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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Jeff Bezos: le roi d’Amazon nous mène en gondole

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Photo portrait de Isabelle Maréchal

Isabelle Maréchal

2025-06-27T15:30:00Z
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Depuis quelques jours, Venise est sous occupation royale. Pas de monarchie de sang bleu, mais plutôt celle des nouveaux héritiers du monde, comme Jeff Bezos. Le fondateur d’Amazon a réquisitionné la moitié de la Sérénissime pour unir sa destinée à celle de Lauren Sanchez, pulpeuse animatrice télé, qui arbore au doigt un diamant de 30 carats à cinq millions de dollars.

Cet humble témoignage de l’amour que lui porte son chéri ne nous intéresserait pas si cela ne témoignait de ce qui se passe dans la cour des «ultrariches», qui se partagent le monde à leur guise. Comme nombre de ses amis milliardaires, Bezos est réputé pour ne pas payer sa juste part d’impôts, mais il s’offre un mariage ostentatoire et nous le crache en pleine face.

De quoi donner la nausée aux 3500 travailleurs licenciés des sept entrepôts d’Amazon au Québec, fermés sans prévenir cette année, alors que s’organisait un mouvement de syndicalisation.

Le «marchand de Venise»

Bezos se la joue grand seigneur de la Cité des doges. Il a loué plusieurs lieux emblématiques, carrément fermés au public pour l’occasion. Ultime affront aux Vénitiens, il a réquisitionné en entier la célèbre place Saint-Marc pour les trois jours des festivités. Avec raison, la population a crié au scandale: «Venise n’est pas à vendre».

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Groupes écolos, antisurtourismes, se sont mobilisés au sein du collectif No space for Bezos. Message clair sur la banderole de Greenpeace: «Si tu peux privatiser Venise, tu peux payer plus d’impôts.»

PHOTO MEGA/WENN
PHOTO MEGA/WENN

Le mariage et son cortège de privilégiés poudrés, venus en yacht ou en jet privés à grands coups de GES, ont été déplacés ailleurs en ville, de peur de grabuge.

Un marié bling-bling

Extravagance, arrogance et indécence, cette triade décadente est à l’image de Bezoz, qui représente tout ce qui me pue au nez: le snobisme des parvenus, le dédain du travailleur moyen dont il abuse pour son seul profit, la grossièreté que confère parfois le fait d’avoir trop d’argent à ne pas savoir quoi en faire.

La classe ne s’achète pas. Être riche ne donne pas tous les droits, même si ceux qui croulent sous les dollars en sont souvent convaincus.

Un homme qui brûle du cash pour faire la fête, alors qu’il jette à la rue des milliers de travailleurs, c’est honteux. Son statut devrait le pousser à montrer l’exemple plutôt que d’en être un mauvais. Et nous, cela devrait nous pousser à ne pas continuer d’enrichir ce puissant à coup de boîtes livrées chez vous.

Sans compter que cet oligarque partisan de Donald Trump se permet de nous faire des leçons d’écologie alors qu’il se déplace sur un palace flottant d’un demi-milliard de dollars, et qu’il trône sur des empires énergivores, dont Blue Origin, qui veut développer le tourisme spatial.

Il faut le dire haut et fort: la toute-puissance de cette élite mondiale qui se croit au-dessus de tous n’est plus acceptable. La plèbe que nous sommes ne se contentera plus de regarder passer la noce.

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