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L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

Jean Coutu expulse un pharmacien qui opérait depuis plus de 30 ans

La pharmacie Jean Coutu du boulevard des Laurentides, à Laval
La pharmacie Jean Coutu du boulevard des Laurentides, à Laval Photo Agence QMI, Joël Lemay
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Éric Yvan Lemay | Bureau d'enquête

2022-11-16T17:14:11Z
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Jean Coutu vient de faire expulser un de ses pharmaciens qui avait pignon sur rue depuis plus de 30 ans à Laval. Des centaines des patients ont vu leur dossier être transféré et certains se sont heurtés à des portes closes.

La fermeture forcée de la pharmacie du boulevard des Laurentides est le dernier chapitre d’un litige qui oppose le pharmacien Luigi Villaggi et le Groupe Jean Coutu. 

Fait exceptionnel, le Groupe s’est tourné vers les tribunaux pour expulser un de ses propres membres.

En octobre dernier, un juge a tranché en faveur de la bannière, qui souhaitait mettre fin à son association avec Villaggi. Comme Jean Coutu détient le bail où se situe le commerce, l’entreprise s’est adressée à la cour pour forcer Villaggi à quitter les lieux où il travaille depuis les années 1980.

Même s’il a tenté de faire suspendre le jugement en appel, le pharmacien a été débouté et le commerce a été fermé au début de la semaine dernière. Une affiche dans la vitre indique que les dossiers ont été transférés à une autre pharmacie du boulevard René-Laennec.

Écoutez le segment judiciaire avec Félix Séguin diffusé chaque jour en direct 8 h 35 via QUB radio :

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Territoire exclusif

Fait surprenant, Villagi a tenté sans succès pendant des années de forcer la désaffiliation de cette autre pharmacie du Groupe Jean Coutu. Il alléguait que cet établissement lui fait une concurrence indue à la limite de son territoire exclusif. Sa demande a toutefois été rejetée en mars dernier. 

À la même période, Jean Coutu a indiqué à Villaggi qu’elle souhaitait mettre fin à son entente avec lui au terme de son contrat de franchise le 31 octobre dernier. Villaggi a répliqué en disant qu’il avait droit à un renouvellement automatique de son bail et de son contrat de franchise comme c’était le cas depuis 1996.

Pleurs et insultes

Pour justifier l’expulsion, le Groupe Jean Coutu a allégué qu’il ne respectait pas certaines obligations contractuelles et les méthodes propres au «concept Jean Coutu».  

Selon les allégations contenues au jugement, Villaggi se serait aussi livré à une campagne constante et soutenue contre Pharmacies Jean Coutu. Il aurait notamment fait pleurer des employés de PJC et proféré des insultes à leur égard.

Photo Agence QMI, Joël Lemay
Photo Agence QMI, Joël Lemay

Comme le prévoyait le bail échu depuis mai 2021, PJC a quadruplé le loyer du commerce en plus de juger son occupation illégale. C’est sur cette base qu’elle s’est adressée à la cour pour forcer le délaissement du loyer.

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Luigi Villaggi a rétorqué que le non-renouvellement des ententes n’a jamais été remis en question en 30 ans d’association entre les parties. Il estimait avoir droit à un renouvellement de l’entente. 

Au cours des derniers mois, il aurait aussi tenté de vendre le commerce, mais sans succès, pour diverses raisons. 

Et les patients?

Dans une ultime tentative pour tenter d’éviter la fermeture, il a plaidé pour le suivi de ses patients. Un argument qui a été rejeté par la cour. 

«Le préjudice causé aux patients par la fermeture de la pharmacie est au cœur de l’argumentaire de Villaggi. Cette conséquence est cependant sérieusement tempérée par l'implication de l'Ordre et d’autres affirmations de l'intimée (Groupe Jean Coutu)», a écrit jeudi dernier le juge Martin Vauclair de la Cour d’appel du Québec.

Le juge indique aussi que le permis du pharmacien a été suspendu par l’Ordre des pharmaciens. Selon un document consulté publié sur le site de l’Ordre, le permis de M. Villaggi a été suspendu en septembre en lien avec des manquements à la formation obligatoire. Son nom figure aux côtés de 34 autres pharmaciens qui doivent mettre à jour leur formation pour lever la suspension temporaire.

En plus de son expulsion, Villaggi a été condamné à rembourser plus de 1,6 M$ en loyers impayés.

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