Vols et bandits véreux dans le Montréal des années 1910: voici le récit prometteur de l'historien et écrivain à succès Jean-Pierre Charland


Marie-France Bornais
Historien, professeur d’université à la retraite et écrivain doué, Jean-Pierre Charland n’a pas son pareil pour présenter des romans savoureux, campés en différentes périodes de l’histoire du Québec et d’ailleurs. Cette année, on remonte dans le temps, jusqu’à Montréal en 1912. Son héros Eugène Dolan devra faire la lumière sur plusieurs crimes véreux, allant du vol de portes et de fenêtres aux crimes commis par des cols blancs. Dolan devra fouiller dans les bas-fonds de la ville et ira de surprise en surprise dans Le bien d’autrui tu ne prendras.

Après ses vacances d’été à Métis Beach dans le bas du fleuve, Eugène Dolan retourne à Montréal. Ses journées sont loin d’être routinières et il devra cette fois-ci enquêter sur des vols dans des édifices en construction, puis sur d’autres crimes, plus graves. Il n’y a pas à dire: les voleurs étaient actifs dans la métropole au début du siècle dernier!
«Ce roman porte sur le vol. Ce que je voulais mettre en œuvre, c’était les vols qui sont absolument loufoques, les vols qui sont absolument odieux et les vols qui sont quasiment respectables.»
Un vol loufoque
«Le loufoque, c’est la maison qui est littéralement détruite pendant une nuit pour voler les matériaux. C’est bel et bien vrai: le matin où je situe la scène, les policiers de Montréal arrivent devant un chantier de construction et on a volé les briques sur les murs. On les a décollées. On a volé les planchers, les fenêtres, les portes. Il reste juste la charpente de la maison», relate l’historien et écrivain.
«Le vol odieux, c’est le cultivateur qui vient faire un achat en ville, puis qui se ramasse dans le fleuve Saint-Laurent et qui se fait voler 75$.»
L’autre crime concerne un gars qui travaille dans une banque. «Et ça, à l’époque comme aujourd’hui, personne ne trouve ça très grave. Il a volé 35 000$. C’était beaucoup d’argent à l’époque: ça lui assurait une petite pension... Il trouvait qu’il n’en avait pas assez pour sa retraite. Il avait seulement 30 ans. C’est un fait réel: il volait la Banque Hochelaga. Pour son vol de 35 000$, il se ramasse avec trois ans de prison. Et il y a des gens, la même semaine, à la Cour de Montréal, qui vont se ramasser avec des 20 ans de prison pour avoir volé 50$.»
«C’est un crime de vol blanc et c’est vrai encore aujourd’hui: comme ça n’implique pas de violence, ça jouit d’une relative impunité.»
Des brigands bien équipés
Jean-Pierre Charland note que le vol loufoque qu’il relate avait été perpétré par une cinquantaine de jeunes qui étaient arrivés sur place avec leurs outils.
«C’était vraiment comme une nuée de sauterelles. Entre le coucher du soleil et le lever du soleil, ils ont réussi à déconstruire une maison au complet et à s’envoler avant l’arrivée de la police.»
Il précise qu’il n’y avait que rarement de téléphones dans les maisons à l’époque, et que les voisins ou les témoins potentiels n’osaient pas s’exposer.
Chercher une alarme électrique...
«Pour avertir la police qu’il y a un crime, il faut sortir dehors. C’est la nuit. On sait qu’il y a des mauvais garçons qui rôdent dans le quartier. Mais il faut trouver une alarme, parce qu’on avait placé des alarmes électriques un peu partout dans la ville de Montréal.»
«Mais il faut que quelqu’un ait le courage de s’habiller, de chercher une alarme alors qu’un crime est commis en avant de chez lui. Ça a été long avant que la police soit avertie.»
Le bien d’autrui tu ne prendras
Jean-Pierre Charland
Éditions Hurtubise
376 pages
- Jean-Pierre Charland est titulaire d’un doctorat en histoire et d’un autre en didactique.
- Il est aujourd’hui un professeur d’université à la retraite.
- Il a écrit une cinquantaine de romans qui se sont vendus à plus d’un million d’exemplaires au Québec et dans l’Europe francophone.
- On lui doit la série à succès «Eugène Dolan», mais aussi quantité d’autres livres à succès, dont Les Chevalier, Génération 1970, La pension Caron, Odile et Xavier, Sur les berges du Richelieu, Félicité.
- Il travaille sur ses prochains romans, dont l’un se déroulera en Europe.
«Après un été passé en partie à Métis Beach, Eugène Dolan trouvait difficile de revenir à sa routine habituelle. Pourtant, certains crimes, par leur étrangeté, étaient susceptibles de lui faire oublier l’air salin et les beaux paysages. Il se tenait sur le trottoir de bois de la rue Cadieux, près de l’intersection de l’avenue du Mont-Royal, devant une maison dont il ne restait guère plus que le squelette.»
– Jean-Pierre Charland, Le bien d’autrui tu ne prendras, Éditions Hurtubise
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