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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

L'album «Je marche dans ma vie»: Éric Lapointe raconte les histoires derrière ses nouvelles chansons

Photo d'archives, Simon Clark
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Alexandre Caputo

2023-09-12T23:00:00Z
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En entrevue exclusive avec Le Journal, Éric Lapointe s’est ouvert sur son processus de création et sur les histoires derrière les titres de son nouvel album, Je marche dans ma vie.

Passage à la cinquantaine, enfants qui deviennent adolescents, pandémie mondiale et démêlés avec la justice; Je marche dans ma vie, paru le 8 septembre et qui se classe présentement au deuxième rang du palmarès canadien iTunes, aura permis à Éric Lapointe de réfléchir et de faire le point, tant sur sa vie que sur sa carrière. 

Je marche dans ma vie

Le 16e opus de la vedette rock québécoise débute avec un monologue de quatre minutes et demie, habillé par une subtile mélodie; un titre qui fait drôlement penser à Dehors novembre, des Colocs. 

Pour Je marche dans ma vie, c'était la première fois qu’un premier jet de texte d’Éric Lapointe se retrouvait intégralement sur l’album, sans avoir été modifié. 

«Je sortais du bar d’un de mes amis, aux petites heures, en plein mois de février, il faisait frette, il mouillait, et j’avais une quarantaine de minutes à marcher pour revenir chez moi», raconte Lapointe. «Je me suis mis à écrire quand je marchais, j’envoyais mon texte à Judith [Bérard] au fur et à mesure; une chance parce que je l’aurais oublié sinon», poursuit-il. 

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Après avoir vu le potentiel du texte, Judith, la conjointe de Lapointe à ce moment, l’a fait réciter et enregistrer par son ami Benoît Rousseau, qui fait entre autres les doublages québécois de Nicolas Cage et Dwayne Johnson, pour ensuite en présenter la maquette en cadeau au chanteur. 

«Quand j’ai enregistré le texte, je me suis inspiré de la façon dont Benoît l’avait récité en premier lieu; ça a vraiment donné quelque chose de le fun, je trouve», se réjouit Lapointe. 

Bête à nourrir

Sans doute le titre qui déménage le plus parmi les 12 proposés sur le projet. Même s’il admet que la conclusion facile à tirer de ce morceau est qu’il combat encore son alcoolisme, Lapointe soutient que cette chanson a un sens beaucoup plus large. 

«Je suis un excessif; c’est ça, ma bête à nourrir», mentionne le chanteur. «Ça peut être la boisson, les femmes, le luxe, la drogue [...], même quand je conduis ou quand je boxe», enchaîne-t-il, en spécifiant que la musique et les spectacles lui permettent de «gaver cette bête-là».

«Comme beaucoup d’artistes, j’ai un besoin viscéral d’être aimé; peut-être parce que je ne m'aime pas moi-même, mais c’est une bête que j’ai à nourrir aussi.»

Marée basse

Pour ce morceau, l’interprète de Terre promise s’est permis d’aller piger dans le répertoire de son ami Jean-Pierre Ferland. Sur À marée basse, paru en 1966, Ferland s’adressait originalement à son chien, loyal dans les hauts comme dans les bas. 

C’est en prenant un bain de nostalgie, après l’hospitalisation de Jean-Pierre Ferland, en début d’année, que Ti-Cuir a redécouvert ce classique et décidé de le reprendre à sa sauce. 

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«Quand ça va bien, t’es le clou de la soirée; le champagne, les femmes, tout le monde est après toi, le téléphone ne dérougit pas», songe Éric Lapointe, en repensant aux nombreux succès de sa carrière. 

«Après ça [quand ça va mal] le monde te fuit comme la peste, on dirait que j’étais radioactif», se souvient-il. Ressassant ses déboires des dernières années, tout en exprimant sa compréhension de la situation, il dit: «Je comprends très bien, tout le monde doit protéger ses acquis aussi.»

Lapointe se réjouit de dire que les dernières années de sa vie lui ont servi à faire le tri entre ses connaissances et ses vrais amis. 

Tu vas me détruire

«Quand on dit que le classique et le rock se mélangent bien, c’est ça», note Éric Lapointe avec enthousiasme, pour parler de cette reprise de 1995 de l’opéra Notre-Dame de Paris. «C’est la chanson qui m’a marqué le plus quand j’ai entendu l’opéra pour la première fois.»

Le montréalais raconte que lui et son partenaire de toujours, Stéphane Dufour, ont tout de suite pensé à une mélodie style Metallica pour reprendre ce classique. 

«Le texte est incroyable, j’ai du plaisir à la faire [la chanson], et Stéphane était exactement sur la même longueur d’onde», explique le chanteur-compositeur-interprète. 

Dernier whisky

C’est une soirée des plus banales qui aura inspiré Lapointe à écrire la fin heureuse de La Bartendresse, presque 20 ans plus tard. En se promenant sur Grande Allée, la rockstar s’est laissé attirer par la voix d’un chansonnier. 

«C’était triste comme scène; le gars chantait pour des chaises vides et deux clients qui fixaient le mur du bar», se souvient-il. 

Lapointe a donc décidé de monter sur scène pour jouer avec l’interprète, du nom de Guillaume Cyr. 

«Une demi-heure après, le bar était rempli et finalement on a joué jusqu’à la fermeture», raconte-t-il. «À la fermeture, Guillaume m’a joué une de ses pièces, qui m’est restée dans la tête, donc je suis revenu chez nous, je l’ai travaillée et j’ai dit à Guillaume que j’allais lui voler», plaisante-t-il, en assurant que Guillaume Cyr a des droits d’auteur sur cette chanson. 

«C’est après l’avoir finie que je me suis dit: c’est la suite de Bartendresse, ça.»

Cyr était d’ailleurs présent lors du spectacle de lancement de l’album au Capitole, le 9 septembre, et Lapointe n’a pas manqué de lui lancer des fleurs avant d’interpréter Dernier whisky

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