Joe Biden dans un maelström d’émotions: de bouc émissaire à victime


Luc Laliberté
La vie de Joe Biden a été tout sauf un long fleuve tranquille.
L’ancien président américain étant à l’écart de la politique depuis qu’il a renoncé de manière spectaculaire à mener une campagne de réélection, on ne parle que de lui depuis quelques jours.
Bouc émissaire commode
Depuis la défaite de novembre 2024, les démocrates ne semblent plus avoir de stratégie.
Alors qu’on croyait qu’ils analyseraient les causes de leur revers, ils pointent maintenant tous dans la même direction: c’est la faute de Joe Biden.
David Plouffe, éminent stratège derrière la victoire d’Obama en 2008, a eu des mots très durs, accusant le président d’avoir foutu le bordel.
Même Pete Buttigieg, ancien secrétaire sous Biden et possible candidat à la présidence en 2028, a reproché à son ancien patron de s’être accroché trop longtemps.
Outre ces doigts accusateurs, Joe Biden doit également affronter le contenu accablant du livre Original Sin, qui démontre que ses proches et lui ont dissimulé la diminution de ses capacités physiques et cognitives.
Si vous ajoutez la diffusion d’un enregistrement de sa rencontre avec le conseiller spécial Robert Hur, discussion dont émane la confusion de Joe Biden, on a l’impression de s’acharner sur un homme qui est déjà au sol.
Comprenez-moi bien, Biden a commis des erreurs coûteuses qui entachent une carrière et une présidence globalement réussies.
Ce que je déplore, c’est l’acharnement ou, pour les deux auteurs de Original Sin, l’opportunisme.
Du côté des démocrates, s’ils ne peuvent faire mieux que blâmer Biden, ils se préparent pour d’autres défaites.
Une vie marquée par les épreuves
Une sombre nouvelle a relégué au second plan les critiques et les attaques. Malheureusement, il aura fallu l’annonce d’un cancer agressif de la prostate pour changer la donne.
On ne tire pas sur l’ambulance, dit-on, lorsqu’un adversaire, actuel ou ancien, est confronté à de graves problèmes de santé.
Dans le contexte actuel, marqué par les propos haineux et la violence verbale, j’ai trouvé un certain réconfort dans le fait que démocrates et républicains aient fait montre de compassion.
La vie de Joe Biden a été marquée par de rudes épreuves. S’il a d’abord surmonté un bégaiement pour se lancer en politique, il a très tôt perdu sa première épouse, Neilia, et leur fille, Naomi, dans un accident de voiture.
Plus tard, en 1988, il a survécu à deux anévrismes et le fait qu’il ait pu poursuivre sa marche vers le sommet force le respect.
À ces drames se sont ensuite ajoutés les problèmes de consommation de son fils Hunter et la mort, en 2015, de son autre fils, Beau, atteint d’un cancer du cerveau.
J’espère qu’on saura maintenant épargner à Joe Biden d’autres tourments et qu’on respectera sa vie privée.
Politiquement, il a déjà payé le prix fort de son entêtement et, au plan personnel, il a traversé plus que sa part de tempêtes.