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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Je t’écris au milieu d’un bel orage: biographie d’un amour

Le TNM fait revivre Albert Camus et sa maîtresse

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Emmanuel Martinez

2023-01-23T03:12:13Z
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La grande histoire d’amour de l’écrivain Albert Camus et de sa maîtresse, Maria Casarès, est rendue avec nostalgie et finesse par des acteurs au sommet de leur art au TNM dans la pièce Je t’écris au milieu d’un bel orage.

• À lire aussi: Je t’écris au milieu d’un bel orage: le double défi de Steve Gagnon

Admirablement jouée par Anne Dorval, la comédienne d’origine espagnole caractérisait cette relation qui a commencé en 1944 pour se terminer tragiquement en 1960 comme une « rencontre entre des corps et des mots ». 

Cette description colle parfaitement à cette œuvre imaginée par le dramaturge Dany Boudreault, qui a mis en bouche des pans de la correspondance écrite de ces deux amants.

Dans cette mise en scène de Maxime Carbonneau, la flamme de Camus revient sur leur destin commun. Souvent séparés en raison de leurs métiers respectifs et du statut conjugal de l’auteur qui était marié et qui avait des enfants, ces deux amoureux se sont échangés de nombreuses lettres qui prennent vie sous nos yeux dans une langue somme toute bourgeoise et littéraire.

La passion, le besoin de l’autre et la fraternité sont ainsi déclinés à merveille par Steve Gagnon et Anne Dorval. Cette dernière a bien su maîtriser son trac, elle qui montait sur les planches d’un théâtre pour la première fois en douze ans. Elle passe notamment avec aisance de la tristesse à la lucidité afin de dépeindre un personnage tout en nuance. 

Guerre froide et intelligentsia

Même si ce spectacle aborde certains thèmes qui ont marqué l’époque d’après-guerre, comme le communisme soviétique, la guerre d’Algérie et l’existentialisme, les idées et prises de position de Camus sont relativement peu discutées. Certes, sa querelle avec Jean-Paul Sartre est traitée, mais ce spectacle fait avant tout place aux sentiments partagés par les deux tourtereaux. 

Toutes ces émotions, qui évoluent au fil du temps, sont richement mises en valeur par une musique originale signée Antoine Bédard, ainsi qu’une enveloppe sonore envoûtante comme ces orages qui grondent au loin.

Le spectacle se termine sur un crescendo avec le mémorable discours livré par Camus à Stockholm lorsqu’il reçoit son prix Nobel de littérature, l’accident qui lui a coûté la vie (bravo pour l’effet visuel !) et les cicatrices laissées par cette tragédie. La poignante finale mélange l’angoisse provoquée par l’évaporation d’un amour unique à la mélancolie de l’avoir vécu. Une conclusion digne de cette belle union. 

Je t’écris au milieu d’un bel orage ★★★★

  • Une mise en scène de Maxime Carbonneau
  • Avec Anne Dorval et Steve Gagnon. À l’affiche au Théâtre du Nouveau Monde jusqu’au 19 février
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