Espionnage par drone: huit mois de prison avec sursis pour ce coach canadien aux Jeux olympiques

Jean-Nicolas Blanchet
PARIS | Joseph Lombardi, membre du personnel d’entraîneurs de l’équipe canadienne de soccer, a été condamné à huit mois de prison avec sursis mercredi par la justice française.
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Dans ce qui ressemble à un épisode de Lance et compte, Lombardi a reconnu avoir fait voler un drone au dessus du stade où s’entraînait l’équipe de la Nouvelle-Zélande, l’adversaire du Canada pour leur premier match jeudi à Saint-Etienne, dans le sud de la France.
Lombardi jouit pourtant d’une excellente réputation dans le monde du soccer au Canada, lui qui occupe des rôles importants d’analyste performance depuis plus de cinq ans avec les équipes nationales.

Il a donc reconnu ses torts et a été condamné à huit mois de prison qu’il pourra purger plus tard. Autrement dit, il n’aura pas à aller en prison, mais devra respecter des conditions, comme, notamment, ne plus refaire ça.
- Écoutez l'entrevue avec ancienne joueuse de soccer professionnelle via QUB :
La justice française lui a donc permis de retourner au Canada, comme le Comité olympique canadien l’avait souhaité, en annonçant plus tôt mercredi qu’il allait être renvoyé sur-le-champ au pays. L’entraîneuse adjointe, Jasmine Mander, a aussi été renvoyée au Canada dans la foulée de cette affaire.

Ça pourrait aller plus loin
Lombardi a donc été puni par la justice pour «survol de drone dans un espace interdit». Ça n’a pas de lien avec le volet sportif.
Pour cet aspect, ça brasse encore plus.
En plus de suspendre les deux entraîneurs, le Comité olympique canadien a présenté ses excuses à la Nouvelle-Zélande en plus d’annoncer que le personnel de Soccer Canada devra suivre une formation obligatoire en matière d’éthique.
La sélectionneuse de l’équipe, Bev Priestman, a décidé de se retirer pour le match de jeudi contre la Nouvelle-Zélande.
Mais le dossier n’est certainement pas classé.
- Écoutez le journaliste Jean-Nicolas Blanchet en direct de Paris :
Car le Comité international olympique a confirmé au Journal que le tout était sous enquête en évoquant la question de respect de l’esprit olympique.
La FIFA a aussi ouvert une enquête en vertu de son code disciplinaire qui s’applique dans le cadre des Jeux de Paris.
Finalement, Soccer Canada a lancé un examen indépendant.
Des sanctions plus lourdes pourraient donc s’ajouter.
Des excuses, et après ?
Il ne faudrait par exemple ne pas s’étonner si les Jeux de Priestman étaient terminés ou si le Canada devait perdre par forfait son premier match.
« Je veux avant tout m’excuser aux joueuses et au personnel de l’équipe de la Nouvelle-Zélande et aux joueuses de l’équipe canadienne. Ces actions ne représentent pas les valeurs que notre équipe défend [...] Je suis ultimement la responsable de la conduite au sein de notre programme. Par conséquent et pour mettre l’accent sur l’engagement de notre équipe en matière d’intégrité, j’ai décidé de me retirer volontairement de mon rôle pour le match de jeudi. Dans un esprit d’imputabilité, je prends cette décision dans l’intérêt des deux équipes et pour garantir que tout le monde sache que l’esprit sportif est maintenu pour ce match.»
Voilà les excuses que Priestman a lancées hier, mais qui risque d’être inutiles s’il s’avère qu’elle était responsable des agissements des autres membre de son équipe d’entraîneurs.
Officiellement, le Comité olympique canadien (COC) s’est pour sa part dit «bouleversé et déçu». Mais de façon plus officieuse, après quelques discussions, je vous confirme que c’était des mots beaucoup plus forts que «bouleversés» et «déçu» que j’ai entendus. On était plus dans le domaine des jurons, disons.
Ce qui est qualifié de «l’affaire du drone» maintenant à Paris vient enlever beaucoup de lumière aux athlètes canadiens.
C’est d’ailleurs l’opinion de l’ancienne joueur de soccer Sophie Drolet, qui a porté l’uniforme du Canada en 1996.
«Ça entache tout le Canada, tous sports confondus, quand une situation comme ça arrive [...] Ce n’est pas juste le soccer féminin qui en paie le prix...» a-t-elle exposé en entrevue à TVA Nouvelles.
De son côté, le comité olympique de la Nouvelle Zélande a porté plainte au comité international olympique. L’attaché de presse du comité n’a pas voulu répondre à nos questions.
L’ancien chef de mission et médaillé d’or canadien aux Olympiques, Jean-Luc Brassard, a été plutôt cinglant pour qualifier les agissements de Lombardi.
«On fait un grand cas des histoires de dopage en disant que c’est de la triche. Mais espionner de la sorte, c’est aussi de la triche», a-t-il affirmé.
«Ça culpabilise les joueuses canadiennes pour quelque chose qu’elles n’ont pas fait», a poursuivi l’ancien skieur acrobatique.
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