«Je me sens un grand sentiment d’appartenance aux régions»: la romancière Carmen Belzile à la défense des villages du Québec dans son roman «Un village en héritage»

Autrice de nombreux romans, dont Les chemins de Hauterive et Le secret des vagues, Carmen Belzile s’est inspirée du sort économique incertain de nombreux villages québécois et des mouvements de revitalisation qui sont nés depuis quelques années, pour écrire Un village en héritage. Ce nouveau roman, publié chez Saint-Jean, montre que la détermination, la créativité et la solidarité peuvent vraiment changer le cours des événements. Et changer des vies.

À 25 ans, Amélie hérite de la maison de sa grand-tante à Val-des-Cimes, un petit village où elle a passé des étés mémorables dans son enfance. Elle préfère toutefois vivre en ville et pour elle, le charme de la campagne n’opère pas: elle choisit de louer la maison.

Dix ans plus tard, Amélie se trouve à la croisée des chemins: sa vie de couple ne va pas très bien, son existence stagne et elle a clairement besoin de changement. Or, la maison en location se libère. C’est l’occasion de revenir à Val-des-Cimes.

Solidarité et action

Amélie retourne au village de son enfance mais découvre que la survie du village est en péril. Femme d’action, elle décide de s’impliquer et de créer un petit groupe pour revitaliser la communauté et sauver le village.

Dans ce groupe solidaire se trouve une autre personne qui, peut-être, lui permettra de donner un nouveau souffle à sa vie.

Née à Trois-Pistoles

Carmen Belzile, née à Trois-Pistoles, connaît très bien le charme de la vie à la campagne. Elle est allée en signature à Rivière-du-Loup au début de l’été. «Je trouve que les régions sont un petit peu mises au rancard, de ce temps-là», commente-t-elle, en entrevue. Je trouve que cette histoire vient à point, pour essayer un petit peu de mettre en valeur les régions».

«Même si j’habite à Québec, je suis née en région, j’ai grandi en région. Je me sens plus un sentiment d’appartenance aux régions. Je suis née à Trois-Pistoles. Mes parents sont partis quand j’étais jeune. Ils ont déménagé sur la Côte-Nord mais je suis toujours restée attachée à cette ville-là.»

Elle y a toujours de la famille. «Quand j’étais pensionnaire dans le Bas-du-Fleuve, j’allais chez mes tantes parce que traverser le fleuve c’était trop compliqué l’hiver. Je suis restée toujours attachée à Trois-Pistoles et j’ai encore une de mes tantes qui vit dans la maison dans laquelle je suis née.»

La disparition des villages?

Carmen Belzile dit que des statistiques publiées dans les médias au sujet de prévisions assez pessimistes pour plusieurs régions du Québec, au cours des prochaines décennies, l’ont incitée à écrire.

«On annonçait qu’une cinquantaine de municipalités disparaîtraient d’ici 2050, et Trois-Pistoles était là-dedans. Moi, je me suis offusquée: c’était ma ville natale.»

«J’ai dit: voyons donc, je vais écrire une histoire là-dessus. Et le monsieur qui avait publié une lettre ouverte réagissait à ce pronostic-là, en disant que ça prend plus que des chiffres sur le revenu qui baisse et la population qui vieillit. Il parlait de vitalité, et c’est ça que j’ai voulu développer.»

Changer les choses

À travers l’histoire d’Amélie, Carmen Belzile montre bien à quel point des citoyens bien motivés, qui travaillent avec cœur, ont le pouvoir de faire changer les choses.

«J’ai écrit cette histoire pendant la pandémie et j’ai rencontré l’auteur de la lettre ouverte, Bernard Vachon. Il m’a dit qu’il y a une volonté de retour en région et de revitaliser les régions. Une lectrice m’a dit: j’ai lu ton livre et ça me donne le goût de me trouver un village!»

Un village en héritage

Carmen Belzile

Saint-Jean Éditeur

380 pages

• Carmen Belzile est retraitée d’une carrière en travail social.
• Elle est originaire de Trois-Pistoles et vit à Québec.
• Elle a publié La maison aux lilas, Comme l’envol des oies, Le secret des vagues, Même les cactus fleurissent et Les chemins de Hauterive.

«Amélie se sentait beaucoup plus légère. Maud et l’esprit du shack lui faisaient toujours du bien. Tout en façonnant la pâte, en y ajoutant sauce tomate, olives noires, artichauts, et un équilibre de mozzarella, de feta et de bleu, elle s’imaginait construire un nid dans la maison où logeaient ses beaux souvenirs d’enfance. Vivre là-bas, organiser sa vie à son rythme, accordée à ses valeurs. C’est la seule façon de vivre heureuse, car c’est seulement dans le bonheur qu’on peut engranger de merveilleux souvenirs.»

- Carmen Belzile, Un village en héritage, Saint-Jean Éditeur

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