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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

États-Unis: Joe Biden joue le tout pour le tout pour faire passer une vaste réforme électorale

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Agence France-Presse

2022-01-11T20:10:51Z
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Le déplacement est symboliquement lourd et politiquement explosif: Joe Biden va promettre mardi en Géorgie de tout faire pour protéger l'exercice du droit de vote par les Afro-américains, menacé selon lui par les États conservateurs du sud du pays.

« C'est un moment crucial », a-t-il dit aux journalistes en quittant la Maison Blanche mardi, assurant que « l'histoire jugerait » les parlementaires américains.

Le président, fragilisé par une cote de confiance anémique, a décidé de jouer son va-tout politique. Après avoir longtemps hésité, il est désormais prêt à un passage en force au Sénat d'une vaste réforme électorale, bloquée jusqu'ici par les républicains, a fait savoir la Maison Blanche.

« Je ne céderai pas. Je ne tremblerai pas. Je défendrai votre droit à voter et notre démocratie contre les ennemis intérieurs et extérieur », va promettre le démocrate de 79 ans aux électeurs issus des minorités, qui sont censés pencher du côté démocrate, selon un extrait de son discours communiqué à l'avance.

Après le Capitole la semaine dernière, où il a livré un discours vibrant sur la démocratie, Joe Biden augmente encore la charge symbolique mardi.

C'est en se recueillant sur la tombe de Martin Luther King que le président va entamer sa visite à Atlanta, capitale de la Géorgie. Cet ancien État esclavagiste est emblématique des luttes passées contre la ségrégation raciale comme des déchirements de l'Amérique d'aujourd'hui.

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Martin Luther King  

Le démocrate, qui a bénéficié avant son élection du soutien décisif de figures de la communauté afro-américaine, leur a promis de parachever les combats de l'icône de la mobilisation non-violente.

Avec la vice-présidente Kamala Harris, Joe Biden visitera aussi l'église baptiste où a officié Martin Luther King, assassiné en 1968.

Son fils Martin Luther King III a déjà mis en garde Joe Biden contre des promesses creuses: « Nous sommes reconnaissants de le rencontrer » mais « sa visite ne doit pas être une simple formalité. »

Le président démocrate veut harmoniser pour l'ensemble du pays les conditions dans lesquelles votent les Américains, depuis l'inscription sur les registres électoraux jusqu'au décompte des voix, en passant par le vote par correspondance ou la vérification d'identité.

Autant de paramètres que plusieurs États conservateurs du Sud, dont la Géorgie, ont entrepris de modifier pour, disent-ils, augmenter la sécurité des opérations de vote.

Dans les faits, ces réformes compliquent l'accès aux urnes des Afro-américains tout en renforçant l'emprise des autorités locales, généralement conservatrices, sur les opérations de vote.

Les démocrates accusent les conservateurs de chercher à subvertir de futures élections, sous l'influence d'un Donald Trump toujours aussi tonitruant, qui clame contre toute évidence que la dernière présidentielle était truquée.

Dans un parfait dialogue de sourds, les républicains font à leurs adversaires le même reproche: « La tentative par Joe Biden et les démocrates de prendre le contrôle des élections est un coup de force flagrant destiné à fausser les règles du jeu », a critiqué dans un communiqué la présidente du parti, Ronna McDaniel.

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« Filibuster »  

Joe Biden veut que le Sénat adopte deux lois, le « John Lewis Voting Rights Advancement Act » et le « Freedom to vote Act », quitte à passer en force.

Le président, sénateur pendant plus de trente ans, répugnait jusqu'ici à rompre un usage aussi profondément ancré que difficile à comprendre hors des États-Unis: la « règle du filibuster ». Cet usage, censé encourager le consensus et la modération, veut que le Sénat rassemble une majorité renforcée (60 voix sur un total de 100, auquel s'ajoute la voix de la vice-présidente) pour mettre au vote la plupart des textes.

Mais Joe Biden, qui risque de perdre le contrôle du Congrès après des élections à l'automne, est désormais favorable à ce que les démocrates (51 voix au Sénat en prenant en compte celle de Kamala Harris, contre 50 pour les républicains) votent à la majorité simple.

Abandonner le seuil des 60 voix va faire hurler l'opposition conservatrice, mais aussi bousculer certains démocrates, attachés à cette « règle du filibuster ».

Or pour réussir la manoeuvre, le président doit rallier tous les sénateurs démocrates sans exceptions, y compris celui de la Virginie occidentale, Joe Manchin. Ce dernier, réticent à suivre la voie tracée par l'état-major de son parti sur les « voting rights », a déjà bloqué à lui tout seul d'immenses dépenses sociales chères à Joe Biden.

Le Sénat pourrait voter dès mercredi sur la réforme électorale de Biden  

Le Sénat américain pourrait se prononcer dès mercredi sur la vaste réforme électorale de Joe Biden, deux lois censées protéger l’accès au vote des minorités, a annoncé mardi son chef démocrate, Chuck Schumer.

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«J’ai l’intention de soumettre une nouvelle fois au débat un arsenal législatif visant à lutter contre les menaces pesant sur la démocratie et à protéger l’accès des citoyens au scrutin», a indiqué le leader démocrate Chuck Schumer. «Le Sénat va agir dès demain», a-t-il assuré.

Joe Biden fera la promotion de ces deux textes déjà adoptés à la Chambre des représentants, lors d’un déplacement en Géorgie mardi après-midi. 

L’opposition républicaine rejette ces lois, une tentative pour les démocrates de «prendre le contrôle des élections» aux États-Unis, selon les mots du leader des conservateurs au Sénat, Mitch McConnell.

Baptisée «Freedom to Vote Act», la première loi cherche à faciliter la façon dont on vote aux États-Unis en rendant le jour de l’élection férié et en élargissant le vote par correspondance.

Le texte autorise aussi un large éventail de documents pour pouvoir s’identifier au moment de voter, une mesure particulièrement critiquée par les républicains qui estiment qu’elle facilite la fraude.

En parallèle, la loi détricote des restrictions adoptées dans plusieurs Etats conservateurs depuis la défaite de Donald Trump à la présidentielle de 2020.

La loi s’attaque notamment à une mesure votée en Géorgie, où le président s’exprime mardi après-midi, qui empêche la distribution de boissons ou d’encas dans la file d’attente pour voter. Les ONG assurent que la règle adoptée en Géorgie en mars discrimine particulièrement les Afro-Américains, qui ont très largement voté pour Joe Biden à la dernière élection.

Les démocrates, assurant vouloir protéger le droit de vote des minorités coûte que coûte, souhaitent coupler ce texte à un autre, nommé en hommage à John Lewis, icône des droits civiques.

Cette seconde loi interdit l’adoption de toute règle ayant pour conséquence de limiter l’accès au vote d’un groupe minoritaire, même si la discrimination n’est pas écrite noir sur blanc ou intentionnelle.

Ces deux textes sont pour l’instant mort-nés au Sénat, où la majorité démocrate est bien trop étroite pour qu’ils y soient adoptés en l’état, à moins d’une réforme explosive des règles de la chambre haute, ce que Joe Biden devrait brandir comme menace.

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