«Doux bordel» de Andrée-Anne Brunet: jeune maman au cœur de la COVID


Marie-France Bornais
Suite de tableaux écrits au « tu » par l’animatrice de radio et écrivaine Andrée-Anne Brunet, Doux bordel raconte l’expérience de nouveaux parents au cœur de la pandémie. Avec humour, tendresse et beaucoup d’émotion, la narratrice partage dans ce troisième roman les hauts et les bas de son quotidien de nouvelle maman et la vie avec son bébé, alors que le monde entier va de travers.
En entrevue, l’Abitibienne Andrée-Anne Brunet parle avec enthousiasme de ce nouveau « bébé »... arrivé presque en même temps qu’un deuxième bébé puisqu’elle est tombée enceinte pour la seconde fois pendant le processus d’écriture. Elle a donc un fils de deux ans et demi et un bébé de six mois.
Elle partage la vision des femmes de sa génération, de la maternité en temps de pandémie, de la réalité pas très glorieuse du post-partum, et de l’adaptation à une nouvelle réalité.
Doux bordel n’a pas de lien avec les deux romans précédents. L’autrice explique, en entrevue, qu’elle est tombée enceinte peu de temps avant que la pandémie éclate.
« J’ai vécu ma première grossesse et mes débuts en tant que maman en pleine pandémie. J’avais le réflexe, pour garder tout ça en tête, de prendre beaucoup de notes. J’écrivais beaucoup comment je me sentais, où on était rendus dans le stade de développement du bébé. C’était tellement nouveau, tellement grandiose comme aventure ! »
Quand est venu le temps d’écrire un nouveau roman, Andrée-Anne a réalisé que toutes ses idées la ramenaient à cette maternité qu’elle vivait.
« Je trouvais cela extrêmement fertile en idées, en images, mais je ne voulais pas faire le récit de ma maternité à moi. »
Pas autobiographique
À quel point Doux bordel est-il autobiographique ? « C’est sûr qu’il y a des réflexions que j’ai eues que je partage. Je l’ai romancé. Doux bordel n’est pas la première année de vie en tant que maman d’Andrée-Anne Brunet. Mais quand mon chum le lit, il me retrouve là-dedans ! Mais j’ai exagéré, j’ai romancé, poussé plus loin. »
Le roman part de ses émotions, de ses sentiments, ajoute-t-elle. « Devenir maman, c’est une aventure grandiose. Ajoute à ça une pandémie... et c’est next level ! »

Pour l’accouchement, par exemple, c’était déjà toute une affaire. Elle-même et quelques-unes de ses amies ont vécu l’épopée. « On vivait plein d’inquiétudes, non seulement parce qu’accoucher, ça fait peur... mais rajoute à ça les mesures qui changeaient de jour en jour dans nos hôpitaux. J’étais suivie en maison
de naissance. »
« Il y a beaucoup de ce que j’ai ressenti, de ce que j’ai observé, de ce que j’ai partagé avec d’autres amies mamans aussi. C’est le roman qui est le plus près de moi, mon roman le plus intime. »
Intime et universel
Prendre soin d’un être vivant est un geste à la fois intime et universel, ajoute-t-elle. « On les a regardées, les vidéos. On les a lus, les livres. Mais une fois qu’il sort de tes entrailles, cet enfant-là, c’est un être unique qui a des besoins spécifiques. Même si tu as vu une vidéo d’allaitement, la première fois que tu mets un bébé à ton sein... Tant mieux si ça a bien fonctionné pour certaines femmes. Moi, personnellement, ça a été le chaos. Ça a été très difficile. »
Accoucher, c’est un blind date, compare-t-elle. « T’as beau t’imaginer, te faire des scénarios dans ta tête... quand ça sort de ton ventre, c’est quelqu’un que tu ne connais pas, qui ne te connaît pas non plus et vous devez vous apprivoiser, vous deux. À trois avec le papa. »
« Le corps de la mère se construit, j’avais sous-estimé ça. Mon corps est en réparation. Ma tête gère des montées d’hormones pas possibles. Et là-dedans, tu essaies de rester saine d’esprit et tu es en pleine pandémie. Ça a été un doux bordel. »
- Andrée-Anne Brunet est animatrice radio depuis 2012.
- Elle a aussi écrit Ne pas toucher s’il vous plaît et Embrasser le chaos.
- Elle sera présente aux salons du livre et sera de retour à la radio à la fin du mois de juin.
EXTRAIT
« On n’est pas sortis de la maison depuis qu’on y est entrés, il y a presque un mois de cela. On vit sur la bouffe préparée par nos amis et on se fait livrer des fruits et des légumes commandés en ligne. La neige lourde qui tombe depuis quelques jours nous conforte dans notre idée de nous enfermer pour mieux nous apprivoiser, tous les trois. Rien n’existe à part les cinq pièces de notre appartement et la fragilité de ton corps tout neuf. »