Joe Biden, un vieux président qui culbute


Richard Latendresse
Les Américains aiment les hyperboles, les superlatifs. Et ça date de toujours.
Dans les livres d’histoire, par exemple, on fait référence aux batailles de Lexington et Concord, qui ont déclenché la guerre d’indépendance en avril 1775 et conduit à la création des États-Unis, comme « The Shot Heard ‘Round the World », les coups de feu entendus à travers le monde. Ni plus ni moins.
Dans cet esprit, la chute, que dis-je, la débarque qu’a prise Joe Biden jeudi après-midi au Colorado, à la fin d’une cérémonie de remise de diplômes aux élèves de l’armée de l’air, devrait désormais être connue comme « l’écroulement vu – et revu, j’en suis sûr – à travers le monde ».
Écroulement, parce que non seulement l’homme s’est enfargé dans un sac de sable sur la scène, s’est affaissé, puis a peiné à se relever, nécessitant l’aide d’un officier militaire et de deux agents des services secrets, mais s’est écroulée aussi l’illusion qu’il reste solide comme un roc, capable d’assumer les responsabilités présidentielles pendant quatre années supplémentaires, en plus des 19 mois qu’il reste à ce mandat-ci.
DES DOUTES BIEN PARTAGÉS
Les Américains en doutaient déjà. Selon le sondage du Washington Post et d’ABC News le mois dernier, 68 % d’entre eux jugeaient qu’il était « trop vieux pour un autre mandat ». Son équipe s’est vite affairée hier à minimiser la gravité de la chute du président de 80 ans, mais l’image ébranle jusqu’à l’argument de base en faveur de sa réélection, qu’il est un homme d’expérience.
Je ne veux pas m’acharner sur un homme déjà au sol. Je ne fais que reprendre les propos du président démocrate en réponse à ceux qui, par le passé, se demandaient s’il était le candidat idéal : « Don’t compare me to the Almighty; compare me to the alternative. » (Ne me comparez pas à Dieu tout-puissant ; comparez-moi à l’alternative.)
Justement, l’alternative donne des frissons à bien des gens. Si Joe Biden s’obstine à vouloir représenter le Parti démocrate à la prochaine élection présidentielle, l’alternative sera soit Donald Trump et une volonté avouée de vengeance, soit Ron DeSantis qui, moins émotif et égocentrique, promet de méthodiquement tirer les États-Unis vers la droite.
SE LEVER... ET TENIR DEBOUT
La « culbute de Colorado Springs » devrait convaincre le Parti démocrate de préparer sa propre alternative. Dauphin naturel, Kamala Harris, la vice-présidente, inspire à peine l’électorat de gauche. Pete Buttigieg, le jeune secrétaire aux Transports ? Bof !
Gavin Newsom, le gouverneur de la Californie, et Gretchen Whitmer, la gouverneure du Michigan ?
Joueurs d’équipe, pas question de dire un mot contre Biden. Bernie Sanders ?
Il aura 83 ans à la prochaine élection ; il y a toujours une limite !
Bref, les démocrates devraient commencer à prier Dieu tout-puissant, parce qu’à ce rythme-là, l’alternative républicaine sera la dernière à tenir debout le soir de la présidentielle de novembre 2024.
Joe Biden, d’une culbute à l’autre
19 JUIN 2021 | Base aérienne d’Andrews, Maryland
Montant l’escalier menant à Air Force One, l’avion présidentiel, Joe Biden a trébuché une fois, deux fois, puis une troisième fois avant de s’arrêter, de nettoyer son pantalon, puis de terminer sa montée.
18 JUIN 2022 | Près de Rehoboth Beach, Delaware
À la fin d’une promenade à vélo avec son épouse, Joe Biden, freinant pour parler aux journalistes réunis, n’a pu garder son équilibre et est tombé sur le côté.
1er JUIN 2023 | Colorado Springs, Colorado

Se rendant à sa chaise après une remise de diplômes, Joe Biden a buté contre un sac de sable installé pour tenir en place le prompteur utilisé pour la lecture de son discours. Un officier et deux agents des services secrets ont dû l’aider à se relever.
Les plus vieux présidents de l’histoire américaine
JOE BIDEN | 80 ans
Élu à 78 ans, il aura 86 ans à la fin de son second mandat s’il est réélu.
DONALD TRUMP | 76 ans
Élu à 70 ans, il aurait 82 ans en janvier 2029 s’il gagne la prochaine élection présidentielle.
RONALD REAGAN
Élu à 69 ans, il était à quelques jours de ses 78 ans en quittant la Maison-Blanche.
WILLIAM HARRISON
Élu à 68 ans, il s’est enrhumé dans les jours qui ont suivi son assermentation et il est mort un mois plus tard.