Jean-Nicolas Verreault à la barre d’un projet percutant

Jean-Nicolas Verreault pilote ce documentaire important et percutant, qui s’attaque à un sujet encore sensible: la santé mentale des hommes, dont les dérives continuent de faire des victimes.
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Grâce aux efforts de prévention et de sensibilisation, les discussions sur la santé mentale sont devenues de plus en plus faciles au fil des décennies. Pourtant, les statistiques concernant la situation des hommes restent alarmantes. Lorsqu’on sait que 75 % des meurtres sont perpétrés par des hommes, que 64 Canadiens s’enlèvent la vie chaque semaine et que 80 % des gars préfèrent régler leurs problèmes sans aide, on comprend en effet que l’approche privilégiée jusqu’à maintenant ne leur convient peut-être pas autant qu’on le voudrait.
Déconcerté par la situation, le comédien Jean-Nicolas Verreault souhaite comprendre comment les hommes en sont arrivés là. Dans ce documentaire de Jean-Philippe Pariseau, il part en quête de réponses et de pistes de solution auprès d’amis, de spécialistes et d’hommes qui ont reçu l’aide dont ils avaient besoin, et qui prouvent que le véritable courage appartient à ceux qui osent parler.
Le point de rupture
Il s’entretient d’abord avec l’auteur Patrick Sénécal et l’humoriste, acteur et réalisateur Patrick Huard, dont les réflexions résument le point de vue de bien des hommes: oui, les gars ont plus d’ouverture qu’avant, mais ils voient encore l’introspection comme de la complaisance, et l’émotion, comme un problème à régler. L’approche du comédien Hugo Giroux, qui consulte depuis l’âge de 16 ans afin de gérer la souffrance causée par le suicide de ses frères, peut donc être considérée comme une exception à la règle.
Il faut dire que, selon des spécialistes tels que la psychologue Brigitte Lavoie et l’andragogue et intervenant social Pierre L’Heureux, les hommes ont encore de la difficulté à aborder le monde des émotions. Souvent, c’est la douleur physique provoquée par le stress qui finit par les amener chez le médecin, comme c’est arrivé à Jean-Nicolas et à Fabrice Vil, un auteur et chroniqueur qui a reçu un diagnostic de bipolarité à la suite d’un épisode psychotique inattendu. Effrayés par l’introspection et convaincus que leur colère n’a pas sa place dans les bureaux des psys, les gars refoulent leur détresse jusqu’au point de rupture, sans se douter que tout leur entourage souffre avec eux.
Libérer la parole
Une partie de la solution passe évidemment par l’éducation: celle de la société et, surtout, celle des pères et des pairs, dont l’exemple participe à forger la personnalité des garçons. Avec le comédien Denis Bernard, l’animateur découvre ainsi à quel point la communication pèrefils peut être ardue, mais jamais sans espoir. Des joueurs de hockey lui donnent également un aperçu du changement des mentalités au fil des générations. Alors que les plus âgés avouent qu’ils abordent souvent les problèmes de façon superficielle entre amis, les plus jeunes confirment qu’ils ont plus d’ouverture, en dépit de la vague de masculinisme qui semble s’abattre sur les médias sociaux.
Tous sont cependant conscients que c’est en partageant leur vérité qu’ils parviendront à surmonter leurs problèmes et qu’ils donneront la possibilité aux autres hommes de faire de même. Des clients du Centre de ressources pour hommes de Montréal en font la preuve en expliquant comment leur bienêtre et leurs relations se sont améliorés grâce aux outils qu’on leur a enseignés pour identifier et exprimer leurs émotions, y compris leur colère, qui cache souvent une crainte profonde de l’humiliation et du rejet. Mais en attendant que chaque Québécois ait droit à l’accompagnement dont ils ont bénéficié, comme le souhaiterait Brigitte Lavoie, les hommes devront apprendre à se parler et à s’écouter sans se juger, une confidence à la fois.
Les gars, faut qu'on se parle sera diffusé dimanche le 26 janvier à 20 h sur Noovo.