Jean Pascal : Yvon Michel n’y croyait presque plus

Marc-Antoine Malo
LAVAL - Pour la première fois en cinq ans, Jean Pascal montera dans le ring au Québec, le 9 février 2023, à la Place Bell de Laval. C’est un beau cadeau pour le boxeur d'expérience, dont la carrière tire à sa fin, mais aussi pour le promoteur Yvon Michel, qui n’y croyait presque plus.
«On retourne à nos anciens amours», a mentionné Pascal en conférence de presse, vendredi, lui qui n’avait pas travaillé avec le Groupe Yvon Michel (GYM) depuis 2018.
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«Malgré les années qui ont passé, on est toujours resté en communication avec Jean. Avant et après ses combats, à Noël, au jour de l’An... On a gardé une bonne relation, mais on ne trouvait pas la bonne opportunité», a expliqué le président de l’organisation.
Cette occasion, elle s’est finalement dessinée lorsque Pascal a obtenu un combat d’aspirant obligatoire au titre IBF des poids mi-lourds d’Artur Beterbiev. Pour espérer enfiler les gants avec le Montréalais d’adoption et remporter un troisième championnat du monde, il devra d’abord se défaire du jeune Allemand Michael Eifert.
Enfin au Québec
Constamment le négligé, une position qu’il apprécie particulièrement, Pascal a parcouru les États-Unis dans les trois dernières années pour surprendre de bons boxeurs. Michel a toujours eu espoir de retrouver son protégé, mais il savait que le temps jouait contre lui.
«Contre Dmitrii Bivol ou Badou Jack, c’était difficile d’amener ces combats-là ici, a-t-il avoué. Et chaque fois, on se disait que c’était peut-être le dernier combat de Jean, sa dernière poussée. L’opportunité s’est présentée quand Lou DiBella s’est associé avec Jean.»
La possibilité d’un gala en Allemagne, aux États-Unis ou à Toronto a été étudiée, mais le nouveau promoteur a insisté pour tenir l’événement au Québec. On mise beaucoup sur le retour à la maison de Pascal, qui a envie de «paqueter» la Place Bell.
En cas de défaite, il s’agirait d’un joli chant du cygne pour celui qui a grandi à Laval. À 40 ans, il refuse pour l’instant de parler de retraite.
«Je ne suis pas Nostradamus, je ne peux pas prévoir l’avenir. Je me concentre sur ce combat. La défaite n’est pas une option pour moi. Je sais que je vais gagner», a répondu avec confiance le natif de Port-au-Prince.

L’expérience contre la jeunesse
Montrant une fiche de 11 victoires, dont quatre par K.-O., et une défaite, Eifert se retrouve assez tôt dans un combat d’envergure. Pour Pascal (36-6-1, 20 K.-O.), il est le dernier obstacle avant un combat de championnat. Le Québécois apprécie la confiance du jeune homme de 24 ans, qui a accepté de venir l’affronter dans son patelin.
En direct de Munich par vidéoconférence, l’Allemand avait également de bons mots pour son prochain adversaire.
«J’ai beaucoup de respect pour Jean Pascal. Il est une légende du sport et un gros nom au Canada. C’est un honneur pour moi de pouvoir lancer un défi à ce grand boxeur à un si jeune âge», a laissé savoir Eifert via un interprète, son promoteur.
«Quand j’avais 24 ans, j’étais très affamé. Je pensais que le monde m’appartenait. À 40 ans, je me suis assagi. J’ai beaucoup plus d’expérience et je sais qu’à la boxe, l’expérience compte pour beaucoup. Il va voir un boxeur rusé et très intelligent sur le ring», a affirmé Pascal.
Michel en a rajouté en le qualifiant de «phénomène physique» et de «super-athlète». Le principal intéressé, lui, commence à sentir le poids des années.
«À 20 ans, quand j’avais deux heures de repos, j’étais prêt à recommencer l’entraînement. Maintenant, à 40 ans, j’ai besoin de quatre à six heures de repos», a-t-il dit.
«Ce que j’ai appris avec les années, c’est qu’il ne faut jamais écarter Jean, a rebondi Michel. Le 9 février, il va se battre contre Eifert, mais il va aussi se battre pour amener beaucoup de monde [à la Place Bell]. [...] Il se bat contre son âge également.»