Je suis Acadienne

Maude Cyr-Deschênes, Auteure-compositrice-interprète
Chaque enfant grandit en admirant un superhéros. Ces personnages incarnent des qualités admirables telles que le courage, la force ou la bonté; ils façonnent l’imaginaire. Que ce soit Superman ou Wonder Woman, nous avons tous une figure qui nous a marqués.
Pour moi, c’est Marguerite Blanche Thibodeau, dite Tante Blanche. Loin d’être une héroïne fictive inventée de toutes pièces, cette femme a aidé les familles du Madawaska à survivre lors de la famine de 1797. Son superpouvoir: être Acadienne!
Je suis Acadienne. Ces trois mots, je les proclame haut et fort avec fierté depuis toujours. Même si j’habite à Montréal depuis presque dix ans, loin de mon accent et de mon histoire, loin de cette terre qui a vu et qui voit encore mon peuple se battre pour sa culture, cette identité continue de me suivre, de me guider et de me nourrir.
Histoire
Depuis que je suis toute petite, partager ma culture est une mission. Mes parents, grands défenseurs de l’Acadie, ont créé un spectacle à Edmundston qui s’intitulait L’Acadie des terres et forêts en fête. Pendant vingt ans, à travers la musique et le jeu, j’ai transmis l’histoire de la Déportation, mais surtout l’histoire d’un peuple fier, enraciné, résilient, et surtout vivant.
J’ai pu interpréter plusieurs personnages historiques acadiens, tels que Françoise-Marie Jacquelin, dite Madame La Tour, Tante Blanche et, bien évidemment, le personnage fictif, mais tout aussi mythique d’Évangéline. J’idolâtrais ces héroïnes acadiennes qui par leur courage et leur détermination ont permis à mon peuple de survivre.
L’Acadie, ce n’est pas qu’un drapeau ou qu’un seul accent. C’est une langue chantante, aux couleurs uniques, en passant du chiac au brayon, à l’accent de la Baie Sainte-Marie, à celui de la Péninsule acadienne. L’Acadie, c’est tous mes Noëls passés à chanter les chansons de 1755 dans les chalets au bord de la rivière Restigouche; c’est la solidarité de deux Acadiens qui, sans même se connaître, tissent un lien instantané au détour d’un party, mais c’est surtout un peuple qui, malgré l’adversité et l’exil, décide de rester debout.
Origines
Mon accent s’est peut-être atténué avec le temps, mais ma fierté et mon identité ne m’abandonneront jamais. Aujourd’hui, même si je vis à Montréal, je décide de faire rayonner mes origines à travers les projets auxquels je participe. Mettre en lumière ma culture n’est pas seulement un choix, mais c’est bel et bien un devoir et une nécessité. Chaque fois qu’on parle de l’Acadie, qu’on met de l’avant ses voix et ses artistes, c’est un geste de fierté, de ténacité.
J’ai la chance d’incarner deux magnifiques personnages acadiens dans mes projets actuels. Tout d’abord, dans la série Libre dès maintenant, où j’interprète Maude Dubreuil, une jeune femme originaire du Nord-Ouest du Nouveau-Brunswick. Et bien évidemment, j’ai l’honneur d’incarner un personnage qui a permis de faire voyager la culture acadienne dans le monde entier: Évangéline. Cette héroïne est un emblème de l’Acadie, l’image d’un peuple fort et enraciné.
Notre histoire mérite d’être connue et racontée. Notre langue mérite d’être parlée et entendue. Nos enfants méritent de savoir d’où ils viennent et qui ils sont.
Je suis fière de savoir qui je suis. Je suis Acadienne.
Maude Cyr-Deschênes
Auteure-compositrice-interprète