Jusqu’où François Legault poussera la catastrophe?


Mathieu Bock-Côté
J’ai écouté, comme plusieurs, l’entretien que François Legault a accordé à Stéphan Bureau, et je me suis posé, au terme de l’exercice, une seule question: jusqu’où notre premier ministre poussera-t-il la catastrophe?
Par catastrophe, je parle de l’autodestruction de sa crédibilité politique, qui a de graves conséquences sur le Québec.
Inconséquence
Premier exemple: François Legault considère que le Québec est mûr pour accepter le passage sur son territoire de l’oléoduc au service du pétrole albertain. Il pourrait donc l’accepter.
Je laisse de côté le charabia sur l’acceptabilité sociale pour poser une question simple: qu’obtiendra François Legault en échange de ce consentement?
C’est l’occasion historique, pour l’autonomiste qu’il prétend être, d’obtenir de nouveaux pouvoirs pour le Québec, notamment en matière d’immigration (mais pas seulement), un sujet vital s’il en est un pour le premier ministre.
Mais l’est-il vraiment?
Car si François Legault dénonce l’immigrationnisme maladif d’Ottawa, c’est pourtant sous son gouvernement que nous avons connu le délire de l’immigration temporaire, qui n’a pour l’instant de temporaire que le nom.
François Legault s’est laissé bluffer par la rhétorique patronale sur la «pénurie de main-d’œuvre» et a commis des dommages peut-être irréparables à notre société.
François Legault est anti-immigrationniste en paroles, et immigrationniste dans la pratique.
Dernier exemple, le pire. Legault nous explique qu’il aimerait négocier directement avec Donald Trump un deal centré sur l’aluminium québécois, et plus largement, on le comprend, sur la relation commerciale Québec–États-Unis.
Autrement dit, il considère que le Québec gérerait mieux ses relations étrangères, et surtout sa relation avec l’empire au sud de nos frontières, s’il les gérait seul. Très bien, monsieur le premier ministre. Vous avez raison.
Sérieux
On appelle ça l’indépendance du Québec. C’est une excellente idée, d’ailleurs, vous y avez adhéré pour l’essentiel de votre vie.
Mais cette indépendance, vous vous y opposez, désormais. Vous la combattez.
Pardonnez-nous de ne plus vous prendre au sérieux.