Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Éducation

«Jamais je ne m’étais fait engueuler comme ça»: climat toxique dans une école de Sherbrooke en lien avec un prof qui pétait des coches

Des enseignants dénoncent la gestion douteuse des agressions verbales dans leur département

L'école secondaire internationale du Phare, à Sherbrooke, en Estrie.
L'école secondaire internationale du Phare, à Sherbrooke, en Estrie. Photo Dominique Scali
Partager
Photo portrait de Dominique  Scali

Dominique Scali

2025-05-20T04:00:00Z
Partager

Un enseignant impulsif d’une école de Sherbrooke a pu «péter des coches» et crier après ses collègues pendant des années malgré les dénonciations, un cas illustrant à quel point les milieux scolaires partent de loin pour enrayer l’intimidation.

«Jamais de ma vie je ne m’étais fait engueuler comme ça», raconte une personne faisant partie du corps enseignant de l’école secondaire internationale du Phare, à Sherbrooke.

Jusqu’à récemment, un enseignant du département d’univers social avait l’habitude de crier après certains de ses collègues, de claquer des portes ou de gesticuler de façon agressive lorsqu’il était contrarié.

«Un élève est déjà venu me voir pour me demander si j’étais okay» après une interaction avec lui, raconte une autre personne de la même équipe.

Plusieurs ont rapporté avoir déjà eu peur pour leur intégrité psychologique et physique lors d’un de ses «pétages de coches».

Pour eux, la façon dont ces agressions verbales ont été gérées par la direction est un exemple de la banalisation de l’intimidation entre adultes dans les écoles, un phénomène appuyé par de nombreux témoignages.

Climat toxique ou violence?

Depuis l’hiver 2024, le département d’univers social (histoire, géographie et éducation à la citoyenneté) fait l’objet d’une «démarche d’amélioration du climat».

Publicité

Le Journal a obtenu des documents en lien avec ce processus par demande d’accès à l’information ainsi que d’autres documents de divers formats et de diverses sources.

Une «démarche d'amélioration du climat» est en cours au département d'univers social, où un enseignant a pu crier après ses collègues pendant des années.
Une «démarche d'amélioration du climat» est en cours au département d'univers social, où un enseignant a pu crier après ses collègues pendant des années. Photo Dominique Scali

Le 25 mars 2024, un psychologue du travail a présenté les résultats de son rapport-diagnostic devant l’équipe.

Au cours de l’enquête, huit personnes sur les dix du département avaient mentionné les «comportements inacceptables» de l’enseignant impulsif comme «obstacle au climat». Il s’agissait du sujet le plus prépondérant.

Selon plusieurs témoignages et documents consultés, plusieurs personnes ont alors affirmé être étonnées de l’absence du mot «violence» dans le rapport et elles y voyaient une façon de «tourner autour du pot».

Le psychologue a fini par admettre au cours de la rencontre que le mot devait être ajouté au rapport. Le mot «violence» n’apparaît pourtant nulle part dans le rapport obtenu par Le Journal.

Récidives

Un mois plus tard, un atelier a eu lieu durant lequel les membres pouvaient énumérer les comportements qu’ils trouvaient dérangeants, y compris ceux qui n’avaient rien à voir avec de l’agressivité.

«On est sortis de là fâchés. On trouvait ça déplacé et absurde», raconte une personne qui y a assisté.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Plusieurs récidives de la part de l’enseignant ont ensuite été rapportées l’automne dernier.

Les trois personnes qui se sont confiées au Journal ont l’impression que la «démarche d’amélioration du climat» vise à enterrer le vrai problème, c’est-à-dire la violence qui a été tolérée trop longtemps et la gestion douteuse de plusieurs membres de la direction, qui alimenteraient les tensions.

L’enseignant impulsif n’est plus présent à l’école du Phare depuis la fin janvier. La confidentialité du dossier des employés nous empêche d’en connaître la raison.

Dynamique globale

De son côté, le Centre de services scolaire de la Région-de-Sherbrooke indique par courriel que «la grande majorité [des employés] adhèrent à la démarche et observent l’amélioration des relations».

«Les difficultés ne reposent pas sur les comportements d’un seul individu. Il s’agit d’une dynamique globale d’équipe», assure Donald Landry du service des communications.

Les enseignants interrogés ont gardé l’anonymat afin d’éviter les représailles de leur employeur.

Votre témoignage m'intéresse

Vous avez des informations à propos d'une histoire en éducation ?

Écrivez-moi à l'adresse

Publicité
Publicité