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«Je n'ai jamais dit que j'étais Mario Lemieux»: Alexandre Daigle s'ouvre sur sa carrière controversée dans un documentaire

Alexandre Daigle pose pour la sortie de son documentaire «Chosen One», lundi à Montréal.
Alexandre Daigle pose pour la sortie de son documentaire «Chosen One», lundi à Montréal. Photo Pierre-Paul Poulin
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Photo portrait de Jessica Lapinski

Jessica Lapinski

2024-01-23T00:30:00Z
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Il était l'élu, «The Chosen One», comme titraient certains journaux à l'époque. Mais 30 ans après avoir été sélectionné au premier rang du repêchage de la Ligue nationale, Alexandre Daigle l'affirme sans détour au Journal: «J’étais bon, mais je ne peux dire que j’étais aussi bon que Guy Lafleur ou Mario Lemieux. Sauf que c'était ça, les attentes des médias, et je n'avais aucun contrôle là-dessus.»

Daigle sera, à compter de vendredi, la vedette d'un documentaire sur Amazon Prime qui porte sur sa carrière controversée, durant laquelle il n'a jamais, justement, réussi à répondre aux immenses attentes envers lui avant même que les Sénateurs d'Ottawa ne l'appellent sur le podium en grande pompe. 

Voyez des extraits ici:

S'habiller en infirmière pour 12 millions $

Intitulée Chosen One: Alexandre Daigle, l'émission s'ouvre sur des images d'archives de Sportsnet du milieu des années 2000, dans lesquelles l'animateur se moque de l'attaquant québécois, qui en est alors à son deuxième séjour dans la LNH. 

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«Alexandre Daigle est devenu un héros dans la LNH, mais surtout pour l'argent qu'il a fait et les filles avec qui il est sorti. Quoique moi aussi, je m'habillerais en infirmière pour 12 millions $ et un peu de Pamela Anderson. Le joueur du Wild a connu une drôle de carrière et plusieurs se demandent pourquoi l'ancien premier choix au total continue à jouer.»

Capture d'écran tirée d'Amazon Prime
Capture d'écran tirée d'Amazon Prime

Ce à quoi Daigle, en visionnant la séquence pour le tournage du documentaire, répond: «C'est une bonne question.»

Mais la réponse, le Lavallois d'origine l'avait en lui, a-t-il dit en entrevue, lundi. C'est que contrairement à ce que certains de ses détracteurs ont pu dire durant sa carrière, il aimait ça pas mal, le hockey. 

Assez, notamment, pour aller conclure sa carrière en Suisse, où il a pris sa retraite 17 ans après ses premiers coups de patin dans la LNH.

«Arrêtez, est*, avec les “j’aime pas ça le hockey”, lance d'ailleurs Daigle à ceux qui ont douté de sa passion. Je joue encore au hockey, j’en écoute chez moi, et ça n’arrêtera pas.»

Alexandre Daigle lors de sa sélection par les Sénateurs, en 1993.
Alexandre Daigle lors de sa sélection par les Sénateurs, en 1993. Photo d'archives
Il lui manquait «le edge»

Ce qui lui manquait, explique-t-il tant dans le documentaire qu'au Journal, c'était plutôt «le edge», ou cet espèce de désir de se surpasser et de pousser son talent encore plus loin qui sépare les bons joueurs des supervedettes. 

Celui qui différencie, sans doute, Alexandre Daigle de Mario Lemieux ou de Guy Lafleur.  

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Dans Chosen One, Daigle, aujourd'hui âgé de 48 ans et producteur exécutif pour des émissions de télé, précise le moment où il l'a perdu. 

Il avait 15 ans, il jouait au niveau midget et il était habitué à marquer 50 buts par saison. «Cinquante, c'était mon but, tout le temps. Puis un jour, pouf, j'ai perdu cette motivation.»

Capture d'écran tirée d'Amazon Prime
Capture d'écran tirée d'Amazon Prime

Daigle croit d'ailleurs, 30 ans plus tard, que les choses auraient pu être fort différentes pour lui s'il avait eu accès aux mêmes outils que les joueurs d'aujourd'hui. Des psychologues sportifs, un programme d'aide... Il est heureux que les hockeyeurs de la LNH aient désormais accès à toute cette aide. 

Mais dans le temps, «une déprime», comme le dit son papa Jean-Yves, qui fait aussi partie du documentaire, «c'était un tabou».

Photo d'archives
Photo d'archives
«It is what it is»

Le contexte de sa sélection ne l'a pas aidé non plus à atteindre son plein potentiel, croit-il. Les Sénateurs avaient 11 recrues parmi leurs joueurs, dont lui, l'étoile bilingue qui parlait toujours aux médias. 

Leur directeur général et l'entraîneur-chef en étaient aussi à leur première année. 

«C'est sûr qu'à l'époque, je me disais câlique, est-ce que ça va finir par se replacer? Mais quand je regarde ça avec du recul, il n'y avait aucune chance que ça se replace», analyse Daigle.  

Photo d'archives
Photo d'archives

N'allez toutefois pas croire que Daigle regarde dans le rétroviseur avec amertume. Celui qui dirige maintenant son fils au hockey dégage toujours au bout du fil ce charisme et cette spontanéité qui avaient contribué, outre son immense potentiel, à en faire le premier visage des Sénateurs, en 1993. 

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«It is what it is» («c'est comme ça et je ne peux rien y changer») est d'ailleurs l'expression avec laquelle il ponctue le plus souvent ses phrases quand on le questionne sur ses potentiels regrets. 

«J'ai eu une méchante belle vie, après tout, souligne-t-il depuis Montréal, où il est installé depuis la fin de sa carrière. Et j'en ai encore une méchante belle.»

Alexandre Daigle et Jean Béliveau
Alexandre Daigle et Jean Béliveau Photo d'archives

Il est tout de même étrange de voir Daigle en vedette d'un documentaire, lui qui s'est tenu derrière les projecteurs plutôt que devant, depuis la fin de sa carrière si médiatisée. 

Mais l'ancien premier choix explique ne pas avoir hésité quand Amazon l'a contacté pour qu'il fasse partie de ce projet. Notamment pour ses enfants, «qu'il a eus à la fin de sa carrière ou après». 

Entrevues difficiles et déguisement d'infirmière

Pourtant, quand on le regarde de l'extérieur, l'exercice n'a pas dû être qu'une partie de plaisir. À maintes reprises, l'on voit Daigle visionner des images de sa carrière, et ce ne sont pas que les plus beaux des 327 points en 616 matchs qu'il aura finalement obtenus dans la LNH. 

Non, il regarde aussi des entrevues télévisées en apparence difficiles, livrées dans les années 1990, durant lesquelles il est questionné sur son dévouement pour le hockey. 

Capture d'écran tirée d'Amazon Prime
Capture d'écran tirée d'Amazon Prime

Des critiques d'époque de ses anciens entraîneurs ou directeurs généraux, qui disaient qu'il ne devrait pas passer ses étés à Los Angeles. 

Ces citations controversées, comme lorsqu'il a dit (et il explique avoir été cité hors contexte) que tout le monde se souvient du premier, mais pas du deuxième. 

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Et il y a ces fameuses photos de lui déguisé en infirmière pour une campagne publicitaire de The Score, qui avaient tant fait jaser il y a 30 ans, et qui lui avaient valu de virulentes critiques dans le milieu ultra conservateur de la LNH.

«Hé, je paraissais bien! répond-il d'ailleurs en riant, en les voyant dans le documentaire. J'avais des abdominaux à l'époque!» 

Capture d'écran tirée de Ebay
Capture d'écran tirée de Ebay

«C'est sûr que de regarder des choses difficiles, ce n'était pas toujours le fun, mais en même temps, le documentaire n'a pas été fait sur une fin de semaine», explique Daigle, qui souligne tout de même que les cinq premières minutes ont été plus pénibles. 

«On dirait que je ne me reconnais pas tellement: j'avais 18 ans, je n'avais pas les mêmes réflexes, je n'avais aucun vécu. Les années m'ont permis de mettre les choses en perspective. L'histoire de l'infirmière, j'en ris maintenant, mais à l'époque, je ne trouvais pas ça cool de me faire abuser.»

Là aussi, Daigle croit que son histoire a pu servir d'exemple pour mieux préparer les jeunes vedettes du hockey. 

«Ils le font maintenant. Je pense que tout le monde a compris que tu fais un investissement dans ces jeunes-là pour les 10 ou 15 prochaines années. Tu dois le protéger et mettre les chances de son côté.»

«Si j'avais eu de l'aide...»

Le besoin de soutien et d'encadrement, mais aussi cette vie glamour de jeune premier, ces étés avec le gratin de Los Angeles, ces rumeurs de liaison avec Pamela Anderson (sur lesquelles il ne s'épanche pas). 

Quand on regarde ça avec du recul, au-delà du contexte des pauvres Sénateurs, Alexandre Daigle était-il au final trop en avance sur son temps, dans cette LNH où les chapeaux et les triple low five de P.K. Subban étaient encore critiqués il y a quelques années?

«Ah oui, on le voit maintenant [ce genre de visibilité], quand c'est positif, c'est bon pour la ligue, c'est bon pour l'athlète. Alors, je dirais oui, à 1000%.»

Photo Pierre-Paul Poulin
Photo Pierre-Paul Poulin

Malgré tout, Daigle l'affirme sans détour: il est aujourd'hui «très heureux».

«Mais si j'avais eu de l'aide, est-ce que ç'aurait changé la direction de ma carrière? répète-t-il. C'est sûr.»

Alexandre Daigle: Chosen One sera diffusé sur Amazon Prime à compter du vendredi 26 janvier. 

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