Jeune proprio de «mauvaise foi»: coupable à 24 ans pour l'expulsion d'une mère monoparentale
Une juge a vu clair dans le petit jeu de cette propriétaire de 24 ans qui se vante de ses rénos sur les réseaux sociaux

Francis Pilon
Une propriétaire de 24 ans, qui expose allègrement ses rénovations et ses avoirs immobiliers sur les réseaux sociaux, a été reconnue coupable d’avoir expulsé de «mauvaise foi» une mère monoparentale de son logement à Mascouche.
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«J’espère juste que le jugement va lui donner une leçon et qu’elle ne fera plus jamais ça à un autre locataire. Ç’a été vraiment éprouvant, stressant et difficile à vivre», confie au Journal Marie-Élaine Boucher.

Cette mère monoparentale d'une fille de 12 ans a reçu en décembre 2020 un avis de reprise de logement envoyé par son ancienne propriétaire, Marianne Corbeil D'amours. Cette infirmière de formation a prétendu, à l’époque, qu’elle reprenait son unité à Mascouche pour y vivre.
«La propriétaire explique qu’elle n’a finalement pas déménagé au rez-de-chaussée parce qu’elle et son conjoint se sont séparés, alors qu’ils devaient déménager ensemble», écrit la juge Lucie Béliveau, dans sa décision rendue le mois dernier au Tribunal administratif du logement (TAL).
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Pas crédible, selon la juge
Marie-Élaine Boucher a d’abord confié à la Cour que sa sœur a vu, en juin 2021, de nouveaux locataires déménager dans son ancien appartement sur la rue Croissant des Geais-Bleus. Dans les semaines précédentes, Marianne Corbeil D'amours a d’ailleurs rénové l’unité au cœur de ce litige.
«Deuxième appartement rénové par moi-même et mon coffre à outils», écrit la jeune femme sur son compte Instagram le 21 juin 2021, en exposant des photos de ses travaux.

«Sans ma sœur, je ne l’aurais jamais su», soupire au téléphone la mère de 47 ans. En août 2021, elle a donc envoyé une mise en demeure à Marianne Corbeil D'amours pour «reprise de mauvaise foi».
La juge n’a d’ailleurs pas cru à la version de la proprio. Elle a toutefois estimé que le témoignage de la locataire était «probant, sincère et crédible».
«L’ex-conjoint a affirmé que sa relation avec la propriétaire n’allait plus bien depuis quatre à six mois. [...] La propriétaire devait bien se douter qu’il y avait une forte possibilité que son conjoint n’habiterait pas avec elle. Si c’était une condition essentielle de son déménagement, elle aurait dû en faire part à la locataire», note l’honorable Lucie Béliveau.
Elle devra payer
Pour tous ces motifs, le TAL a finalement condamné Marianne Corbeil D'amours à verser près de 5000$ à son ancienne locataire pour les dommages subis à la suite de cette reprise.
«Cette situation a été extrêmement difficile pour elle, surtout en temps de pandémie. Elle a pleuré, fait des crises d’angoisse. Ayant déjà une santé fragile en raison de la maladie de Crohn [...], son état mental s’est tellement fragilisé qu’elle a obtenu un congé maladie le 7 septembre 2021 et n’était toujours pas retournée travailler au 15 mars 2022», peut-on lire dans le document de la Cour.

Marie-Élaine Boucher assure toutefois que sa plus grande victoire n’est pas l’argent.
«Je suis surtout contente d’avoir obtenu gain de cause devant une juge qui m’a donné raison. Tant mieux aussi si je peux inspirer d’autres locataires victimes de reprises de mauvaise foi», conclut-elle.
Notre demande d’entrevue avec Marianne Corbeil D'amours est restée sans réponse au moment de publier ce texte.
Pour lire la décision du TAL en lien avec cette affaire, consultez le document ci-dessous:
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