Mort d'une allergie au beurre d'arachide: Urgences-santé condamnée à verser 450 000$ pour avoir tardé à le transporter à l'hôpital

Urgences-santé devra verser près d’un demi-million $ à la famille d’un jeune homme mort d’une allergie aux arachides alors qu’il se trouvait à seulement une minute de l’hôpital le plus proche.

Nutin McFarland, un Innu de 18 ans, a connu une fin atroce à la suite d’une série d’erreurs des ambulanciers qui ont été dépêchés dans un appartement de Verdun en octobre 2017.

«J’ai de la difficulté à respirer, je vais mourir», a lancé le jeune homme durant le transport ambulancier, selon ce qui ressort d’un jugement troublant rendu la semaine dernière à Montréal.

Dans les minutes précédentes, le jeune homme originaire de la réserve de Maliotenam avait ingurgité un sandwich au thon qui contenait également du beurre d’arachide alors qu’il se trouvait chez le père de sa conjointe.

Rapidement, il a contacté le 9-1-1 qui a dépêché des premiers répondants. Ces derniers lui ont immédiatement injecté une dose d’épinéphrine, communément appelée Epipen.

Hôpital tout près

C’est à l’arrivée des ambulanciers que les choses se sont gâtées. Au lieu de lui fournir une assistance respiratoire et de le transporter d’urgence, comme c’est la norme pour une réaction anaphylactique, ils ont mis environ 20 minutes avant de quitter les lieux.

Or, l’Hôpital de Verdun se trouvait à seulement 700 mètres.

«Dans une situation d’urgence manifeste avec des conséquences potentiellement mortelles et alors que les soins hospitaliers requis sont à une distance d’une minute, Nutin n’a pas obtenu les soins qui étaient requis pour sauver sa vie pendant un délai d’au moins 19 minutes», a écrit le juge Jeffrey Edwards de la Cour supérieure du Québec.

Une fois dans le véhicule, l’ambulancière n’a pu prévenir l’hôpital de leur arrivée imminente... puisque le téléphone fixe ne fonctionnait pas. Le conducteur, lui, n’a pas jugé bon d’activer les sirènes.

L’arrivée à l’urgence s’est donc faite dans le chaos alors qu’on ne les attendait pas si vite.

Moins de 15 minutes plus tard, le patient était en arrêt cardiorespiratoire. Les manœuvres pour le ramener à la vie ont pris plus de 20 minutes, causant des dommages cérébraux irréversibles.

Malgré les chants autochtones de ses proches, qui se sont rapidement rendus à son chevet, il n’a pas survécu.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Proches ébranlés

Devant la cour, Urgences-santé a tenté de faire porter 50% de la responsabilité à Nutin McFarland parce qu’il savait qu’il était allergique au beurre d’arachide. Le juge a estimé que le jeune homme aurait dû faire des vérifications, mais que les fautes des ambulanciers avaient été beaucoup plus lourdes de conséquences.

Son départ a eu un impact dramatique sur sa famille, de laquelle il était très proche. Il était considéré comme une source d’inspiration dans sa communauté.

McFarland avait débuté une formation en animation multimédia au Collège Dawson et rêvait de travailler pour Ubisoft.

Sa conjointe, Marie Bouchard, qui s’était précipitée à l’appartement après son appel de détresse, a été témoin de son agonie.

«Il est clair que le décès de Nutin et le fait d’avoir été témoin des événements de son angoisse et de son désespoir au cours des derniers moments de conscience de Nutin ont marqué pour toujours Marie», a indiqué le juge.

√ Une somme totale de 442 014$ avec intérêts a été octroyée à ses proches, dont ses parents et grands-parents.