Je suis retourné à mon école secondaire qui trône (encore) au sommet du palmarès


Jean-Philippe Guilbault
Je suis retourné à mon école secondaire, le Collège Jean-Eudes, qui trône encore cette année au sommet du palmarès, et j'ai été surpris de voir que les choses ont beaucoup changé depuis 12 ans.
| Nombre d'élèves | 1788 |
| Retard en fonction de l'âge | 1,7% |
| EHDAA | 6,3% |
| Résultats (%) | 2022 | Tend. |
|---|---|---|
| Langue d'enseignement | 80,8 | equal |
| Langue seconde | 88,1 | equal |
| Science et technologie | 89,9 | equal |
| Mathématiques | 89,3 | equal |
| Taux d'échec | 1,7 | equal |
| Autres facteurs (%) | 2022 | Tend. |
|---|---|---|
| Surestimation | 0,2 | equal |
| Écarts sexes : langue | F 2,7 | equal |
| Écarts sexes : math. | F 1,7 | equal |
| Progression - retard | 0,5 | equal |
Lorsque j’y ai commencé mon parcours scolaire au début des années 2000, le Collège Jean-Eudes, situé dans le quartier Rosemont à Montréal, était considéré comme l’une des meilleures écoles du Québec et, avant ça, quand ma sœur y a aussi étudié, c’était la même réputation.
Mon patron m’a suggéré de faire un texte au «je» pour raconter ce retour aux sources.

Je m’y suis rendu un matin de novembre, curieux de savoir comment une école qui se classe systématiquement dans les meilleures, année après année, fait pour demeurer humble.
«Rebienvenue à la maison!», m’a chaleureusement lancé à mon arrivée le directeur général du collège, Dominic Blanchette. Déjà, je sentais qu’on changeait du registre protocolaire que j’avais connu.
Exit la cravate et bienvenue aux cheveux longs
Mes surprises se sont multipliées lors de notre visite des lieux.
L’ambiance entre les murs à l’heure du dîner est demeurée somme toute similaire à mon expérience. «Très high school américain», pour reprendre l’expression du photographe qui m’accompagne.

Même si l'uniforme tant détesté demeure, exit les cravates trop serrées. J’y ai même croisé un élève avec les cheveux aux épaules qui serait vite passé sous le clipper à une autre époque!
Le code vestimentaire s’est assoupli dans les dernières années, m’explique-t-on, à la suggestion du nouveau «parlement étudiant», un organe qui propose des modifications de règlements à la direction.
- Écoutez l'entrevue avec Sébastien Ménard, éditeur et rédacteur en chef du Journal de Québec, sur le palmarès des écoles du Québec via QUB radio :
«Il y a vraiment un monde qui a changé et pour le mieux!», assure en entrevue Dominic Desilets, qui enseigne au collège depuis 1998. Il a été le professeur de français de ma sœur et mon directeur de niveau.

L’école, qui me martelait en début d’année scolaire que je faisais partie de «l’élite de la société de demain», a fait baisser la pression d’un bon cran.
«Quand j’ai commencé au collège, en début d’année, on avait toutes les statistiques des examens du ministère: deux ou trois échecs en français... C’est sûr que les profs qui enseignaient ces matières sentaient une pression, raconte M. Désilets. Le positionnement de l’école au classement n’est [maintenant] plus une fin en soi.»
Bienveillance et accompagnement spécialisé
Le directeur général du collège, Dominic Blanchette, avance qu’il y a encore beaucoup de préjugés qui collent à la peau de Jean-Eudes.
«On prend tellement soin des élèves que ça m’attriste lorsque j’entends dire qu’on est un milieu rigide et centré sur la performance. On n’est plus là aujourd’hui», martèle-t-il.

Élève, j’avais souvent l’impression qu’on balayait les problèmes sous le tapis dans une école qui, à mon époque, n’était pas la plus outillée pour accompagner les étudiants en difficulté.
«Maintenant, il y a une psychoéducatrice, une technicienne en éducation spécialisée, un infirmier auxiliaire, une conseillère en orientation, une orthopédagogue...», m’énumère Dominic Désilets.

«On est même rendu avec un chien!», renchérit son directeur général, précisant que l’animal est utilisé pour de la zoothérapie dans les classes. «C’est terminé l’époque où, comme école privée, lorsqu’un élève ne réussit pas, on s’en débarrasse. On est vraiment ailleurs, dans une perspective humaine et bienveillante.»
En quittant le collège après cette visite, je ne peux que confirmer que «la maison» est un brin plus chaleureuse que lorsque je l’ai quittée en 2011.