Joëlle Boutin pourrait être la première démissionnaire d’une longue liste de déçus


Yasmine Abdelfadel
La députée caquiste de Jean-Talon, Joëlle Boutin, a la réputation d’être une femme expérimentée, talentueuse et appréciée. Elle a une tête sur les épaules et semble, selon plusieurs, très compétente. Malheureusement pour elle, ces attributs ne lui ont tout de même pas permis d’accéder au Conseil des ministres.
Condamnée par le premier ministre à des responsabilités de second plan, voire des postes symboliques, Mme Boutin en avait probablement ras le pompon de faire partie d’une équipe qui la gardait comme remplaçante pendant que des collègues moins talentueux, moins compétents et plus polarisants faisaient partie du onze partant.
Et elle n’est pas la seule à vivre ces frustrations au sein des troupes caquistes. D’autres pourraient être inspirés par ce geste courageux. Youri Chassin, Céline Haytayan, Gilles Bélanger, Shirley Dorismond, Sylvain Lévesque, Samuel Poulin, Marie-Louise Tardif, etc. Ce sont tous des députés qui se voient, à tort pour certains et à raison pour d’autres, comme ministrables et qui jouent la carte de la patience en espérant que leur tour viendra bientôt.
La majorité d’entre eux risquent d’être déçus. L’étiquette de député d’arrière-ban est très difficile à faire décoller. On va toujours leur préférer de nouveaux venus, qu’on a convaincus en leur promettant des responsabilités intéressantes pour les faire sauter en politique. Prenons M. Chassin, M. Poulin, M. Lévesque et M. Bélanger: ils attendent leur tour depuis plusieurs années. Ils ont été loyaux et présents dès la première heure. Cela n’a pas empêché un Bernard Drainville, une Martine Biron, une Christine Fréchette et une France-Élaine Duranceau de les doubler sans n’avoir jamais eu à démontrer leur loyauté auparavant.
Au-delà du prestige inhérent aux responsabilités ministérielles, les députés veulent la reconnaissance de leurs compétences et de leurs talents. Ils veulent, et c’est humain, que leur chef les estime, les respecte et tienne à eux.
Lorsque celui-ci fait ses choix en formant le Conseil des ministres et qu’il les écarte, ils vivent une peine. Ils s’expliquent mal cette indifférence. Et ça, c’est sans compter l’ascenseur émotif qu’ils vivent sur une très courte période de temps. Ils gagnent des élections, la preuve d’une certaine popularité auprès de leurs électeurs; quand le PM parle d’eux durant la campagne électorale, ce sont des candidatures vedettes, des êtres si exceptionnels que la CAQ est honorée de pouvoir les accueillir... pour être rapidement oubliés par ce même premier ministre lorsqu’il cherche à s’entourer des meilleurs. Lorsque capitaine Legault choisit son équipe, non seulement ce ne sont pas les derniers à être appelés, ils ne sont même pas considérés.
Ça fait mal à l’ego (souvent démesuré) d’un politicien.