Joe Biden? Oubliez ça!


Richard Latendresse
C’est une présidence qui faiblit sous nos yeux. Quand on en vient à échapper à la justice non pas tant parce qu’on n’a rien à se reprocher, mais parce qu’on va inspirer de la pitié à un éventuel jury, difficile de se dire rassuré que cet homme soit le commandant-en-chef de la première puissance mondiale.
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Joe Biden a apporté avec lui, après ses huit années à la vice-présidence, des documents confidentiels qu’il aurait dû remettre aux Archives nationales. Contrairement à Donald Trump, Biden n’avait ni secrets nucléaires ni plans d’attaque d’une puissance étrangère.
Il n’a pas cherché non plus à cacher aux enquêteurs les documents en sa possession ni à magouiller pour nuire au travail du procureur spécial. C’est lui-même qui le reconnaît dans son rapport de 388 pages qu’il a mis quinze mois à terminer.
Rien de compromettant, et pourtant, c’est un rapport dévastateur pour Joe Biden. On y trouve, confirmé par un observateur externe, ce que les Américains répètent sans cesse : Joe Biden est trop vieux pour rester à la présidence.

«CE N’EST PAS DE LEURS MAUDITES AFFAIRES»
Ce ne sont plus des trous de mémoire ou des oublis insignifiants d’inattention. Joe Biden était calmement – on peut le croire – interrogé par Robert Hur, le procureur spécial nommé pour enquêter sur sa gestion de documents issus de sa vice-présidence.
Le rapport rapporte que Biden avait oublié à quelle époque il avait été président ou encore, qu’il n’avait que de vagues souvenirs du débat pourtant si important sur le retrait des troupes américaines d’Afghanistan.
Pire encore pour Joe Biden, le procureur spécial écrit: «Il ne se souvenait pas, même à l’intérieur de plusieurs années, du moment de la mort de son fils, Beau.» Tard jeudi soir, lors d’un point de presse appelé à la hâte, le président de 81 ans, ému et offusqué, s’est attaqué au procureur spécial: « Comment a-t-il osé soulever cela?»
UNE MAISON-BLANCHE SUR LA DÉFENSIVE
Je me trouvais vendredi à trois rangées devant la porte-parole du président, Karine Jean-Pierre, pendant son briefing de presse quotidien. Pas tout à fait le jour pour soulever des tensions quelconques entre le Canada et les États-Unis ou un autre élément de l’actualité internationale; la secrétaire de presse a été bombardée de questions sur les conclusions du procureur spécial.
L’exaspération se lisait sur son visage. «Je connais le président depuis 2009... Regardez ce qu’il a accompli!... Il fait sans arrêt des blagues sur son âge.» Cette Maison-Blanche ne parvient plus à faire valoir les réalisations de l’administration Biden.
On ne fait plus que parer les coups qui s’enchaînent puisque Joe Biden multiplie les gaffes: Mitterrand plutôt que Macron, Kohl plutôt que Scholz et jeudi soir encore, alors même qu’il vomissait sur ce rapport qui questionnait sa mémoire, il a parlé du président du Mexique, en faisant référence à Abdel Fatah al-Sissi, le président... égyptien.
Le procureur spécial conclut son rapport en affirmant que la façon dont quelques documents de sa vice-présidence avaient été manipulés ne méritait pas des poursuites: «Un jury lui accorderait le bénéfice du doute, parce qu’il est un homme âgé, sympathique, bien intentionné et avec une mauvaise mémoire.»
De sondage en sondage, les Américains – même les démocrates – répètent qu’aussi chaleureux puisse être Joe Biden, il a fait son temps. Il ne devrait pas attendre qu’on ne vote plus pour lui que par pitié.