numéro de son célèbre gardien le 29 janvier 2007. Photo d’archives

Retraité au terme de la saison 1978-1979 et admis au Temple de la renommée du hockey en 1983, l’athlète à la pose iconique a vu son numéro 29 être hissé au plafond du Centre Bell le 29 janvier 2007.

Toutefois, il n’y a pas que sur la patinoire que Dryden a voulu faire une différence. Député du Parti libéral du Canada de 2004 à 2011, il a occupé, en 2004 et en 2005, le poste de ministre du Développement social dans le cabinet du premier ministre libéral Paul Martin.

Preuve que Dryden a transcendé son sport, il fut décoré, en 2012, de l’Ordre du Canada. C’est assurément ce qui explique que plusieurs personnalités de la sphère politique ont tenu à lui rendre hommage. À commencer par Mark Carney, l’actuel premier ministre du Canada.

«C’est grâce à Ken Dryden que je suis devenu gardien de but, même si je n’ai jamais réussi à maîtriser son talent pour s’appuyer sur son bâton, et encore moins pour empêcher la rondelle d’entrer dans le filet», a-t-il raconté.

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