Publicité
L'article provient de Le Journal de Québec
Opinions

Je vous présente Elvis Abbatiello

Photo tirée du profil LinkedIn de Guillaume Abbatiello
Partager
Photo portrait de Philippe Léger

Philippe Léger

2025-03-07T05:00:00Z
Partager

Elvis Gratton est mort, vive Elvis Gratton! 

Si Julien Poulin est disparu en début d’année, l’esprit Gratton est encore bien vivant.

L’entrepreneur Guillaume Abbatiello en est aujourd’hui l’incarnation.

Pieds dans la bouche, il a expliqué, après un passage à l’émission de Radio-Canada Tout peut arriver, que si la culture québécoise avait des difficultés, c’était parce qu’au fond, le contenu culturel québécois, c’est «de la marde».

Le financement en culture du gouvernement? Du «gaspillage bin raide», «dans la lignée de SAAQclic». Les artistes? Jamais ils ne pourront être dans les «affaires».

M. Abbatiello semble d’ailleurs oublier que son entreprise, Pizza Salvatoré, a bénéficié de subventions du gouvernement du Canada et de la Ville de Québec. Du gaspillage pour une entreprise à succès comme Pizza Salvatoré?

Il s’est simili-excusé depuis que la croûte a brûlé.

All dressed de préjugés

Si ce n’était qu’un autre entrepreneur étalant ses opinions, cela ne mériterait aucune attention. Mais ils incarnent un discours qui circule au Québec. Un discours toxique, colonisé et factuellement erroné.

Médiatiquement, c’est celui de la droite médiatique pirate. Politiquement, c’est celui d’Éric Duhaime, qui l’a d’ailleurs défendu.

Démagogue, ce discours tient en quelques mots: la culture québécoise? c’est «de la marde». Des téléromans larmoyants d’après-midi. Les artistes? Des chômeurs wokes subventionnés. La culture d’ailleurs, surtout aux States, c’est bon; ici, ennuyant.

Ce discours, déguisé en bonne gestion de l’argent public, est, en réalité, une haine de soi.

Ces personnes crachent leurs préjugés sur la culture québécoise. Est-ce que M. Abbatiello a simplement ouvert un livre, est allé au théâtre ou a écouté un film québécois dans la dernière année? J’en doute. Pas assez big.

Autant se faire engloutir par Trump

La culture québécoise est en crise: mises à pied dans les musées, festivals qui optent pour le sociofinancement, moins de pièces de théâtre, annulations de spectacles...

Tout artisan québécois vous témoignera que les moyens ne cessent de diminuer.

Renoncer à la financer, c’est la condamner à sa disparition. Et à notre américanisation.

Et si notre différence existentielle s’effondre, aussi bien se faire bouffer par l’ogre américain.

Heureusement pour M. Abbatiello, même américain, on continuera à y manger de la pizza.

Publicité
Publicité