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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Procès Rozon: «Je préférais mourir que l’entreprise meure», témoigne l’ex-magnat de l’humour

Gilbert Rozon a témoigné avoir vécu un «cataclysme» lorsque des allégations de nature sexuelle ont été révélées dans les médias en octobre 2017, voyant ainsi disparaître le quart du budget de Juste pour rire en quelques heures

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Photo portrait de Camille Payant

Camille Payant

2025-06-25T17:07:53Z
2025-06-25T23:05:57Z
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Le fondateur de Juste pour rire, Gilbert Rozon, a vécu un «cataclysme» qui s’est transformé en «descente aux enfers» lorsque des allégations de nature sexuelle ont été révélées dans les médias en octobre 2017, allant même jusqu’à «penser au suicide».

• À lire aussi: Poursuivi au civil par neuf femmes: en marge du procès, Rozon crie à l’extorsion

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«Je préférais mourir que l’entreprise meure. C’est l’œuvre d’une vie, tu veux que ça continue...», a témoigné l’ex-magnat de l’humour mercredi matin au palais de justice de Montréal.

Au troisième jour de son témoignage dans le cadre du procès civil l’opposant à neuf femmes qui lui réclament 14 millions $, Gilbert Rozon s’est replongé dans le «drame» des heures précédant la publication d’allégations de nature sexuelle à son égard dans les médias.

À cette époque, il aurait été en négociation avec Québecor concernant un lucratif contrat de plus de 17M$ annuellement. Mais avant même que les articles ne soient publiés, le propriétaire de TVA aurait retiré sa proposition. Pierre Karl Péladeau pourrait venir témoigner à cet effet à la fin de l’été, a-t-il été annoncé.

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30 M$ perdus

Selon les estimations de Gilbert Rozon, 30M$ auraient été perdus ou gelés pendant ces quelques heures. Grâce à des effets spéciaux, il a même été effacé des images d’une émission de téléréalité française qu’il avait tournée peu avant.

«Sur la simple rumeur, il y avait déjà un bûcher et on brûlait ma carcasse. Je n’avais d’autre choix que de démissionner», s’est-il remémoré.

Pour lui, il s’agissait d’un «geste temporaire le temps que la crise passe». Il ne sera finalement jamais retourné à la tête de son entreprise.

«Comme capitaine du bateau, mon rôle est de sauver les passagers. Je veux sauver l’entreprise, c’est ma seule préoccupation», a témoigné Gilbert Rozon, précisant que «les gens étaient en panique».

Dans leurs articles parus le lendemain matin, les médias «ont joué la carte du nombre» de victimes, préférant la quantité à la qualité, selon celui qui était visé.

Gilbert Rozon croyait que les sorties publiques de ces femmes n’étaient motivées que par l’argent. En salle d’audience, il a même accusé l’une d’elles, qui ne le poursuit pas dans le cadre de ce procès, d’extorsion.

«Descente aux enfers»

Après avoir été «sous l’adrénaline comme après un accident» pendant quelques jours, l’ex-magnat de l’humour s’est mis à «descendre à vue d’œil».

Il a dit avoir songé à se faire «interner parce qu’il était vraiment massacré et plus fonctionnel», puis avoir pensé au suicide.

«Pas pour fuir mes responsabilités, mais alléger mes proches qui devaient vivre un cancer moral de plusieurs années», a-t-il expliqué.

Mais il n’est finalement pas passé à l’acte parce qu’il «ne voulait pas donner l’impression d’un aveu aux allégations des médias».

Pendant cette «descente aux enfers» qui a duré deux ans, il était comme un «mort-vivant» prompt aux palpitations cardiaques et aux attaques de panique, a-t-il témoigné.

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