Joshua Roy méconnaissable: «Le plus en forme de toute ma vie»

Nicolas Cloutier
Dès que l’on aperçoit Joshua Roy à l’entrée du gymnase, le changement est manifeste: son visage apparaît plus svelte, sa silhouette plus élancée.
Nos soupçons s’avèrent: le jeune homme, qui est passé de quasi établi à négligé depuis le dernier camp d’entraînement des Canadiens de Montréal, a perdu une quinzaine de livres. Et il s'assure de mentionner que «l’été n’est pas terminé».
«C’est le plus en forme que j’ai été de toute ma vie», lance Roy devant la lentille de TVA Sports. On a été à même de le constater en le suivant durant une séance d’entraînement plutôt spartiate.
Écarté de toute formation projetée des Canadiens que vous pouvez trouver en prévision de 2025-2026, Roy a tout mis en œuvre pour brouiller les cartes et prouver à l’organisation qu’il n’est plus le même joueur, celui qui ne parvenait pas à s’établir dans la LNH en raison d’une cadence de jeu un brin trop lente. Défaut qui le mine depuis des années.
«Je vais être beaucoup plus rapide, promet-il. Je le sens chaque fois que j’embarque sur la glace. Je suis plus lean, plus vite. Ça va changer ma game.»
Roy n’a plus le choix. «C’est ma dernière année de contrat. Probablement l’année la plus importante pour moi. Ma saison [2025-2026], elle a commencé au début de l’été.»
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S'entraîner avec les animaux
Sous l’œil attentif du réputé John Chaimberg, entraîneur reconnu pour son travail auprès de Georges St-Pierre et de Kristopher Letang, pour ne nommer que ceux-là, le Beauceron a enchaîné les exercices à un rythme infernal, sans chigner, et en haletant à peine.
La casquette vissée sur la tête, il exécutait machinalement les consignes. Devant notre caméra, il a tenté de battre son record avec les poids libres au développé couché: 95 lb sur chaque main. L’entraîneur lui demandait trois répétitions. Roy en a donné cinq, et c’est tout son corps qui tremblait pour compléter la dernière.

«Je ne savais pas à quoi m’attendre avec Josh, admet Chaimberg. J’avais entendu des soi-disant rumeurs à son endroit selon lesquelles il n’était pas en forme et qu’il devait travailler sur certaines choses. Je lui ai donné un essai, et je n’étais pas certain de le prendre sous mon aile.
«Il faut que tu comprennes que les joueurs que j’entraîne, Letang, Bokondji Imama, Marshall Rifaï, ils sont avec moi depuis des lunes et ils ont une éthique de travail à toute épreuve. Si tu ne te défonces pas à côté de ces animaux, ça ne fonctionnera pas.»
Chaimberg a constaté rapidement que ces rumeurs n’étaient, justement, que des rumeurs.
«Josh a été le MVP de notre été», s’exclame cette sommité.
Progression inédite
Contrairement aux bobards, Roy s’entraînait déjà rigoureusement. Ce qui lui manquait, c’était un peu d’encadrement. Une petite impulsion pour lui faire comprendre jusqu'où il pouvait pousser la machine.
«Plusieurs atteignent un certain niveau au gym et plafonnent en restant dans leur zone de confort, explique Chaimberg. Dès le début, je savais que j’allais déstabiliser Josh. Je sais qu’il ne s’était jamais entraîné de façon aussi intense.»
«Ç’a cliqué dès le début avec lui, raconte Roy. C’est tough chaque fois. Chaque fois que je finis, je la trouve moins drôle. Mais c’est ça qui va payer.»

Il y avait beaucoup de travail à faire à l’amorce de cette collaboration. Mais Chaimberg découvrait un athlète à l’éthique de travail «incroyable», mot qu'il a maintes fois répété.
«Il était plus faible que plusieurs joueurs de la LNH que j’ai entraînés, concède-t-il. Pour pousser, avec ses épaules par exemple, il était incroyable, mais il était plus faible pour tous les mouvements qui lui demandaient de tirer.»
Ces mouvements sollicitent particulièrement les muscles dorsaux, primordiaux pour aider l’athlète à gagner en stabilité et maintenir une posture dynamique. «Les athlètes veulent souvent un gros torse pour l’esthétique, mais le dos et les jambes constituent les groupes musculaires les plus imposants du corps humain, note Chaimberg. Ils sont essentiels.»
Roy s’est présenté au gymnase cinq fois semaine – et ses visites auraient été plus régulières si Chaimberg n’était pas intervenu. Son progrès a été phénoménal.
«Franchement, je n’ai jamais vu une telle amélioration en un été», affirme celui qui a supervisé l’entraînement d’une multitude d’athlètes de pointe.

Au début de l’été, Roy, qui est passé de 204 à 190 livres, peinait à soulever son propre poids durant l’exercice des tractions, qui consiste à s’agripper à une barre et s’élever jusqu’à ce que son menton la dépasse.
«Il avait de la misère à en faire trois de suite, et ce n’était pas des bonnes tractions. Maintenant, il arrive à en faire en attachant 35 livres autour de sa taille. C’est considérable comme progrès», s’enthousiasme Chaimberg.

Il serait trop facile, voire paresseux, d’attribuer à Roy les préjugés usuels de fêtards qui collent à la peau des Beaucerons. Le principal intéressé peut sans doute compter sur les doigts de la main le nombre de fois où il a dérogé cet été à son régime alimentaire.
«Beaucoup de protéines, pas beaucoup de lipides, mentionne Roy. Vraiment limiter le plus possible les glucides. J’ai suivi de près les portions. Ça m’a beaucoup aidé dans ma perte de poids.»
Comme quoi il ne faut pas croire tout ce que l'on entend.
«Pour te dire à quel point j’ai été soufflé... tu sais, quand tu as une idée préconçue? Je ne l’avais jamais vu dans un gym, j’avais seulement entendu des ragots, se rappelle Chaimberg. Et puis il s’est pointé le bout du nez tous les jours, si bien que j’ai dû le forcer à prendre deux congés cet été.
«Il ne se plaint jamais. Il se surpasse dans chaque exercice que je lui donne. Ne dit jamais qu’il n’est pas capable de le faire. Ne demande jamais à baisser les charges. Je ne veux pas dire un robot, mais... honnêtement, je me demande si c’est parce que c’est la première année et qu'il a peur de moi (rires). Il ne réplique jamais, ne rouspète pas. Il fait juste visser sa casquette sur sa tête et travailler.»
Lors des réunions de fin de saison, les Canadiens ont répété à Roy ce qu’il a déjà entendu: «C’est vraiment d’avoir du "pace" [rythme de jeu]», relate le jeune attaquant.
Et ça passait par un gros été d’entraînement. Si sa compréhension du jeu très élevée est désormais doublée d’un bien meilleur coup de patin, il faudra surveiller Roy de près au prochain camp d’entraînement, même si la compétition sera féroce avec les Florian Xhekaj, Oliver Kapanen et Owen Beck.
«Je suis quelqu’un avec beaucoup d’offensive et c’est ce qu’ils veulent voir de moi», rappelle Roy.
«Je vais arriver prêt.»