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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Jouer à la cachette avec Mark Carney

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Photo portrait de Philippe Léger

Philippe Léger

2025-04-12T04:00:00Z
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«Couvrez ce Carney que je ne saurais voir», dirait Molière à propos de la campagne de Mark Carney jusqu’à présent.

Depuis son arrivée en politique, les électeurs font preuve d’une indulgence sans bornes envers le chef libéral.

On lui pardonne tout avec cette question: oui, c’est vrai, mais Trump?

Ils excusent ses lacunes (exemple: son charisme), mettent de côté ses fautes (exemple: l’utilisation des paradis fiscaux), rangent au placard leurs convictions (exemple: son intérêt pour le Québec) et baissent leurs exigences (exemple: divulguer ses avoirs).

On décrit cette campagne comme anormale. C’est incontestable: les exigences démocratiquement saines imposées à un candidat en campagne électorale ne comptent plus.

On lui donne le bon Dieu sans confession. Peut-être un acte de Dieu pour M. Carney, ce catholique pratiquant?

Pause

Mark Carney est vraisemblablement un mauvais meneur de troupes en campagne électorale.

Les stratèges libéraux ont trouvé une solution: faire campagne... au minimum.

Ce vendredi, pour une troisième fois, Mark Carney mettait sur pause sa campagne électorale pour jouer au premier ministre.

Pièce justificative? Les tarifs. Quels tarifs? Ceux entre les États-Unis et la Chine. Le Canada là-dedans? On ne sait trop.

Carney n’avait rien à annoncer, mais cela lui permet de lui donner une hauteur.

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La place de Mark Carney devrait être en campagne électorale. Au même titre que les autres chefs de parti. Par souci d’égalité.

Ça pose un problème démocratique.

Comme dans le cas des paradis fiscaux, ce n’est certes pas illégal, mais cet évitement démocratique est moralement questionnable.

À moins de circonstances urgentes, le premier ministre sortant, comme tous les autres candidats, ne devrait pas utiliser son siège de PM comme argument de campagne.

C’est un dangereux précédent que Carney établit.

Cadeaux

Autre précédent malaisant? L’équipe libérale a annoncé une remise en argent – de 220$ à 456$ tout dépendant de la province – dans le compte de 13 millions de Canadiens le 22 avril, six jours avant l’élection.

Cette remise provenait habituellement de la taxe carbone, qui redistribuait, à l’avance, ce qui était perçu par cette mesure.

Mais la taxe carbone est abolie depuis le 1er avril.

Cette somme est donc strictement une aide gouvernementale, qui ne sera pas perçue.

Il s’agit seulement d’un envoi de 3,7 G$ à certains Canadiens. Sans objectif en termes de politique publique. Dans un contexte économique incertain et où l’inflation commence à être matée. Alors que Carney promet un endettement moindre du fédéral.

Ah, et le Québec est exclu de cette remise, car la taxe carbone n’était pas perçue ici. Les Québécois paieront donc pour de l’argent envoyé partout au pays sans rien recevoir.

Appelons-le, dans ce cas-ci, Mark Cynique.

Transparence

Un autre malaise commence à émerger: dans quel pays M. Carney a-t-il payé ses impôts dans les dernières années? Ni Carney ni son équipe ne répondent clairement à cette question.

Ce n’est pas du voyeurisme.

C’est une question hautement légitime pour un premier ministre souhaitant être réélu, possédant trois passeports et ayant créé des fonds d’actifs dans des paradis fiscaux aux îles Caïmans et aux Bermudes. M. Carney aime mieux jouer à la cachette qu’être transparent.

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