Josélito Michaud: De récents ennuis de santé l'amènent à se prioriser
Michèle Lemieux
Josélito Michaud a connu des débuts de vie difficile. Une enfance ballotée d’une famille à une autre et une adoption qui a laissé des traces indélébiles dans sa vie d’adulte, ce qui l’a plongé dans un état d’hypervigilance permanente. Conséquemment, ce mode de survie a fini par affecter sa santé. À travers le temps et les thérapies, l’animateur a tout mis en œuvre pour faire la paix avec son passé. Dans Madame, est-ce que j’vais être choisi?, un récit lumineux, touchant, rempli d’espoir et utile, l’auteur propose — à travers des fragments de sa vie qu’il partage avec humilité — des pistes de réflexion qui témoignent de son parcours de guérison, passant du monde de l’enfance aux conséquences dans sa vie d’adulte. Itinéraire d’un survivant.
• À lire aussi: Josélito Michaud a sauvé la vie de sa mère «à plusieurs reprises» des mains de son père
• À lire aussi: Josélito Michaud crée l'émoi en partageant une photo de lui dans la vingtaine
• À lire aussi: Josélito Michaud livre un message bouleversant à Véronique Béliveau pour leurs 25 ans de mariage
Josélito, vous nous présentez Madame, est-ce que j’vais être choisi?, un récit autobiographique raconté en fragments. Diriez-vous aujourd’hui que cette question a déterminé la suite de votre vie?
Je ne l’avais pas vu ainsi avant de commencer à souffrir de problèmes de santé, il y a trois ans. Le livre a pris naissance à partir du moment où j’ai compris que je ne m’étais jamais choisi. Les médecins ne savaient pas ce que j’avais, mais quelques-uns m’ont demandé si je me mettais en priorité. En thérapie, j’ai compris que ce que je vivais venait de cette fameuse question. Cette phrase a dicté toute ma vie.
Quel est le diagnostic que vous avez reçu?
Pendant trois ans, ça a littéralement été de l’errance médicale. Je suis allé sept fois à l’hôpital en ambulance, mais on ne pouvait rien faire pour moi. Je les comprends, les résultats étaient normaux. J’ai pensé que j’étais fou, que c’était psychosomatique. Il faut dire que j’ai longtemps vécu en état d’hypervigilance. Trop longtemps, et ça a eu raison de mon système nerveux. Il y a quelques mois, un neurologue m’a dit ce que j’avais des troubles neurologiques fonctionnels (TNF). J’ai les symptômes de plusieurs maladies: parkinson, sclérose en plaques, maladie auto-immune, mais je ne les ai pas. Cette nouvelle m'a fait du bien, elle mettait un nom sur ce que je vivais et sur mes souffrances. J’ai arrêté de croire que c’était dans ma tête. Je souffrais tellement. La bonne nouvelle, c'est que je n'ai pas de lésions au cerveau et que c’est réversible. Mais je dois reprogrammer mon cerveau, lui donner les bonnes informations pour qu’il envoie les bons signaux à mon corps pour éviter de le dérégler. Ça m’oblige à avoir des traitements d’ergothérapie et de physiothérapie, pour redonner à mon corps l’assurance dont il a besoin. Il y a des déclencheurs émotifs, dont des souvenirs de mon enfance, qui viennent activer les mauvaises commandes à mon cerveau. En bref, l’anticipation est ma pire ennemie. Je dois faire confiance, lâcher prise. Je dois vraiment prendre soin de moi. Je suis sur la bonne voie. Mes symptômes sont intenses, violents et handicapants, mais je réussis de plus en plus à réduire leur durée. Fort heureusement, j’arrive à sentir la crise monter en moi, ce qui me donne un court laps de temps, quelques secondes, pour réagir afin d’éviter une chute ou un autre phénomène physique. Mais je suis vivant. J’honore ce privilège tous les jours.
Tu es un résilient et tu n’en es pas à ton premier combat.
Ma résilience m’aide, mais j’ai tellement fait preuve de résilience dans ma vie que je suis devenu un résistant. J’ai usé prématurément ma monture, comme disait mon ami, le psychanalyste Guy Corneau.
• À lire aussi: Josélito Michaud livre un message bouleversant à Véronique Béliveau pour leurs 25 ans de mariage
Pouvez-vous vivre normalement?
Cette situation ne m’empêche pas de travailler. Je suis plus allumé que jamais, mais mon corps exige des pauses régulières. Il est sans appel. Mon cerveau, lui, me demande de stopper l’agitation mentale, la surutilisation de mes neurones. Il veut du repos et des méditations.
Vous avez tenu à parler de votre état via les réseaux sociaux, pourquoi?
Parce que de plus en plus de gens m’avaient vu dans les cliniques, les hôpitaux, et m’écrivaient pour me demander ce que j’avais. Ils s’inquiétaient pour moi. Je voulais le dire moi-même. Ça n’a pas été facile à faire. Quand j’ai posté mon histoire sur Facebook, j’ai eu 1,6 million de vues et reçu 6000 messages de gens qui vivent la même chose que moi. Des gens m’arrêtent dans la rue pour m’en parler. Je ne peux rester sans rien faire. Je veux monter une communauté virtuelle où les gens pourront s’exprimer, échanger sur leurs conditions, mais surtout ventiler pour se sentir moins seuls dans leur combat. Il y a une seule clinique au CHUM qui traite le TNF, et je veux aussi qu’on en ouvre d’autres au Québec. C’est un objectif important. Il y a des gens qui se suicident parce qu’ils ne peuvent supporter les souffrances. Il faut faire quelque chose.
Les troubles neurologiques fonctionnels seraient-ils une conséquence de cette jeunesse dysfonctionnelle qui est la vôtre?
Oui, mais la vie, c’est un tout. Nous sommes le résultat de nos choix. En tant qu’adulte, notre responsabilité est de ne pas répéter les mêmes patterns. J’ai réussi à ne pas transmettre ce que j’ai vécu, mais pendant ce temps, j’ai oublié de prendre soin de moi. Je commence à peine à le faire.

• À lire aussi: Qu'est-ce que Josélito Michaud apporte à la carrière de Luc Langevin?
Les écueils de votre jeunesse semblent avoir été lourds pour l’enfant que vous étiez...
Oui, mais est-ce que je serais le même individu si je n’avais pas connu cette enfance? Je l’ignore. Compte tenu de ma forte personnalité, s’il avait fallu que je sois encouragé, louangé, quel genre d’individu serais-je devenu? Ma mère m’aimait beaucoup, mon frère et mes sœurs aussi, malgré les violences de mon père envers ma mère. J’ai des tantes du côté de ma mère que j’aime énormément et une grand-mère maternelle qui a été ma bouée de sauvetage. Ma grand-mère et mes tantes ont été extraordinaires. J’ai connu des bouffées de joie. Mais quand je revenais à la maison, je savais ce qui m’attendait. Je me suis bâti un monde imaginaire pour survivre. Il y a eu de beaux moments dans cette enfance, entrecoupés de violence, de colère, de comportements dysfonctionnels.
Votre attitude témoigne de vote côté rebelle.
Oui, j’ai un côté un peu contestataire, mais en douceur. J’ai toujours fait les choses à ma manière. Quand je me trompe, cependant, je suis le premier à le reconnaître. Personne ne m’a fait de cadeau dans la vie. Alors, pour toutes ces raisons, je remercie mon enfance, je l’embrasse.
Comment arrive-t-on à y survivre, à votre avis?
On se fait croire que ce n’est pas si grave. On vit dans le déni. On est pris avec des symptômes post-traumatiques, mais on fait tout pour se distraire, et on souffre en silence. Je suis un homme heureux. Je m’organisais pour être joyeux, mais à l’intérieur, je combattais mes angoisses. J’essayais d’oublier ce que j’avais vécu, mais c’était toujours pas très loin de moi. L’enfance est le socle de notre vie.
Vous est-il arrivé de goûter à la joie?
Oui, des milliers de fois, avec mes sœurs et mon frère. Mais mes sœurs sont parties de la maison assez tôt. Il y a eu des moments de joie entre les crises de mon père. Je les comptais. Il y avait des répits, mais la peur était permanente.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de rêver, alors que le contexte familial ne s’y prêtait pas?
Ma sœur Line. C’est elle qui m’a amené à me projeter dans le monde des vedettes. C’est ce qui m’a empêché de sombrer. Je me suis construit un monde en parallèle. J’ai rêvé de rencontrer des gens, entre autres une certaine Véronique Béliveau. Jusqu’à sa mort, ma sœur a vécu, à travers moi, son rêve par procuration. Et j’ai voulu que ma mère soit fière de son choix. Fière de moi.
Croyez-vous que votre mère avait abdiqué?
Ma mère était une femme formidable. Elle était une femme de son époque. Elle était mariée pour le meilleur et pour le pire.
Quand on est adulte, la tâche qui nous incombe, c’est de nous réparer. Qu’avez-vous fait pour y parvenir?
J’ai fait de la thérapie. Je pense que je réglais la blessure en surface, car lorsque les troubles neurologiques sont apparus, je n’ai eu d’autre choix que de tenter de comprendre ce qui m’arrivait. Jusqu’à l’âge de 57 ans, je n’ai fait que mettre des diachylons sur le bobo. Je ne me suis jamais apitoyé sur mon sort.
Et c’est à ce moment que l’idée d’écrire un livre vous est venue?
Oui. J’avais besoin de rendre hommage à ma mère en lui donnant la parole. Dans mon livre, je partage mon expérience de vie pour inciter les gens à se choisir, car le prix à payer en ne le faisant pas est trop élevé. Mon constat, c’est que je n’avais rien réussi, parce que je n’étais pas parvenu à l’essentiel: prendre soin de moi.
C’était pourtant incontournable pour vivre heureux...
Oui, il fallait que je m’occupe de José, entre autres pour m’occuper de mes enfants. Je pense que j’ai un peu sacrifié ma vie. En moi, il y avait la tristesse de ma mère, qui n'a jamais pu parler de ce qu'elle vivait. C'est effrayant, ce qu'elle a vécu, et c’est pour elle que j’ai écrit ce livre. J’ai essayé de mettre de la beauté dans la laideur. Je voulais qu’on voie l’amour que j’avais pour ma mère et pour ma sœur. Quant à mon père, je ne le haïssais pas; je voulais juste qu’il m’aime et qu’il cesse d’être violent. Ce qu'il a fait beaucoup plus tard, mais le mal était fait. Je n’ai jamais été proche de lui, même physiquement.
Josélito, malgré les blessures de votre enfance, vous avez réussi votre vie de couple. Il y a de quoi être fier...
Nous sommes ensemble depuis 31 ans, mariés depuis 25 ans, Véronique et moi. Nous avons traversé des tempêtes, mais nous avons toujours continué à nous aimer profondément et à nous respecter. C’est un privilège d’être aimé par Véronique Béliveau, et j’ai longtemps pensé que je ne méritais pas ce privilège. C’est quelqu’un d’exceptionnel. Véronique, c’est mon phare.
Qu’avez-vous au programme sur le plan professionnel?
Je vois à la destinée professionnelle de Luc Langevin et, sans jeu de mots, cela met un peu de magie dans ma vie. Luc est mon ami depuis des années. En juin 2024, il m’a offert de travailler avec lui. J’aime beaucoup ça. Mon balado Je ne voudrais pas être indiscret sera disponible en octobre prochain sur mes plateformes numériques. Je ne reviendrai plus à la télé, à moins que ce soit pour faire le train dans Charlevoix. Je donne aussi des conférences. J'en suis à une étape où je me déleste de plein de choses.
En terminant, si vous aviez un seul enseignement que la vie vous a appris et que vous voudriez partager, lequel choisiriez-vous?
Faites attention à vous. Prenez soin de vous. Choisissez-vous, vous pourrez mieux choisir les autres. Soyez reconnaissant.
Madame, est-ce que j’vais être choisi?
Josélito propose un tout nouveau livre, Madame, est-ce que j’vais être choisi?, un récit composé de fragments autobiographiques. L’auteur articule son œuvre autour de cette question qu’il a posée à l’âge de cinq ans à une dame d’une maison d’accueil. Une question qui marquera tout son parcours et la suite de sa vie. «À cette époque, j’étais loin de me douter que cette question allait être aussi fondamentale, qu’elle allait dicter ma vie et m’imposer ses conditions, à un point tel que j’ai décidé d’exercer un métier où je dois constamment être choisi», a-t-il expliqué au sujet de son œuvre. «J’ai compris un peu tard que le pouvoir de choisir laisserait sa marque sur mon existence. J’ai cet espoir chevillé au corps que nous pouvons tous nous choisir. Sinon, à quoi sert la vie?»
Pour vous procurer Madame, est-ce que j'vais être choisi:
