Justin Trudeau refuse de donner les pleins pouvoirs en matière d’immigration au Québec

Nicolas Lachance
C’est un «non» qu’a reçu le premier ministre du Québec François Legault lors de sa rencontre avec Justin Trudeau. Québec n’obtiendra pas les pleins pouvoirs en immigration et continue «d’étudier toutes ses options.»
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«Non, nous n'allons pas donner plus de pouvoirs en immigration», a confirmé le premier ministre du Canada à la suite de la rencontre demandée par François Legault.
Ainsi, rien n’est réglé entre Québec et le Canada en matière d’immigration.
- Écoutez l'édito de Yasmine Abdelfadel via QUB :
«Le Québec a déjà plus de pouvoir en immigration que n’importe quelle autre province, parce que c’est très important de protéger le français», a ajouté Justin Trudeau, soutenant que la rencontre avait été «constructive.»
Négociations
Déçu, François Legault a réitéré qu’il évaluait «toutes ses options», en refusant d’ouvrir son jeu publiquement.
«Le gouvernement du Québec examine actuellement toutes ses options pour réduire rapidement le nombre de demandeurs d’asile et de travailleurs temporaires. [...] Actuellement quand on voit qu’on est rendu à 528 000 demandeurs d’asile et immigrants temporaires au Québec, je pense que tout le monde va convenir que quand on parle de l’avenir du français, c’est menacé», a illustré François Legault. «Donc, c’est important pour la nation québécoise, les pleins pouvoirs», a-t-il dit, car il y a «une urgence d’agir.»
«Notre capacité d’accueil est dépassée. Il nous manque d’enseignants. Il nous manque d’infirmières. Il nous manque de logement et ça pose un véritable problème pour l’avenir du français au Québec», a fait valoir M. Legault.
L’accord en immigration entre le Canada et Québec peut à tout moment être rouvert. Or, François Legault signale que cet accord contient des avantages en matière d’immigration permanente. «On veut être certain que dans les négociations avec Ottawa, qu’on ne perd pas ces pouvoirs, donc qu’on ne recule pas», a-t-il dit.

De l’ouverture
Justin Trudeau a toutefois montré «de l’ouverture» pour de nombreuses demandes.
En ce qui a trait au remboursement de 1 milliard $ pour les frais liés à l’accueil de ces migrants que plaide Québec, un mandat sera confié aux équipes des deux premiers ministres afin de calculer les frais et trouver un terrain d’entente.
Il pourrait aussi y avoir une collaboration pour un resserrement des visas pour les étrangers qui viennent au Québec. L’accélération des traitements dans les dossiers des demandeurs d’asile sera aussi évaluée.
«Actuellement, on parle de 18 mois. J’ai demandé pour voir si c’était possible de réduire ça à six mois, parce qu’on a besoin évidemment de donner des services pendant cette longue période», a-t-il indiqué. «Monsieur Trudeau a montré aussi une ouverture pour que la connaissance du français devienne une exigence pour les travailleurs temporaires qui sont choisis par Ottawa.»
Les deux premiers ministres se retrouveront d’ici le 30 juin afin de faire le point.
Lors de la dernière campagne électorale, François Legault avait même menacé de tenir un référendum sectoriel afin de forcer Ottawa à confier au Québec l’ensemble des pouvoirs en immigration.
Il s’agissait d’une première rencontre en tête-à-tête entre les deux hommes depuis le mois de décembre 2022.
«Gênant»
Le chef du Parti Québécois a affirmé sur le réseau social X que ce refus est «gênant» pour le Québec. «Nous valons mieux que cette humiliation perpétuelle», a écrit Paul St-Pierre Plamondon.
«Ce “non” retentissant parle d’un rapport de force complètement absent. [...] Il doit nous dire maintenant quelles sont ses “options”.»
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