«J’aurais pu mourir»: son médecin oublie de lui dire qu’il a un cancer

Un homme dans la soixantaine a appris qu’il avait un cancer du foie seulement sept mois après avoir passé un examen parce que son médecin avait oublié de lui transmettre les résultats après la fermeture abrupte de sa clinique privée.

Luc Audet ne décolère pas contre le D^r Adam Hofmann qu’il a rencontré à la clinique Preventia de Saint-Jérôme.  

«J’ai été chanceux que ça ne dégénère pas. J’aurais pu mourir durant ce sept mois-là», tonne l’homme qui a accepté de raconter son histoire dans le cadre de l'émission J.E qui sera diffusé ce soir à 20h à TVA. 

Il est l’un des nombreux patients qui se sont retrouvés sans suivi après la fermeture de la clinique Preventia, mais aussi des cliniques Algomed, toutes reliées au D^r Hofmann, un médecin spécialiste en médecine interne (voir autre texte). 

Clinique fermée 

En mai 2021, le D^r Hoffman, lui a fait passer un examen d’imagerie par résonance magnétique (IRM) après avoir identifié un nodule sur le foie. 

Dans les semaines suivantes, le D^r Hofmann a toutefois mis la clé dans la porte de sa clinique sans que son patient n’en soit informé. Or, l’examen avait révélé la présence d’un carcinome hépatique. 

Luc Audet a bien tenté de connaître ses résultats en se rendant à l’adresse de la clinique, mais c’est une nouvelle équipe qui est en place.  

«La secrétaire m’a dit: “On va vous rappeler.” Je n’ai jamais eu de nouvelles», raconte le résidant de Saint-Calixte, dans Lanaudière.  

Une série d’erreurs

• 17 mai 2021: Le D^r Hofmann demande une imagerie par résonance magnétique (IRM) 
• Début juin 2021: Le médecin met la clé dans la porte de la clinique Preventia 
• 28 juin 2021: L’IRM révèle la présence d’un cancer 
• Décembre 2021: La médecin de famille de Luc Audet lui révèle les résultats de l’examen de juin 
• 28 mars 2023: Le D^r Hofmann envoie une lettre d’excuses 
• 30 mars 2023: Le Collège des médecins conclut à un manquement du médecin 

Ce n’est qu’en décembre 2021 que sa belle-sœur lui a fait remarquer qu’il avait le front jaune. Comme il ne se sentait pas bien, il a consulté sa médecin de famille. Cette dernière lui a révélé les résultats de l’examen et a demandé une prise en charge urgente. 

L’annonce du cancer lui est tombé dessus comme une brique.  

«Je suis sorti de là et j’étais en crisse. J’étais en maudit de ne pas avoir été avisé», dit-il, en précisant que c’était la responsabilité du D^r Hofmann de faire le suivi. 

Rapidement, il a été dirigé vers le Centre hospitalier de l’Université de Montréal.  

«Je pensais que j’étais mort. J’ai dit: ça y est, c’est fini. J’ai fait mon testament pendant mes rendez-vous au CHUM», raconte-t-il. 

Opération 

Deux ans plus tard, il est toujours en traitement et la tumeur a progressé au point de nécessiter une intervention chirurgicale au début de janvier. Le sexagénaire estime avoir perdu sept mois de combat contre la maladie. 

Dans le mois suivant son diagnostic, il a porté plainte au Collège des médecins. Ce n’est qu’après avoir été contacté par l’enquêteuse du Collège que le D^r Hofmann a pris connaissance des résultats de l’examen.  

Lors de son interrogatoire, le D^r Hofmann a expliqué que le départ de plusieurs membres du personnel et le contexte de la COVID-19 pouvaient expliquer son oubli. 

L’enquête a conclu à un manquement dans la conduite du médecin. 

«Malheureusement, la clinique est devenue complètement dysfonctionnelle à peu près à cette époque en raison du manque de personnel, ce qui explique que vous n’avez pas eu de rendez-vous», écrit-il dans une lettre d’excuses envoyée à son patient. 

Le D^r Hofmann s’en est tiré avec une lettre à son dossier, au grand dam de son patient qui dénonce également la lenteur du processus.   

Le D^r Hofmann et le Collège des médecins ont refusé de commenter à ce sujet.