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L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

«Je ne vendrai jamais La Vie en Rose aux Américains!»

Entrevue avec le fondateur du fleuron québécois, François Roberge

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Photo portrait de Pierre-Olivier Zappa

Pierre-Olivier Zappa

2025-09-01T04:00:00Z
2025-09-01T16:32:34Z
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Quarante ans après avoir lancé La Vie en Rose, François Roberge ne tourne pas la page... il en écrit une nouvelle.

Alors que plusieurs fleurons québécois tombent aux mains d’intérêts étrangers, lui choisit de rester maître de son destin. En entrevue exclusive avec lui et ses proches, le fondateur m’a expliqué comment il va passer le flambeau à ses enfants, après avoir toujours refusé de vendre son entreprise.

Pierre-Olivier Zappa et le président-directeur général, François Roberge. Entrevue avec la famille Roberge de La Vie en Rose. Montréal, 27 août 2025.
Pierre-Olivier Zappa et le président-directeur général, François Roberge. Entrevue avec la famille Roberge de La Vie en Rose. Montréal, 27 août 2025. Photo Pierre-Paul Poulin

Q. Pourquoi refuser de vendre, comme tant d’autres entrepreneurs québécois?

R. François Roberge: Parce que La Vie en Rose, c’est ma vie! Ce n’est pas juste une business, c’est un projet de cœur. J’ai déjà eu beaucoup d’approches, y compris de La Senza qui a tenté de nous acheter. Mais depuis presque dix ans, j’ai fermé toutes les portes. À un moment donné, ces offres deviennent une distraction. J’ai fait le choix de la clarté: je ne suis pas à vendre. Mon dernier grand rêve, c’est la relève. Je veux voir mes enfants porter ce flambeau-là plus haut encore.


Q. Roméo et Amélia deviendront co-présidents d’ici cinq à sept ans. Est-ce que l’engagement à garder l’entreprise au Québec est ferme?

R. Amélia Roberge: Absolument. Ce n’est pas juste une décision d’affaires, c’est une question de valeurs. On en a parlé en famille, on a fait nos devoirs. Et on est tous tombés d’accord: La Vie en Rose va rester ici, entre les mains d’une entreprise familiale québécoise.

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R. François Roberge: En Amérique du Nord, on a cette mentalité du «bâtir pour vendre». Dès que ça devient rentable, on reçoit une belle offre et on encaisse. Mais en Europe, c’est l’inverse: les familles gardent leurs entreprises pendant des générations! Moi, je me reconnais plus dans cette vision-là!


Q. Comment se passe ce passage de pouvoir? Il y a des désaccords?

R. François Roberge: Bien sûr, et c’est sain. On travaille en famille, on vit tous à deux minutes les uns des autres. Mais on a des discussions franches. Et ce que j’aime, c’est qu’ils ont chacun leur style, leurs forces. Moi, je viens du temps du téléphone à roulette... eux, ils sont 100% techno. C’est un atout énorme.

R. Roméo Roberge: On prend ça à cœur. Et même si ce n’est pas toujours simple, on y va graduellement. On veut être prêts, pas juste pour diriger, mais pour le faire avec sérieux et responsabilité.

Président-directeur général, François Roberge. Entrevue avec la famille Roberge de La Vie en Rose. Montréal, 27 août 2025.
Président-directeur général, François Roberge. Entrevue avec la famille Roberge de La Vie en Rose. Montréal, 27 août 2025. Photo Pierre-Paul Poulin

Q. La Vie en Rose est présente dans 17 pays. L’Europe, c’est pour bientôt?

R. François Roberge: Je vous donne un scoop! Après dix ans de négociations, on s’apprête enfin à récupérer les droits de la marque La Vie en Rose en Europe. Une femme d’affaires italienne les détenait depuis les années 80. Le 6 septembre, je prends l’avion pour Palerme, en Italie, pour signer l’entente. Ça va me coûter 3 millions d’euros, mais les portes vont s’ouvrir là-bas!

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Q. Vous ouvrez aussi des magasins aux États-Unis. Est-ce que les tarifs de Trump compliquent votre expansion?

R. François Roberge: Oh que oui! On a dû fermer temporairement notre site web américain la semaine dernière parce qu’on ne pouvait plus expédier du Canada. Résultat: on installe un entrepôt en vitesse dans l’État de New York. Mais il n’y aura aucune perte d’emploi ici. Le Québec va toujours garder le contrôle stratégique.


Q. Roméo, Amélia, comment voyez-vous l’avenir de La Vie en Rose?

R. Roméo Roberge: L’avenir est omnicanal. Le client veut magasiner où il veut, quand il veut. Le numérique et les magasins vont coexister. Et ce qu’il faut, c’est être agile.

R. Amélia Roberge: Et surtout accessible. On veut rester proches de nos équipes, proches de nos clientes. C’est notre ADN depuis toujours.

Amélia, Roméo et François Roberge, président. Entrevue avec la famille Roberge de La Vie en Rose. Montréal, 27 août 2025.
Amélia, Roméo et François Roberge, président. Entrevue avec la famille Roberge de La Vie en Rose. Montréal, 27 août 2025. Photo Pierre-Paul Poulin

Q. Et le souper du dimanche... c’est business ou famille?

R. François Roberge: (rires) Je dis souvent: «Ce soir, pas de business!» Mais ça revient toujours sur la table. On a quatre visions, car ma femme est aussi impliquée. On débat, on partage des idées... mais on essaie de garder des moments 100% familiaux. Heureusement, notre plus jeune fille, qui ne travaille pas dans l’entreprise, joue souvent le rôle de frein!

L’entrevue complète sera diffusée à l’émission À vos affaires, ce lundi, à 18h30 sur LCN.

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