«J’aurais voulu avoir une famille comme celle de mes voisins en banlieue de Québec.»

Louise Deschâtelets
J’aurais voulu avoir une famille comme celle de mes voisins en banlieue de Québec. Malheureusement, ce n’était pas le cas. Rendue à 80 ans, je me permets d’avouer que c’est juste à partir de l’âge adulte, quand j’avais moi-même ma famille, que j’ai commencé à m’affranchir un peu de mon noyau familial originel et cessé de me rendre malade avec ça.
Mes parents n’étaient pas mauvais à la base, mais leur façon de voir la religion était tellement rigide, qu’il était impossible de faire entrer la fantaisie chez nous. Ce qui a poussé ma sœur à se révolter et mon frère à fuir. Mais moi, toujours collée au noyau, j’ai enduré la tyrannie de ma mère et la sévérité de mon père.
Aujourd’hui décédé, mon mari a tout essayé pour me convaincre de ne pas me laisser faire, mais je ne l’ai jamais écouté tellement j’avais peur de mettre une distance entre mes parents et moi. Je me sentais responsable de maintenir le lien entre tout le monde, alors que les deux autres s’en sacraient comme de l’an 40.
Aujourd’hui je m’en veux d’avoir imposé ça à mes enfants qui parlent de leurs grands-parents comme d’un pensum dans leur existence de jeunes qui se faisaient ch..r chaque fois qu’on les voyait.
Une mère qui réfléchit trop tard
Il n’est jamais trop tard pour réfléchir, bien qu’il le soit parfois pour agir, puisque le délai est dépassé. Mais il est clair que décider d’espacer ou même de rompre avec sa famille soit une des décisions les plus difficiles à prendre. C’est en son sein qu’on ancre nos racines dès le jeune âge, et même si certains de ses us et coutumes ne font pas notre affaire, les quitter devient surhumain pour plusieurs. Rappelez-vous du bon que ça a eu, et faites de votre mieux pour oublier le reste