«Je me sens vraiment riche d’habiter ici»: ce jeune Montréalais a trouvé le bonheur en s’exilant sur la Côte-Nord
L’homme de 26 ans va à l’opposé de sa génération et a quitté la ville pour la campagne


Félix Desjardins
Plonger les mains dans la terre, manger un sandwich avant d'aller au lit, apprécier la beauté du monde: des Québécois ont trouvé leur bonheur dans une panoplie de petites et grandes choses. Voici une série de témoignages pour vous inspirer.
Un jeune Montréalais a réalisé son rêve en quittant la grande ville pour s’installer en pleine nature dans un petit village de la Côte-Nord, où vivent à peine 100 habitants.
Durant toute son enfance, passée en plein cœur du Plateau-Mont-Royal, Gabriel Rondeau, 26 ans, attendait impatiemment le moment où il retrouverait le chalet familial dans Lanaudière.

«Quand est venu le moment de décider ce que j’allais faire de ma vie, je me suis dit: ce n’est pas vrai que je vais passer ma vie à attendre la fin de semaine», résume-t-il, faisant allusion à sa décision d’aller étudier au cégep en Gaspésie.

Il a ainsi complété sa formation de guide d'aventure, qui lui permet de superviser et d'épauler des groupes pendant de grandes expéditions en nature. Et quelques années plus tard, en 2021, il a fait le grand saut: à l’âge de 22 ans seulement, il s’est installé à Magpie, à près de 12 heures de route de la métropole.
Avec sa copine, Marguerite Brin, ils se sont acheté une maison délabrée de 1903 pour la modique somme de 30 000$. Le projet d’une vie.

«En avant de chez nous, j’ai la mer et je vois l’île d’Anticosti, se réjouit-il. En arrière, c’est l’infini du Labrador. Magpie était un coup de cœur pour moi: c’est un des plus beaux villages de la région. Il y a un côté naturel et peu urbanisé qui m’attirait.»
«Moi, j’ai tout. Je me sens vraiment riche d’habiter ici», confie-t-il.
• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
La richesse autrement
Quand il n’arpente pas le fleuve Saint-Laurent ou les cours d’eau de la Côte-Nord à bord de son canot, Gabriel Rondeau se plaît dans l’autosuffisance et dans l’esprit de communauté intergénérationnel qui règne à Magpie, où «l’anonymat n’existe pas».
«En ville, tu ne connais pas les gens qui habitent dans le même bloc que toi. Ici, je connais tout le monde sur ma route. On a des jeunes voisins qui viennent jouer aux cartes tous les jours. On passe parfois notre fin de semaine au chalet de voisins plus âgés. Je trouve ça tripant de connaître des gens de tous les âges.»
Puisque l’épicerie la plus proche est à Sept-Îles, à une heure et demie du village, l’alimentation de Gabriel et Marguerite est on ne peut plus locale.
«Je n’achète pas de viande. J’ai tué un orignal cette année et mon congélateur est plein. Ma blonde pêche le flétan et la morue. On a des fruits, de la confiture... On ne manque de rien.»
Des villages sous-estimés

Même s’il reconnaît que certaines périodes de l’année sont plus creuses ー «Novembre, ici, c’est plate en es**!» ー, il ne se voit pas déménager de sitôt. Il déplore d’ailleurs la perception généralement négative à l’égard des petites municipalités recluses au Québec.
«Les petits villages comme le mien sont souvent considérés comme dévitalisés économiquement. On oublie la qualité de vie dans ces indices de PIB et de vitalité économique. Je gagne beaucoup moins que bien du monde, mais je n’ai pas de stress financier non plus», conclut-il.