Jeune artiste tuée en pleine rue: «Ce n’est pas une maladie», selon un psychiatre
François Pelletier est accusé du meurtre au premier degré de son ex-copine Romane Bonnier


Michael Nguyen
Le Montréalais accusé d’avoir poignardé à mort son ex-copine en pleine rue de la métropole a agi après avoir emmagasiné sa colère et non en raison d’une maladie qui lui faisait perdre contact avec la réalité, estime un psychiatre expert.
«On n’est pas dans le domaine de la maladie. Je ne pense pas que le fameux article 16 [sur la responsabilité criminelle] s’applique ici [...], car il faut que ce soit causé par la maladie», a affirmé au jury le Dr Gilles Chamberland, jeudi, au procès de François Pelletier.
Témoignant en contre-preuve pour la Couronne, le psychiatre légiste s’est penché sur le cas de l’accusé de 36 ans, qui a admis durant les audiences avoir tué Romane Bonnier, en octobre 2021.
Mme Bonnier, 24 ans, était une artiste qui rêvait de jouer dans des comédies musicales. Elle venait d’ailleurs de décrocher son premier rôle professionnel. Mais tout s’est effondré quand Pelletier, avec qui elle avait eu une brève relation, l’a poignardée plus de 20 fois, alors qu’elle marchait dans le quartier «McGill Ghetto».

Pas la maladie
Accusé de meurtre prémédité, Pelletier a plaidé non coupable. Il avait admis dès le début de son témoignage, lui qui se défendait seul, qu’il avait tué Romane Bonnier, la femme qu’il encensait.
«Tu es ma dernière et seule chance à l’amour...», avait d’ailleurs écrit l’accusé à la victime, le même mois où il l’a tuée devant des passants.
Or, si le discours de Pelletier «peut ressembler à quelque chose de délirant», le Dr Chamberland ne voit pas de maladie qui justifierait que l’accusé soit déclaré non criminellement responsable de ses gestes.
Pour donner cet avis, l’expert s’est basé sur des rapports concernant Pelletier, qui indiquent notamment qu’il a déjà eu du mal à passer au travers d’un rejet amoureux et qu’il avait des problèmes de colère.
Colère
«Si pour lui, faire un deuil [d’une relation] est trop triste, il a un mécanisme [de défense] qui se déclenche, c’est la colère, a expliqué le Dr Chamberland. En se disant que c’est la faute de l’autre, ça préserve le narcissisme.»
Pelletier avait déjà mentionné qu’il avait des obsessions, dont le fait d’imaginer une ex-copine en relation avec un autre homme.
«Ce n’est pas pathologique, ce n’est pas une maladie», a expliqué le psychiatre en estimant que c’est la colère qui aurait poussé Pelletier à tuer Romane Bonnier.
Le juge François Dadour a toutefois rappelé que si le Dr Chamberland avait le droit de donner son avis sur le sujet, les jurés ont le loisir de retenir ou non ce témoignage.
Le procès, qui a débuté il y a un mois, se poursuit vendredi.
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