Journey au Centre Vidéotron: les années 80 à fond


Yves Leclerc
Ça sentait fort et très fort les années 80 au Centre Vidéotron. Avec, en vedette, Journey et Toto, deux groupes de la Californie qui ont connu leurs heures de gloire à cette joyeuse époque.
Et c’est les chansons de cette époque, dans les deux cas, qui étaient en vedette.
Pour leur deuxième visite dans la Vieille Capitale, après celle, explosive, qui eut lieu sur les Plaines en juillet 2014, Journey n’a pas lésiné sur les succès des années 80 avec Any Way You Want It, Don’t Stop Believin’, Who’s Crying Now, Open Arms, Faithfully et Separate Ways (Worlds Apart).
C’est bien pour dire, les plus récentes, interprétées par la formation dans un Centre Vidéotron presque rempli, remontaient à l’opus Raised on Radio lancé en 1986.
Tout en denim, le chanteur Arnel Pineda a lancé la soirée par un «Hello Québec, bonjour» et la pièce Only the Young. Il se promène en avant-scène et salue la foule.

Le Philippin, qui ne fait pas du tout ses 55 ans, s’est donné à fond. On a senti sa voix un peu éraillée à certains moments, surtout durant Stone in Love, deuxième titre de la soirée. Ça s’est heureusement replacé par la suite.
La foule s’est ensuite levée d’un bloc pour l’hymne Don’t Stop Believin’. À partir de ce moment, c’était dans la poche. S’il y a un seul petit reproche que l’on peut faire à Journey, ce sont les nombreuses balades. Il y en a eu pas mal, mais bon, les gens, debout, n’ont pas eu de problème avec ça et ils ont chanté à pleins poumons Open Arms. Quoi dire de plus?
Heureusement que Pineda, qui réussit à faire oublier Steve Perry, et le guitariste Neal Schon, avec sa présence et ses solos, sont là. Les autres musiciens sont plus en retrait. À la fin de la prestation, on a vu le guitariste-claviériste Jonathan Cain avec un chandail des Remparts.
Le membre fondateur Neil Schon a inclus quelques lignes de Parle plus bas, du film Le Parrain, dans son deuxième solo de guitare.
Le claviériste Jason Derlatka a surpris vocalement par une énorme version de Girl Can’t Help It. Impressionnant!
Journey, qui fête ses 50 ans, a fait ses seuls véritables clins d’œil à son passé avec la superbe Lights, hommage à San Francisco, avec des images du Golden Gate et de leur ville d’origine, et Wheels in the Sky, de leur quatrième opus, Infinity. On aurait bien aimé entendre le doublé Feeling That Way et Anytime, même si Gregg Rolie n’est plus avec le groupe, et quelques vieux titres. Il aurait certainement été possible de couper un peu dans les solos et d'étirer un peu moins certaines chansons.
Sous une pluie de confettis, Journey a mis un terme à sa prestation avec Any Way You Want It. Et comme la presque totalité des spectacles de cette portion de la tournée Freedom, il n’y a pas eu de rappel. C’est comme ça.
La formation a joué trois titres de moins que lors de sa visite à Montréal. Escape, Mother, Father et Let it Rain n’étaient pas au programme.
Au-delà des conflits au sein du groupe et de controverses, le groupe, solide, livre la marchandise. Les chansons sont fortes, le chanteur est excellent et la recette fonctionne merveilleusement. Un bon show. Moins survolté que lors de leur visite sur les Plaines.
Toto
Souvent regardé de haut, en raison des succès Rosanna et Africa, le groupe Toto a livré une très bonne performance en première partie.
C’était la première fois que la formation californienne effectuait un arrêt à Québec depuis leur fondation en 1978.
Tout comme Journey, Toto a connu sa plus grande période au début des années 80 avec l’album Toto IV, sur lequel on retrouvait Rosanna et Africa. Journey faisait de même, de leur côté, avec les opus Escape et Frontiers, lancés en 1981 et en 1983.
Petit potin: en décembre dernier, Trevor Lukather, le fils du guitariste de Toto, unissait sa destinée à Madison Cain, fille de Jonathan Cain de Journey.
Dirigée par le guitariste-chanteur Steve Lukather, Toto n’a pas mis de temps à lancer ses as sur la table, avec Hold the Line, deuxième titre de leur prestation. La foule a explosé dès les premières notes de piano saccadées.
Au-delà des hits archiconnus, Toto, c’est aussi un groupe solide musicalement, comme les six musiciens l’ont démontré avec White Sister, Georgy Porgy, I’ll Supply the Love et Home of the Brave Vox, rempli d’envolées de claviers.
Lukather, 65 ans, et sa bande ont livré, à travers une bonne qualité sonore, une reprise réussie de With a Little Help From My Friends, des Beatles, avec l’apport des voix de cinq des six musiciens.