Kaboul se dit prêt à aider Washington qui veut expulser des milliers d'Afghans
AFP
Le gouvernement taliban s'est dit prêt mardi à «dialoguer» avec l'administration Trump sur le rapatriement de réfugiés afghans dont le statut de protection temporaire aux États-Unis doit être révoqué en juillet, malgré les craintes d'ONG.
Arguant de «l'amélioration» de la situation et de l'économie en Afghanistan, Washington a annoncé lundi la révocation du statut de protection temporaire (TPS) de milliers de réfugiés afghans, qui pourraient être expulsés à partir du 12 juillet.
La diplomatie afghane a salué «une mesure positive et une reconnaissance des réalités existantes, soulignant les progrès de l'Afghanistan sur le plan sécuritaire et économique».
Kaboul «est prêt à engager un dialogue constructif avec les États-Unis et d'autres pays sur le rapatriement d'Afghans qui ne répondent plus aux critères pour rester dans les pays hôtes», a indiqué sur X Abdul Qahar Balkhi, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Le gouvernement taliban, qui met volontiers en avant la baisse des incidents de sécurité pour se rapprocher de la communauté internationale qui ne le reconnaît pas, avait déjà assuré que ceux qui avaient quitté le pays, dans la foulée de leur retour au pouvoir en 2021, pouvaient rentrer et bénéficier d'une amnistie.
L'ONU a toutefois fait état de cas d'exécutions et de disparitions.
La révocation menace «plus de 11 000 Afghans, dont beaucoup ont soutenu les États-Unis pendant deux décennies de guerre et ont fui la persécution des talibans», a déploré lundi dans un communiqué Shawn VanDiver, un ancien militaire américain qui dirige l'ONG AfghanEvac.
«L'Afghanistan reste sous le contrôle des talibans. Il n'y a pas de système d'asile opérationnel. Il y a toujours des assassinats, des arrestations arbitraires et des violations des droits humains, en particulier contre les femmes et les minorités ethniques», a-t-il affirmé, rejetant les affirmations de Washington selon lesquelles rien n'empêche plus les Afghans «de retourner dans leur pays».
M. Balkhi a assuré que son pays était «la maison partagée de tous les Afghans et (que) tous bénéficient de la liberté de circulation».
Ceci survient alors que plus de 100 000 Afghans ont déjà regagné leur pays depuis que le Pakistan a lancé début avril une nouvelle campagne d'expulsion massive. Plus de 265 000 Afghans sans-papiers sont également rentrés depuis l'Iran voisin entre janvier et avril, d'après l'Organisation mondiale pour les migrations (OIM).
Tous regagnent un pays plongé depuis 2021 dans une crise économique majeure et qui subit la deuxième plus grave crise humanitaire au monde après le Soudan en guerre, selon l'ONU.