Jeune femme rencontrée sur TikTok forcée à se prostituer: une mère et sa fille accusées de proxénétisme

Une mère soupçonnée d’avoir forcé une jeune femme rencontrée sur TikTok à se prostituer en plus de la traiter comme une esclave sera détenue en attendant son procès.  

Sa fille, coaccusée dans cette affaire, pourra quant à elle retrouver sa liberté pour la suite des procédures judiciaires, a tranché le juge Jean-Jacques Gagné, mercredi matin au palais de justice de Montréal. 

« On parle ici de faits terribles, de comportements humiliants de la part des accusées », a-t-il laissé tomber avant de rendre sa décision. 

Sonia et Bryanna Abbruzzo, âgées de 46 et 21 ans, tentaient d’obtenir leur liberté sous caution malgré des accusations de proxénétisme pour des faits qui se seraient déroulés de juin à novembre dernier. 

Sonia Abbruzzo devra rester derrière les barreaux en raison de son « rôle de leader dans ces comportements de torture » et du fait qu’elle était déjà sous le coup de conditions dans une affaire de vol, a indiqué le juge Gagné.

Comme une esclave

Lundi, elles étaient restées de marbre face au récit de la procureure lors de leur enquête sur remise en liberté.  

« La plaignante ne se faisait pratiquement pas donner de nourriture, elle devait fouiller dans les poubelles pour manger. Au début, elle dormait dans le sous-sol, mais après avoir mangé un dessert sans permission, elle a dû commencer à dormir dans le garage », avait alors expliqué M^e Sarah-Audrey Daigneault de la Couronne.

Selon la théorie de la poursuite, la plaignante, alors âgée entre 18 et 20 ans, avait rencontré Bryanna Abbruzo en ligne. Et rapidement, la première a accepté d’aller vivre chez cette dernière, à LaSalle. 

Or, si tout allait bien au début, tout a rapidement changé quand la victime aurait commencé à être traitée en servante. 

Elle devait ainsi laver les fenêtres, sortir le chien ou encore lui tenir compagnie dans le jardin « peu importe la température et la météo ». 

« Comme elle ne se faisait pas nourrir, elle a dû vendre son ordinateur pour acheter à manger, a ajouté M^e Daigneault. Tous ses vêtements ont été jetés à la poubelle, sauf les tenues sexy. » 

Plusieurs clients par jour

Car en plus d’être traitée en esclave, la plaignante aurait également été forcée à se prostituer, ce qu’elle n’avait jamais fait. 

« C’était deux clients par jour, deux à trois fois par semaine, a expliqué la Couronne. La plaignante devait garder 25 % des gains, mais elle n’a jamais vu la couleur de l’argent, qui était gardé lors de sorties. » 

Parallèlement, Sonia Abbruzzo aurait poussé la plaignante à effectuer des achats, à ses frais, et à lui donner ses chèques de chômage. 

La présumée victime, qui n’osait pas fuir, a finalement été se réfugier chez un cousin, qui l’a emmenée à l’hôpital.

« Elle semblait souffrir de malnutrition, elle avait également des infections aux pieds », a relaté la poursuite.

Sonia et Bryanna Abbruzzo seront de retour en cour le 30 janvier prochain.