Je suis un partisan de l’Ukraine, pas de la troisième guerre mondiale


Mathieu Bock-Côté
Le choc télévisé entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky a quelque chose d’inédit politiquement.
L’échange ne saurait se réduire aux trois minutes partout diffusées, en les décontextualisant d’une conversation plus longue, qui nous oblige à une appréciation plus nuancée de ce couac diplomatique.
Mais il nous permet un nécessaire rappel géopolitique en quelques points.
Le premier: la Russie est l’agresseur dans ce conflit. Sans ambiguïté. Dans un monde idéal, l’Ukraine aurait été capable de le repousser.
Le deuxième: nous ne vivons pas dans un monde idéal. Dès lors, s’il nous faut soutenir l’Ukraine, nous devons nous affranchir du fantasme d’un retour aux frontières de 2022 ou de 2014. Le rapport de force militaire commandera les négociations de paix.
Paix
Car la paix est nécessaire. C’est le troisième point. Soutenir l’Ukraine ne veut pas dire courir à la troisième guerre mondiale. Qui souhaite vraiment une guerre perpétuelle entre l’Occident et la Russie? Volodymyr Zelensky doit l’accepter, et les Européens doivent cesser de voir dans cette guerre l’occasion rêvée d’imposer le fédéralisme à leurs peuples.
Le quatrième: cette paix reposera sur deux exigences géopolitiques contradictoires.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
D’un côté, les Russes ne veulent pas l’OTAN en Ukraine. L’Ukraine n’a pas vocation à la rejoindre. Son indépendance nationale dépendra de sa capacité d’accepter au XXIe siècle la situation de la Finlande au XXe.
Russie
De l’autre, les pays d’Europe de l’Est, qui ont subi la domination russe de 1945 à 1989, voient avec méfiance la Russie. Cette méfiance est fondée. Pensons à Budapest, en 1956. À Prague, en 1968. À la russification forcée des Baltes. L’OTAN, après 1989, ne s’est pas étendue dans le vide. Les pays d’Europe de l’Est voulaient la rejoindre.
Le cinquième: le monde dans lequel nous sommes entrés congédie nos dernières illusions pacifistes. Si vis pacem, para bellum. Si tu veux la paix, prépare la guerre.