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L'article provient de TVA Sports
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«Je ne remercierai jamais assez Réjean Houle»

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Photo portrait de Jonathan Bernier

Jonathan Bernier

2020-12-06T13:22:28Z
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«Patrick Roy et Mike Keane ont fait de cette équipe une prétendante à la Coupe Stanley. Est-ce que l’Avalanche l’aurait remporté sans cette transaction? Je ne sais pas. Ce que je sais, par contre, c’est qu’elle a lancé ma carrière. C’est la meilleure chose qui pouvait m’arriver.»

Un quart de siècle s’est écoulé depuis la nuit où Réjean Houle a conclu l’échange le plus significatif de l’histoire du Canadien. Du moins, celui qui aura fait couler le plus d’encre.  

Vingt-cinq années au cours desquelles chaque fois que l’événement est ramené sur le tapis, l’ancien directeur général du Canadien se fait écorcher. Toutefois, en sourdine, Martin Rucinsky a passé ces 25 dernières années à éprouver de la reconnaissance.

«Je ne remercierai jamais assez M. Houle. Ça a changé ma vie. Je n’aurais pas connu la même carrière si j’étais demeuré avec l’Avalanche. Là-bas, j’étais surtout utilisé au sein des troisième et quatrième trios. Je n’ai jamais eu l’occasion de jouer au sein du deuxième trio. Encore moins du premier», a déclaré le Tchèque, joint par Le Journal de Montréal à son camp de pêche, où il s’est isolé de la montée fulgurante des cas de COVID-19 en République tchèque.

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Il faut dire que l’Avalanche regorgeait de talent en attaque avec Joe Sakic, Peter Forsberg, Valeri Kamensky, Claude Lemieux et Scott Young.

«Mon arrivée à Montréal m’a permis d’éclore. C’est dans l’uniforme du Canadien que j’ai connu mes meilleures saisons. J’avais beaucoup de temps de jeu. J’étais utilisé en supériorité numérique. L’entraîneur m’a donné beaucoup de responsabilités. Il avait confiance en moi. J’ai pu montrer ce que je savais faire et prouver que j’étais un joueur de la LNH», a-t-il ajouté.

Rucinsky parle surtout de Mario Tremblay, sous qui, quand il était dans la mi-vingtaine, il a connu des campagnes de 25 buts (en 56 matchs) et de 28 buts.

En trois saisons complètes à Québec, avant le transfert des Nordiques vers Denver, il n’avait franchi le plateau des 10 buts qu’à une seule occasion (18 en 1992-1993).

Toute une surprise  

Rucinsky ne s’attendait pas du tout à passer dans le camp du Canadien ce soir de décembre 1995. Comme tout le monde, il était au fait de l’événement qui avait secoué les colonnes du Forum quelques jours plus tôt. Il savait que l’Avalanche, en raison des liens entre Pierre Lacroix et le populaire gardien, était favorite dans le derby pour l’obtenir.

D’ailleurs, il se souvient que les rumeurs de tractation entre les deux équipes s’étaient rendues aux oreilles des joueurs dans le vestiaire de l’Avalanche bien avant la dégelée du 2 décembre. Mais jamais l’idée qu’il y serait impliqué ne lui a traversé l’esprit. Pourquoi?

«Simplement parce que je crois que mon nom est le seul à ne pas avoir été mentionné dans toutes ces rumeurs. On entendait souvent Owen Nolan [que l’Avalanche avait finalement échangé à San Jose quelques semaines plus tôt], Mike Ricci, Scott Young, Adam Foote et Jocelyn Thibault», s’est-il souvenu.

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Six messages dans la boîte vocale!   

Si Roy et Keane ont été réveillés aux petites heures de la nuit (2 h 22, soulignera Roy à Bertrand Raymond), Rucinsky était attablé à un restaurant de Denver en compagnie d’une demi-douzaine de coéquipiers lorsqu’il a eu vent de la transaction. L’Avalanche venait tout juste de lessiver les Sharks 12 à 2.

«J’attendais un appel important de mes parents ce soir-là. Puisqu’il n’y avait pas de téléphone cellulaire à l’époque, il fallait appeler à la maison pour prendre les messages dans notre boîte vocale», a-t-il rappelé.

«Je l’ai fait une première fois. Pierre Lacroix m’avait laissé six messages! J’ai commencé à les écouter, mais puisqu’il y avait trop de bruits dans le restaurant, je n’arrivais pas à entendre ce qu’il disait. Je suis donc allé me rasseoir», a-t-il poursuivi.

Intrigué par le nombre de messages que lui avait laissés son directeur général, l’attaquant a fait une deuxième tentative une demi-heure plus tard.

«Pierre avait eu le temps de laisser d’autres messages. J’ai fini par comprendre qu’il voulait que je l’appelle. Que c’était urgent. Ce que j’ai fait. Il m’a demandé de passer à son bureau immédiatement. Sans vouloir me dire où, il m’a expliqué que j’avais été échangé.»

Rapidement dans le bain  

Rucinsky est donc sauté dans un taxi en direction de l’aréna McNichols sans connaître sa prochaine destination. Même en apercevant Jocelyn Thibault et Andrei Kovalenko sur les lieux, le déclic d’une possible transaction avec le Canadien ne s’est pas fait dans sa tête.

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«Je me disais que je faisais peut-être partie d’une autre transaction. C’est en entrant dans le bureau de Pierre qu’il m’a annoncé que je devais faire mes valises pour Montréal.»

Rucinsky n’était pas au bout de ses surprises. En raison de l’heure tardive, il a dû s’empresser de faire un détour par la maison, faire quelques valises, se diriger vers l’aéroport et s’envoler vers Montréal, où Houle souhaitait le voir en uniforme le soir même.

Rucinsky a disputé ce match de même que celui du lendemain, à Pittsburgh. Trois matchs en trois soirs dans trois villes. Avec à peine quelques heures de sommeil dans le corps. C’est ce qui s’appelle sauter dans le bain.

C’est également ce qui lui a prouvé qu’il serait un morceau important de sa nouvelle équipe.

L’éclosion de Rucinsky à Montréal en chiffres:     

  • À ses 56 premiers matchs à Montréal, il a maintenu une moyenne de 1,07 point par match.  
  • Ses quatre saisons d’au moins 20 buts ont été réalisées dans l’uniforme du Canadien.  
  • Des quatre saisons d’au moins 50 points qu’il a connues, trois l’ont été avec le Canadien.  
  • Avec le Tricolore, il a inscrit 134 buts en 432 matchs (0,31 but/match). En 529 matchs avec d’autres formations, il a marqué 107 buts (0,20 but/match).
      
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