Je pisse sur la parade des Dodgers


Benoît Rioux
Tout circuit mettant fin à un match devrait normalement être savouré par un amoureux de baseball. À part évidemment s’il est frappé contre son équipe préférée.
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Celui réussi en fin de neuvième manche par Shohei Ohtani, mercredi soir à Los Angeles, a permis aux Dodgers, champions en titre de la Série mondiale, de l’emporter 6 à 5 contre les Braves d’Atlanta. Sans être un partisan des Braves, la séquence m’a pourtant laissé un goût amer dans la bouche.
Ohtani, l’homme de 700 millions $, est l’un des plus beaux phénomènes de l’histoire du sport professionnel à travers les siècles et je n’exagère pas. Il a toutefois le défaut de jouer pour un club boosté, un club qui, en étant trop fort, fait mal au baseball.
Après avoir remporté la plus récente Série mondiale, les Dodgers ont maintenant gagné leurs huit premiers matchs de la saison. C’est la première fois qu’un tel exploit survient! Je n’applaudis même pas. Je pisse plutôt sur cette bête parade.

Dommage, car Freddie Freeman, des Dodgers, demeure pourtant l’un de mes athlètes favoris. Or, avec lui, Ohtani, Mookie Betts de même que les lanceurs Blake Snell et Yoshinobu Yamamoto, ça devient ridicule. Comment les Marlins de Miami, avec une masse salariale quatre fois plus petite que celle des Dodgers, peuvent-ils rivaliser? Comment les partisans des Rockies du Colorado, qui sont dans la même division que le «Blue Crew», peuvent-ils savourer le début de la saison où, normalement, tous les espoirs devraient être permis?
Condamnés à gagner
Même Max Muncy, coéquipier d’Ohtani, semblait désabusé face au tout dernier exploit du Japonais, mercredi soir.
«Je n’étais pas du tout surpris, même si ce qu’il fait demeure surprenant», a-t-il ainsi réagi, cité sur le site web du baseball majeur.
Personne de sain d’esprit ne sera le moindrement étonné si les Dodgers gagnent la prochaine Série mondiale. En fait, le club de Los Angeles est plutôt condamné à la remporter. Sinon, c’est une honte. Évidemment, je ne leur souhaite pas de gagner, ne serait-ce que pour prouver aux amateurs de baseball qu’un championnat ne s’achète pas.
Triste époque
Étrangement, la situation des Dodgers n’est pas sans faire penser à la dynastie du Canadien de Montréal à la fin des années 1970. C’était bien avant l’implantation d’un plafond salarial, il y a 20 ans. Le CH avait alors le loisir de rassembler les Guy Lafleur, Steve Shutt, Larry Robinson, Guy Lapointe et Serge Savard, sans oublier le gardien Ken Dryden. Ce n’était pas juste pour les autres... Après avoir perdu seulement huit matchs sur 80 lors de la saison 1976-1977, le CH avait savouré la deuxième de quatre conquêtes consécutives. Les partisans de Montréal étaient contents, mais ce n’était pas génial pour bien d’autres équipes comme les... Rockies du Colorado.
En 2025, c’est tout le contraire, la Ligue nationale de hockey offre une bien plus belle parité que le baseball majeur. Triste époque pour être un amoureux de baseball quand un circuit gagnant d’Ohtani te pue au nez.