Trudeau annonce de nouvelles sanctions financières contre la Russie
Raphaël Pirro
Justin Trudeau a annoncé lundi une «première ronde» de nouvelles sanctions financières visant la classe politique russe, ainsi que deux banques soutenues par l’État russe, de concert avec plusieurs pays alliés membres de l’OTAN.
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M. Trudeau a aussi autorisé l’envoi de jusqu’à 460 militaires supplémentaires en Lettonie, où se trouve déjà une base militaire canadienne qui agit dans le cadre de l’opération REASSURANCE, sous l’égide de l’OTAN.
«Ces sanctions marquent une étape importante et ciblent les responsables des violations de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Elles vont rester en place jusqu’à ce que l’intégrité territoriale de l’Ukraine soit rétablie», a lancé Justin Trudeau.
Le premier ministre a réitéré que les manœuvres de la Russie contrevenaient à la loi internationale lors d’un point de presse en fin d’après-midi mardi.
Le président russe Vladimir Poutine a décidé la veille de reconnaitre deux régions russophones de l’Ukraine de l’est comme des états «indépendants», avant d’envoyer la directive à son armée de pénétrer sur le territoire pour y «rétablir la paix».
«Le discours prononcé hier par le président Poutine était inexact et contenait de la désinformation dangereuse», a dit M. Trudeau.
La ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly a déploré le «révisionnisme» de M. Poutine concernant l’histoire de l’Ukraine et dit avoir sollicité une rencontre avec l’ambassadeur russe au Canada.
«Nous savons que la Russie a constitué son trésor de guerre. Mais ces réserves ne dureront pas éternellement», a-t-elle déclaré.
Selon Mme Joly, «nous sommes au moment le plus dangereux pour la stabilité du monde depuis une génération».
Depuis le début de l’année, le Canada a envoyé l’équivalent de 7,8 millions $ en armes ainsi que de l’équipement non létal. À cela s’ajoutent deux prêts totalisant 620 millions $ à l’Ukraine pour assurer sa solvabilité pendant la crise.
«L'histoire nous a montré que nous ne pouvons pas rester les bras croisés lorsqu'une grande puissance tente de redessiner les frontières et de conquérir ses voisins. Et aujourd'hui est un test de notre détermination», selon la vice-première ministre Chrystia Freeland.
Le premier ministre du Québec François Legault a dit appuyer le fédéral «dans toutes les sanctions qu’on peut mettre en place contre la Russie».
«On me dit qu’il y a 40 000 Québécois qui sont originaires d’Ukraine. Mes pensées sont avec eux. C’est terrible en 2022 de penser de penser qu’on pourrait avoir une guerre dans les prochains jours», a-t-il déclaré.
«L’invasion a commencé», juge la ministre Joly
La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, estime que la Russie a, de facto, déjà entamé son invasion de l’Ukraine en reconnaissant l’indépendance des régions indépendantistes de Donetsk et du Lougansk.
«Pour nous, l’invasion a commencé. Sur cette base-là, les sanctions économiques ont été imposées aujourd’hui. Si la Russie décide de continuer son invasion, les sanctions vont augmenter», a fait valoir Mme Joly en entrevue à l’émission «Le Bilan» à LCN, mardi soir.
«Je pense que la menace est réelle et qu’elle est imminente. [...] C’est la plus grande menace à la stabilité mondiale, je dirais, depuis la Seconde Guerre mondiale», a poursuivi la ministre.
Aux yeux de Mme Joly, l’imposition de sanctions économiques visant à nuire aux affaires des parlementaires russes par le Canada et ses alliés pourrait amener le président russe Vladimir Poutine à réfléchir avant de poursuivre son invasion en Ukraine, voir vers d’autres pays d’Europe de l’Est.
«Le but, c’est qu’on continue la diplomatie, mais aussi que les sanctions économiques soient tellement fortes que ça affecte directement le régime russe, éventuellement les oligarques et tout le système financier russe», a exposé la politicienne.
En plus des sanctions, le Canada a annoncé d’envoie de centaines de militaires supplémentaires en Lettonie, un pays balte membre de l’OTAN. Par contre, il ne s’agit pas d’une mission de combat, a-t-elle tenu à préciser.
«Le but, c’est d’empêcher une guerre. La voie diplomatique est encore ouverte, mais je vous dirais que la fenêtre d’opportunité pour une résolution diplomatique se referme et c’est pas à cause du Canada, c’est pas à cause des Américains, c’est pas à cause non plus de l’Union européenne, c’est vraiment parce que le président Poutine est dans cet état d’esprit qui est extrêmement préoccupant», a affirmé Mme Joly, qui juge que M. Poutine se cherche seulement un prétexte pour pouvoir passer à l’offensive.