Jeux et loterie: le fisc peut-il prélever sa part?

Emmanuelle Gril
On rêve tous de gagner le gros lot à la loterie ou d’empocher des milliers de dollars au casino, mais le fisc pourrait-il prélever sa part du magot?
Bonne nouvelle! Les montants gagnés à la loterie ou au casino ne sont pas soumis à l’impôt, explique François Gagnon, expert en fiscalité et porte-parole de TurboImpôt. En effet, ces gains sont considérés par l’Agence du Revenu du Canada (ARC) comme un gain fortuit, c’est-à-dire une entrée d’argent inattendue. Vous n’êtes donc pas obligé de le déclarer aux autorités fiscales et vous n’aurez pas non plus à payer d’impôt sur cette somme
Il n’y a pas que les tirages de Loto-Québec qui sont concernés, cela touche aussi les loteries de façon générale, même celles organisées par un organisme de bienfaisance ou sportif par exemple, qui sont également des gains fortuits non imposables. Le même principe s’applique aux gains que vous auriez pu empocher au casino.
Des particularités
Mais attention : même si les autorités fiscales ne prennent pas leur part du gâteau au moment du gain, la situation change si vous placez ce que vous avez gagné, prévient François Gagnon. Les rendements – intérêts, dividendes – et gains en capital obtenus quand vous vendez vos placements seront soumis à l’impôt.
Pour ne pas avoir à en payer, une bonne idée serait de déposer vos gains dans un REER ou un CELI dont les rendements sont à l’abri de l’impôt. Si l’on a empoché quelques millions, cette stratégie n’est toutefois pas valable, car l’espace de cotisation ne sera pas suffisant. Dans ce cas, l’accompagnement d’un conseiller en services financiers aidera à réduire l’impact fiscal.
Il faut aussi savoir que les gains au casino ou à la loterie, ainsi que les intérêts qui en découlent, ne font pas partie du patrimoine familial. Cela signifie qu’en cas de séparation ou de divorce, ces montants n’auront pas à être partagés avec votre ex-conjoint dans le cadre du patrimoine familial.
Cadeaux gagnés au travail
Vous avez reçu ou gagné un prix au bureau, comme une somme d’argent ou en quasi-espèces (cartes prépayées Visa ou Mastercard, par exemple)? Sachez que les récompenses et cadeaux de votre employeur sont généralement imposables.
Considérés comme des avantages liés à l’emploi, ils devront être déclarés dans votre T4 (case 40).
Certaines cartes cadeaux n’entrent pas dans cette catégorie, notamment celles qui doivent être utilisées chez un marchand en particulier et qui ne peuvent être converties en argent.
Joueur professionnel : l’impôt vous a à l’œil
Si vous gagnez votre vie comme joueur professionnel (poker, tables de jeu au casino, etc.), l’ARC considère que vos gains sont des revenus d’entreprise et les imposera comme tels. Les joueurs professionnels doivent donc déclarer leurs gains, mais peuvent aussi déduire les dépenses reliées à leur entreprise (frais de déplacement, frais de représentation, etc.).
François Gagnon précise que si ces gains sont gagnés à l’étranger, dans le cadre de tournois internationaux par exemple, il faudra également les déclarer au Canada.
Un joueur professionnel pourrait-il déduire des pertes au jeu comme s’il s’agissait de pertes d’entreprise? Habituellement, l’ARC ne l’autorise pas.
Gains aux États-Unis : ça se complique
Si vous avez récemment fait un voyage à Las Vegas et gagné une belle somme au casino, sachez que vous êtes dès lors soumis à la fiscalité américaine, même si vous n’avez pas la citoyenneté américaine. Il en va de même pour les lots gagnés à la loterie.
Car aux États-Unis, ces types de gains sont imposables, vous devrez donc produire une déclaration de revenus chez nos voisins du sud si vous remportez un prix à la loterie.
Quant aux montants gagnés au casino, ils feront l’objet d’une retenue à la source, et l’établissement de jeu ne vous versera que la portion après impôt.
«Cela dépend des États, mais le fisc prélèvera au moins 25 % du gain. Une fois de retour au Canada, le montant restant sera toutefois défiscalisé», mentionne François Gagnon.