Kamala Harris réussit sa rentrée: le plus difficile reste à faire


Luc Laliberté
Les dernières semaines ont constitué un véritable supplice pour les troupes démocrates. Joe Biden tardait à se rendre à l’évidence, le moral des troupes était au plus bas et les donateurs menaçaient de reprendre leurs billes.
Soudainement, la transition de Joe Biden à Kamala Harris pour l’élection présidentielle 2024 s’est effectuée dans une mise en scène presque trop parfaite pour être crédible. Un scénario bien ficelé qui ne laisse aucune place à la dissidence.
- Écoutez la chronique politique américaine avec le professeur Luc Laliberté via QUB :
L’effet Kamala
Si j’ai déjà affirmé que choisir la vice-présidente pour remplacer Joe Biden était la solution la plus pragmatique, je suis de ceux qui entretiennent des doutes sur sa candidature.
Pas que Mme Harris manque d’atouts, mais bien parce qu’elle peinait à se démarquer dans l’ombre de Joe Biden. Peut-elle établir un contact émotif avec les électeurs? Est-elle en mesure de soulever l’enthousiasme?
Force est d’admettre que pendant la dernière semaine, elle a impressionné bien des observateurs, moi le premier.
Non seulement elle a soulevé les foules et redonné espoirs aux troupes démocrates, mais elle l’a fait avec une énergie communicative. Elle donnait l’impression d’être libérée et d’embrasser le défi avec un plaisir évident.
Les plus récents sondages semblent confirmer ma perception. Le plus spectaculaire d’entre eux (New York Times/Sienna College) indique qu’elle a amélioré la cote démocrate de manière significative.
Alors que Joe Biden tirait de l’arrière par six points, la nouvelle candidate n’accuserait plus qu’un seul point de retard (48% pour Trump et 47% pour Harris). Une progression spectaculaire en quelques jours.
Le test de la constance
À peine une centaine de jours nous sépare de l’élection du 5 novembre. C’est à la fois très court et très long. Kamala Harris n’a pas le droit à l’erreur ou au relâchement. Réussir son entrée est sensationnel, mais elle l’a fait devant des foules partisanes.
Non seulement doit-elle dynamiser les électeurs et les mobiliser, elle doit se démarquer dans les États pivots pour attirer les indécis, les indépendants et les républicains qui en ont soupé de Donald Trump.
Une fois l’effet de la nouveauté émoussé, elle sera plus souvent confrontée aux questions des journalistes et constamment attaquée par ses adversaires sur des questions comme la sécurité, la frontière sud, l’immigration ou l’appui des États-Unis à Israël.
Kamala Harris, tout comme Joe Biden, mise beaucoup sur le thème de la survie de la démocratie. Elle est convaincante lorsqu’elle le fait et elle ne se gêne pas pour affirmer qu’elle a déjà fait son pain et son beurre des confrontations avec des criminels de la trempe de son adversaire républicain.
L’ancienne procureure pourra encore bénéficier d’une période de grâce jusqu’à la convention démocrate, mais la vraie campagne va ensuite débuter.