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L'article provient de Le Journal de Québec
Justice et faits divers

«Je n’ai jamais vu ça»: l’offre sexuelle explose sur le web... à temps pour le Grand Prix

Les services sont davantage exposés sur de multiples plateformes

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Photo portrait de Valérie Gonthier

Valérie Gonthier

2022-06-16T04:00:00Z
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Le retour du Grand Prix à Montréal après deux ans de pandémie se fait sentir dans l’offre sexuelle sur le web: non seulement le nombre d’annonces a explosé, mais elles sont disponibles sur diverses plateformes accessibles à tous.

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«Avant, on devait surtout passer par des sites spécialisés, mais cette année, c’est partout, partout, partout. J’en ai vu sur Facebook, sur Twitter, ailleurs sur les réseaux sociaux. Je suis fasciné, je n’ai jamais vu ça», lance le policier à la retraite Paul Laurier.

Il ne faut pas chercher très longtemps sur internet pour trouver l’offre sexuelle en vue du Grand Prix de Montréal ce week-end, comme en témoignent ces annonces trouvées en quelques clics hier.
Il ne faut pas chercher très longtemps sur internet pour trouver l’offre sexuelle en vue du Grand Prix de Montréal ce week-end, comme en témoignent ces annonces trouvées en quelques clics hier. Capture d’écran tirée du web

Depuis des années, celui qui est président de la firme de sécurité Vigiteck trouve grâce à un logiciel les offres sexuelles qui pullulent sur internet. 

Capture d’écran tirée du web
Capture d’écran tirée du web

M. Laurier vient de répertorier pas moins de 30 000 annonces actives d’escortes. Les autres années, la semaine avant le Grand Prix, on parlait plus de 10 000 offres. 

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Pour 2022, il n’a pas été possible de comparer avec les derniers mois, puisque les événements publics, qui ont un grand impact sur la demande de services sexuels, viennent tout juste de recommencer. Et si le nombre d’annonces a tant augmenté, cela veut-il dire que plus de femmes vendent leurs services sexuels ? Pas nécessairement, précise-t-il.

En effet, c’est plutôt l’utilisation des réseaux sociaux et l’achat de mots-clés sur les moteurs de recherche qui font exploser l’offre depuis une semaine. « Les mêmes filles se multiplient partout », note-t-il. 

  • Écoutez l'entrevue de Benoît Dutrizac avec Paul Laurier sur QUB Radio:

Beaucoup de choix

Pourtant, à Montréal, il n’a jamais été compliqué de se commander des services sexuels. Mais les hommes transigeaient surtout sur les sites de salons de massage ou d’agence d’escortes, choisissaient la fille selon ses critères physiques, sa nationalité, son âge ou... selon la station de métro à proximité, note M. Laurier. 

«On va voir une même annonce sur un site de petites annonces, sur le site personnel de la fille, sur un forum, sur Facebook ou ailleurs sur les réseaux sociaux, a expliqué M. Laurier. Ils ont multiplié les domaines, ils se sont mis à jour.»

Capture d’écran tirée du web
Capture d’écran tirée du web

Encore plus d’offres?

Et si l’offre est déjà considérable, elle pourrait augmenter encore. 

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«Le point culminant, ce sera aujourd’hui ou demain, quand on va voir les filles d’ailleurs apparaître», avertit le policier retraité, en référence aux jeunes femmes exilées dans d’autres provinces ou aux États-Unis habituellement rapatriées à Montréal le temps du week-end de la Formule 1.

Et il ne fait aucun doute que la demande sera au rendez-vous après deux années de pause forcée, a fait savoir la criminologue Maria Mourani.

Capture d’écran tirée du web
Capture d’écran tirée du web

«Ils vont arriver de partout dans le monde. Il y aura une affluence de touristes, tous les proxénètes vont converger vers la F1 pour vendre leurs produits et pour recruter», a-t-elle dit.

  

  • Écoutez l'entrevue de Philippe-Vincent Foisy avec Yves Lalumière, président-directeur général de Tourisme Montréal sur QUB radio :   

De la sollicitation sur les réseaux sociaux  

Des experts s’inquiètent que de nombreuses tentatives de sollicitations sexuelles apparaissent sur les réseaux sociaux, même à des endroits inattendus, comme des groupes Facebook d’entraide. 

«Je n’ai jamais eu aussi peur pour les jeunes filles. Ça donne l’impression que des hommes sont en feu, il y a de la sollicitation partout», déplore Rose Sullivan, une intervenante auprès de victimes de l’exploitation sexuelle.

Elle dit avoir été témoin de sollicitation pour des services sexuels notamment sur Facebook, dans un groupe de recherche d’emplois étudiants, ou même dans des groupes d’entraide. 

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Banalisation

«Une dame qui demandait de l’aide pour arriver à la fin du mois s’est fait offrir par un homme d’être payée en échange de sexe», dénonce-t-elle. 

«Des survivantes [de l’exploitation sexuelle] m’écrivent pour me montrer les offres qu’elles ont reçues, c’est incroyable», ajoute-t-elle.

Selon elle, certaines de ces sollicitations viennent de femmes qui font elles-mêmes la promotion de leur travail sur les réseaux sociaux, accessibles à tous. 

«Je vois de plus en plus de femmes s’exposer sans forcément mettre des annonces prostitutionnelles, que ce soit sur TikTok, Instagram, ou Snapchat, a aussi noté la criminologue Maria Mourani. Des gars les contactent et ils font la transaction.»

Mais toute cette «promotion» et cette «banalisation» peuvent être néfastes, déplore Mme Sullivan.

«C’est plus alléchant pendant le Grand Prix, pour certaines, ça vaut la peine parce que les clients viennent de loin et sont prêts à payer cher. Mais après le Grand Prix, ce n’est pas aussi payant. Une fille qui se fait payer des milliers de dollars pour être une “sugar baby”, c’est très rare que ça se termine dans ses poches à la fin. C’est tellement illusoire de vendre ça aux jeunes femmes», a-t-elle dénoncé.

Écoutez Félix Séguin à l’émission de Richard Martineau tous les jours en balado ou en direct à 8h45 via l’app QUB et le site qub.ca :   

Se responsabiliser

Hier, la ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal Chantal Rouleau s’est fait questionner sur l’exploitation sexuelle en marge du week-end de Formule 1.

«On n’est pas contre le Grand Prix, loin de là, ça a un impact très important sur la métropole. Mais l’exploitation des jeunes ne doit pas faire partie de la donne. Les adultes qui font ça doivent prendre leurs responsabilités, doivent être conscients de leurs gestes», a-t-elle dit.

– Avec Marc-André Gagnon

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