Jonquière-Médic menacée de fermeture
Jean Houle | TVA Nouvelles
Jonquière-Médic, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, joue sa survie en 2023 puisque l’organisme est fermé depuis trois semaines et au moins pour tout le mois de janvier, faute de médecins.
«Un an...S'il n'y a pas de changement d'ici un an, on ferme!» a affirmé la présidente du conseil d'administration, Louise Tremblay.
Lancé en 1982, Jonquière-Médic est un service à but non lucratif de soins médicaux à domicile, unique au Québec, qui dessert l'arrondissement.
Ses opérations avaient été chamboulées par la pandémie, mais après de longs mois d'incertitude, trois médecins ont repris la route à la mi-novembre.
Les obstacles ont toutefois conduit à une nouvelle fermeture il y a trois semaines, et au moins jusqu'à la fin du mois de janvier.
D'abord, l'organisme ne pouvait plus prendre d'appels, puisque les gens devaient s'adresser au CLSC ou au guichet d'accès pour la population sans médecin.
Ensuite, le ministère de la Santé a limité le champ d'intervention de Jonquière-Médic aux personnes à mobilité très réduite.
«Ce ne sont pas tous les gens qui savaient qu'ils devaient passer par le CLSC ou par le guichet», a indiqué la directrice générale de l'organisme, Jo-Ann Duperré. «Et c'est une infirmière au téléphone qui faisait le tri pour décider s'ils pouvaient recevoir leurs soins à domicile.»
«Un de nos médecins a passé une journée dans la voiture sans voir un seul patient», a-t-elle déploré. «Nous aurions pu voir des enfants, désengorger l'urgence de l'hôpital...»
Les ennuis financiers de Jonquière-Médic ont commencé en 2016, avec la réforme Barrette qui modifiait la rémunération des médecins. Désormais, ceux qui œuvraient pour Jonquière-Medic ne pouvaient plus remettre 15% de leur salaire à l'organisme.
«Nous avions 13 médecins en 2016...Mais depuis la réforme, nous puisons dans notre bas de laine, à raison de 100 000 dollars année», a précisé Mme Tremblay. «Notre bas de laine commence à être épuisé.»
Le nouveau député caquiste de Jonquière, Yannick Gagnon, est conscient de l'ampleur du défi. Il doit rencontrer Jonquière-Médic et des conseillers de l'arrondissement Jonquière mercredi de la semaine prochaine.
«Tout le monde a le même objectif : offrir des services de proximité à la population», a-t-il écrit dans une déclaration transmise par courriel. «Je vais continuer de collaborer étroitement avec l’organisme et de travailler à assurer sa pérennité.»
Pour Jo-Ann Duperré, le ministère de la Santé doit poser des gestes concrets s'il veut assurer la survie de l'organisme.
«Présentement, ce n'est pas le ministère qui nous ferme, mais si le ministère ne fait rien, on va fermer!» a-t-elle ajouté.