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L'article provient de Le Journal de Québec
Culture

Jean-Pierre Charland parle du choc intergénérationnel intense des années 60 dans sa nouvelle série, «La famille Chevalier»

Nouvelle saga historique

L'historien Jean-Pierre Charland revisite les années 60 dans sa nouvelle série, «La famille Chevalier».
L'historien Jean-Pierre Charland revisite les années 60 dans sa nouvelle série, «La famille Chevalier». Pierre-Paul Poulin / Le Journal de Montréal / Agence QMI
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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2024-05-11T07:30:00Z
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L’incomparable Jean-Pierre Charland reprend les personnages chéris de sa série précédente, Maître chez soi, dans une nouvelle saga se déroulant dans les années 60, La famille Chevalier. Au travers des mésaventures et des aléas d’une famille de Verdun, il aborde une période captivante de l’histoire du Québec. Une période de grands changements, de conflits politiques, de grèves et d’évolution dans les mentalités. La société change, les mœurs changent... forcément la vie des gens est profondément marquée par ces bouleversements. 

Le premier tome de la nouvelle série de Jean-Pierre Charland, «La famille Chevalier», est déjà en librairie. Les tomes 2 et 3 suivront cet été et cet automne.
Le premier tome de la nouvelle série de Jean-Pierre Charland, «La famille Chevalier», est déjà en librairie. Les tomes 2 et 3 suivront cet été et cet automne. © Éditions Hurtubise

Nous sommes en 1966, à Verdun. Viviane, mère de famille ordinaire, est complètement dépassée par ce qui se passe dans la société et chez elle.

Dans la longue liste de ses récriminations figure le fait que sa fille, Marie-Paule, fréquente un garçon et porte des minijupes. Son fils, Antoine, n’a d’yeux que pour une fille qui n’est pas à son goût à elle et Anselme, son défroqué de frère, vit dans le péché avec sa concubine.

Des détails précis

L’historien Jean-Pierre Charland s’en est donné à cœur joie pour écrire cette série passionnante dans laquelle les détails précis liés aux années 60 foisonnent, de la liste d’épicerie aux événements marquants.

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«Cette période, moi, je l’ai vue en tant qu’adolescent», remarque-t-il en entrevue. «Dans une certaine mesure, je n’ai pas profité de cette période-là parce que c’était vraiment une belle période.»

«Quand j’ai 20 ans, c’était dans les années 70 et déjà c’était plus terne. Il y a eu le choc pétrolier. C’était vraiment un autre contexte que l’optimisme qu’il y avait dans les années 60. Je l’ai beaucoup vécu par le biais de mes frères et de mes sœurs aînés. J’entendais beaucoup parler des activités, comme les shows qui s’étaient donnés sur le terrain de l’Expo en 1967. Jefferson Airplane était passé à Montréal!»

Les chocs entre les générations

À cette époque, note-t-il, tous les rêves étaient permis. Mais ce n’est pas venu sans heurts: les années 60 ont vu un des plus grands chocs intergénérationnels du 20e siècle.

«Dans le cas du Québec, c’est particulier et je vais donner un exemple. On est parti du territoire où le taux de natalité était le plus élevé et les naissances hors mariage les moins fréquentes, en 1960, pour arriver en 1970 à être le territoire où les taux de natalité étaient les plus bas, les taux de divorce augmentaient terriblement et les naissances hors mariage se multipliaient. C’est vraiment une époque qui est marquante.»

Dégénérescence des mœurs...

Par ailleurs, il insiste beaucoup sur le conflit des générations dans La famille Chevalier. «Il s’avère que ce sont les mêmes parents que dans la série précédente, Maître chez soi. Marie-Paule et Antoine ont autour de 20 ans et c’est l’arrivée à l’université, dans le contexte de l’époque, avec des grèves, des manifestations.»

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«Ils ont aussi une mère qui est extrêmement réactionnaire: c’est le haut-parleur de toutes les lignes ouvertes qui existaient à l’époque sur la "dégénérescence" des mœurs. Les vêtements de sa fille sont toujours trop courts ou trop serrés...»

La télé à l’époque

Jean-Pierre Charland précise qu’il a vécu cette époque à la campagne. «Ma fenêtre sur le monde, c’était la télévision. Il y avait plein d’émissions qui nous laissaient penser qu’en 1999 il y aurait des bases sur la Lune et des gens qui y vivraient en permanence.»

«Je "pognais" deux postes: le canal 5 et le canal 7! À la campagne, il y avait un poteau en plein milieu d’un champ de fraises. Pendant toute mon enfance, je regardais Cré Basile et Ma sorcière bien-aimée avec une ligne qui traversait le milieu de l’écran! On changeait l’antenne de bord et jamais ça s’est réglé.»

La famille Chevalier, tome 1: une génération dans le vent

Jean-Pierre Charland

Éditions Hurtubise

376 pages

  • Jean-Pierre Charland est titulaire d’un doctorat en histoire et d’un autre en didactique.
  • Il est aujourd’hui professeur d’université à la retraite.
  • Ses romans se sont vendus à quelque 900 000 exemplaires au Québec et dans l’Europe francophone.
  • Les tomes 2 et 3 sont prévus pour l’été et l’automne 2024.

«Pour qui travaillait dans un marché d’alimentation, il
n’existait pas de pire journée que le 24 décembre. Tout de
même, depuis neuf heures, Marie-Paule Chevalier ne se
départait pas de son sourire.
Une longue file d’attente s’était formée devant sa caisse
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et sur le tapis roulant, les produits se succédaient sans
interruption. Le gamin embauché comme emballeur pour
la journée suffisait à peine à la tâche. Et parfois, elle élevait
la voix pour demander à la ronde:
— C’est combien les petits pois du Géant Vert?»
- Jean-Pierre Charland, La famille Chevalier, tome 1: une génération dans le vent, Éditions Hurtubise

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