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Culture

Jean-Pierre Bergeron explique pourquoi il a attendu d’avoir 59 ans pour sortir du placard

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François Hamel

2024-09-06T10:00:00Z
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L’immense acteur Jean-Pierre Bergeron mène aussi une belle carrière d’auteur, de scénariste et de réalisateur. Sa plus récente oeuvre cinématographique s’inspire d’une expérience personnelle extrêmement douloureuse, dont il s’est sorti, mais qui l’a conduit en thérapie.

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Jean-Pierre, vous êtes aussi auteur et réalisateur. Où en êtes-vous dans votre premier long métrage, Old Guys in Bed?

Tout dernièrement, nous avons eu une première projection très privée, dans une vraie salle de cinéma, mais nous n’étions que cinq. En termes de contenu, le film est terminé. Il n’y a que quelques retouches à faire pour le son et l’image. À partir de maintenant, il faut en faire la promotion et le faire connaître, ici comme ailleurs, pendant environ un an. Je suis aussi l’un des quatre coproducteurs. Nous allons, entre autres, le soumettre à différents festivals.

Comment en résumez-vous l’intrigue?

C’est l’histoire d’un homme gai, solitaire, angoissé, âgé de 60 ans. Il tombe en amour en ligne avec un homme âgé de 70 ans. Tout va merveilleusement bien, jusqu’à ce que celui de 70 ans ghoste l’autre; il rompt soudainement tout contact avec lui, sans fournir d’explication. L’homme de 60 ans va tenter de le retrouver et de renouer avec lui. À travers différentes péripéties, il sera assisté dans ses démarches par sa nièce de 18 ans qui vit elle-même une situation très semblable avec un jeune homme. Je trouvais important que le film mette aussi en vedette des jeunes et amène cette intrigue en parallèle. Parce que, en ce qui concerne l’amour, il n’y a pas d’âge.

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Le scénario de ce film n’estil pas basé sur l’une de vos expériences personnelles?

Oui, hélas... (rires) Mais je m’en suis sorti. Les détails du long métrage sont en général très différents de ceux de ma propre vie. Mais oui, je suis déjà tombé en amour en ligne, via Messenger, avec un gars qui vivait dans un autre pays. On ne s’est jamais vus en personne. J’ai vécu de cette façon un été extraordinaire, fantastique! Mais il m’a finalement ghosté. J’ignorais tout des pièges possibles des relations en ligne. Il est beaucoup plus facile de faire faux bond à quelqu’un en ligne, parce qu’il n’y a pas de punition sociale. Lui, il n’avait pas de compte à rendre. C’est quelque chose qui m’a fait extrêmement mal.

Parleriez-vous d’une peine d’amour?

Oui, une peine d’amour qui a été violente et brutale parce que, soudainement, il s’est mis à ne plus répondre à rien. Depuis mon adolescence, je n’avais jamais souffert autant que ça.

Quel âge aviez-vous à l’époque? 

67 ou 68 ans.

Et vous en avez aujourd’hui 72. Avez-vous tenté éventuellement de le contacter à nouveau?

Deux ou trois fois, sans succès. Mais contrairement au personnage d’Old Guys in Bed, je n’ai pas tout mis en branle pour le ravoir. Alors je suis allé en thérapie. Je me suis senti très mal et déprimé pendant au moins six mois. Puis la pandémie et le confinement sont arrivés. C’était tellement gros que ma peine d’amour ne s’est plus retrouvée dans mes priorités.

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Pourquoi avoir attendu d’avoir 59 ans pour sortir du placard?

Je crois que le métier d’acteur est le plus risqué pour les coming outs. Les gens se posent des questions du style: «Lorsqu’il va jouer, est-ce que ça va paraître qu’il est gai?» «S’il joue un hétéro, est-ce que les gens vont y croire?» Je pense que ce sont les raisons pour lesquelles très peu d’acteurs masculins et homosexuels sont sortis du placard, à travers le monde. Mais j’ai écrit et réalisé mon court métrage Alone with Mister Carter et je me voyais mal traiter d’homosexualité dans le film et dire en entrevue: «Ah, je ne parle pas de ma vie personnelle.» Je me suis dit qu’à la sortie du film, je sortirais du placard en même temps. C’est ce que j’ai fait. J’ai osé.

Du côté de votre carrière d’acteur, on pourra bientôt découvrir la série La dernière communion, à Télé- Québec, un autre projet qui vous a occupé dernièrement. Comment présentez-vous la série et le personnage que vous y interprétez?

Mon personnage se prénomme Pierre. Il s’agit d’un frère plus haut placé dans la hiérarchie de sa congrégation que ses deux comparses, interprétés par Guy Jodoin et Fayolle Jean. Leur monastère ferme, et ils décident tous les trois de défroquer le même jour et de partir à l’aventure, sans le sou et sans connaître le monde qui les entoure maintenant. La quête de Pierre est de retrouver une femme, son amour de jeunesse, qu’il a abandonnée pour se consacrer à la religion. Il lui a fait faux bond à 18 ans, au moment de leur bal de fin d’études.

La femme en question est interprétée par Louise Portal...

Exactement. Louise est une amie d’enfance. Nous avons fait du théâtre ensemble au Saguenay, lorsque j’avais 14 ou 15 ans. Nous nous connaissons très bien, mais nous n’avions jamais rejoué ensemble. C’était extrêmement agréable de se retrouver.

La série La dernière communion sera diffusée à Télé-Québec pendant le temps des fêtes.

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