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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Je n’aurai finalement jamais dîné avec Mme B.

Le Journal perd une grande chroniqueuse, qui éclairait nos lecteurs de ses opinions tranchées et puissantes

Photo d'archives, Le Journal
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Photo portrait de Sébastien Ménard

Sébastien Ménard

2023-07-04T13:55:00Z
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Il y a quatre semaines, tout au plus, Mme B. m’avait encore promis de m’inviter à dîner lorsqu’elle serait de passage à Québec. «Choisissez le restaurant et c’est moi qui vous invite», m’avait-elle dit, de sa voix inimitable, qui ne laissait jamais de place au compromis.

Cela devait faire dix fois qu’on se faisait cette promesse, Denise et moi. 

On s’était beaucoup rapprochés au cours des dernières années, depuis que je supervise quotidiennement le travail de nos chroniqueurs d’opinion. 

Intimité

Nos conversations dépassaient largement le cadre de ses chroniques au Journal. Mme Bombardier m’appelait, souvent très tôt le matin, parfois simplement pour discuter de sa vie, entre Montréal, North Hatley et la Floride. De son conjoint, James, de son fils, Guillaume. De ses gains au casino ou de sa vie sociale qui était encore très occupée.

Elle connaissait tous les grands de la politique, des médias, du monde des affaires. D’ici et de la France.

Elle me confiait de grands pans de sa vie. Elle se racontait et ne demandait qu’à être écoutée. On a ri ensemble et elle a aussi partagé avec moi des peines très intimes qui l’habitaient. J’étais devenu un confident avec qui elle avait pris l’habitude d’échanger, plus particulièrement depuis la pandémie, une période qu’elle a tant détestée et qui l’avait privée des contacts sociaux qui la gardaient en vie, malgré ses 82 ans – qu’elle ne faisait d’ailleurs pas.

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  • Écoutez l'hommage à Denise Bombardier via QUB radio :

Privilège

J’ai toujours admiré Denise Bombardier. Elle m’impressionnait. Sa feuille de route m’intimidait.

D’avoir pu me rapprocher d’elle au cours des dernières années a été pour moi un véritable privilège.

Mais d’apprendre sa mort mardi matin, aux aurores, a été un choc incommensurable. 

Elle m’avait appelé, il y a quelques semaines, pour prendre congé de sa chronique durant une partie de l'été. Elle avait bien eu des ennuis de santé, mais elle les avait minimisés et m’avait assuré qu’elle n’avait besoin que de repos.

Le Journal en deuil

Aujourd’hui, Le Journal perd une grande chroniqueuse, qui éclairait nos lecteurs de ses opinions tranchées et puissantes.

Elle était fière d’écrire pour Le Journal de Montréal et Le Journal de Québec, fière de pouvoir rejoindre ainsi les Québécois par sa plume unique.

Nos lecteurs perdent une chroniqueuse incomparable, mais le Québec perd une pionnière et une grande intellectuelle.

Vous allez nous manquer, Mme B. 

J’irai au resto en votre honneur, chère Denise, chère amie, pour vivre ce dîner en tête-à-tête, que nous ne nous sommes finalement jamais offert.

Sébastien Ménard

Éditeur et rédacteur en chef du Journal de Québec

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