Julie Doucet écrit une page d’histoire au Festival d’Angoulème


Yves Leclerc
La bédéiste Julie Doucet vient d’écrire une page d’histoire. Elle devient la première Canadienne et la quatrième femme à remporter le Grand Prix de la ville d’Angoulême depuis la création de ce prix en 1974.
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Ce prix, remis lors du Festival de la bande dessinée d’Angoulême, est décerné à un auteur ou une autrice pour l’ensemble de son œuvre. Il est considéré comme la récompense ultime dans le monde de la BD.
Les bédéistes françaises Pénélope Bagieu et Catherine Meurisse étaient en nomination pour ce prix. Le vote a réuni 1820 auteurs et autrices de bande dessinée.
« J’ai beaucoup de mal à y croire. Je suis assez bouleversée. Tout ça, c’est parti de presque rien, un petit fanzine dans les années 1980 avec un titre pas très net. Et me voici à Angoulême, j’ai gagné le prix le plus important de l’industrie de la bande dessinée », a-t-elle déclaré à l’Agence France-Presse, sur la scène du Théâtre national à Angoulême.
La Québécoise de 56 ans, qui a fait sa marque avec son fanzine Dirty Plotte, succède à l’Américain Chris Ware qui avait remporté cet honneur l’an dernier.
Claire Bretécher, Florence Cestac et Rumiko Takahashi sont les seules femmes à avoir reçu le Grand Prix de la ville d’Angoulême depuis sa création.
Les Franquin, Moebius, Fred, Jean-Claude Mézières, Enki Bilal, Gotlib, Morris, Uderzo, Georges Wolinski ont remporté cet honneur par le passé.
Sa carrière
Figure marquante de la bande dessinée « underground », Julie Doucet a fait sa marque, à la fin des années 1980, avec la publication de son fanzine Dirty Plotte lancé sous forme de photocopies.
« Je sortais des Beaux-Arts, où j’avais rencontré des gens qui faisaient des bandes dessinées. Le format me plaisait beaucoup parce qu’il était instantané. J’aimais l’idée qu’on puisse faire une BD, la photocopier, plier, brocher, puis la distribuer tout de suite », a ajouté Julie Doucet.
La série où elle raconte sa vie quotidienne, ses rêves, ses angoisses et autres sujets livrés sans pudeur, en anglais et en français, a fait son chemin pour être ensuite publiée par Drawn and Quarterly.
« C’étaient des histoires où je parlais de moi-même, de mes angoisses, de mes interrogations. Un dévidoir... Une thérapie en même temps », a-t-elle fait remarquer.
Une anthologie de 400 pages, intitulée Maxiplotte, qui réunit son travail réalisé entre 1987 et 1999, a été publiée chez l’éditeur parisien L’Association.
Julie Doucet a quitté la bande dessinée en 1999 afin de poursuivre sa carrière en art imprimé.
Elle doit publier, le 19 avril, Time Zone J, une fresque dessinée, où elle revisite sa liaison tumultueuse avec un soldat français en 1989.