Elle met de côté 60% de sa paye pour s’acheter sa première maison


Francis Halin
Durant quelques jours, Le Journal vous présentera des portraits de jeunes qui s’apprêtent à se lancer dans la vie. Inflation, crise du logement, endettement: de nombreux jeunes québécois s’inquiètent pour leur avenir.
Une jeune infirmière de 21 ans arrive à mettre 60% de sa paye de côté depuis trois ans en menant un train de vie plus modeste pour pouvoir s’acheter sa première maison et pour se marier avec son conjoint.
«J’ai lu la convention collective de A à Z pour la comprendre. Je l’ai étudiée. J’ai posé des questions pour faire ce qui avait le plus de sens financièrement», explique Marie-Anne Bonneau, une jeune infirmière de la Rive-Sud de Montréal dans le début de la vingtaine.
«Au lieu de faire un temps complet, j’ai opté pour un temps partiel avec du temps double et des primes de 200$. Je gagne très bien ma vie», poursuit-elle.
Grâce à sa discipline de fer, Marie-Anne Bonneau est en train de réussir un véritable tour de force: accumuler assez d’argent pour se lancer dans la vie.
«Je mets 60% de ma paye de côté pour m’acheter une maison de 700 000$», résume-t-elle.
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Vieille minoune
Son secret? Pas question de se payer un appartement luxueux ni de voiture neuve, même si elle en a les moyens.
Son loyer actuel lui coûte à peine 10% de son salaire et elle se contente d’une vieille minoune achetée pour 3500$ il y a trois ans avec son propre argent.
«J’ai calculé que je dois économiser 280$ par semaine pour arriver à avoir ma mise de fonds de 20%, ce qui est très réaliste. Je vais à l’université à temps plein, et j’y arrive », illustre la jeune femme à son affaire.
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Son copain, un apprenti électricien, a lui aussi un bon chèque de paye. Il poursuit le même rêve qu’elle en amassant l’argent le plus possible.
«C’est vraiment les heures supplémentaires qui me permettent d’accumuler des sommes extraordinaires aussi rapidement. Il faut connaître le système pour être capable d’économiser», insiste Marie-Anne Bonneau, qui a beaucoup lu sur les finances personnelles.
Conseiller financier, gestionnaire de portefeuille, comptable... elle s’est entourée d’une équipe pour l’aider à atteindre ses objectifs. Et ça porte fruit.
«Société du paraître»
Alors que la jeunesse a souvent du mal à joindre les deux bouts, Marie-Anne Bonneau est d’avis que trop gens vivent au-dessus de leurs moyens.
C’est d’ailleurs ce qui l’a poussée à contacter Le Journal à la lecture de notre dossier portant sur les finances de la jeune génération: elle voulait partager son expérience pour montrer qu’il y a moyen de s’enrichir lorsqu’on est déterminé.
Pour y arriver, on ne peut pas tout avoir, souligne-t-elle. Il faut faire un certain deuil de ce qui est valorisé dans la société de consommation.
«La société met en valeur l’argent et le paraître. Les gens doivent regarder mon auto, et se dire: “Ayoye”, mais c’est exactement ça, le paraître», dit-elle.
«Je n’ai rien à crédit. Tout m’appartient. Je n’ai que mon loyer et Hydro-Québec à payer. C’est tout. C’est ça, la liberté financière. Les gens ne connaissent plus ça, et c’est triste», ajoute-t-elle.
Au Journal, elle confie que lorsqu’elle travaillait au Tim Hortons, plus jeune, elle marchait une bonne heure pour aller au boulot et pour revenir, ce qui lui a rapporté assez d’argent pour aller en appartement à l’âge de 18 ans avec son conjoint.
«J’ai accumulé de l’argent. Je n’ai pas reçu une fois d’argent de mes parents. Je me suis débrouillée», conclut-elle.